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IL FAUT LE DIRE : Finissons avec ces reboisements figuratifs !

Publié le mercredi 25 juillet 2012 à 00h00min

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Comme chaque année, le gouvernement a donné le ton des reboisements à travers le pays, pour « reverdir le Burkina Faso ». Le Premier ministre, Luc Adolphe Tiao a lancé l’opération 1000 plants par ministère et par institution, le 21 juillet 2012 à Loumbila. L’initiative combien louable dans un pays sahélien, est un exemple que bien de ministères, d’institutions, d’ONG et surtout d’associations de lutte contre la désertification et de protection de l’environnement vont emboîter. Cette volonté est d’autant plus salutaire qu’il est bien connu que « celui qui plante un arbre avant de mourir n’a pas vécu inutile ». A quelques jours donc du mois d’août, la saison des pluies s’est installée en campagne comme en ville, avec une pluviométrie jusque-là satisfaisante.

C’est donc le moment idéal pour les uns et les autres de mettre sous terre des centaines, voire des milliers de plans. Tout compte fait ces dernières années, ils sont souvent deux, trois ou cent, ces « amis de la nature, soucieux d’un Burkina vert », à se préoccuper constamment des lendemains du pays face à la pression anthropique sur l’environnement. Les changements climatiques, avec leurs corollaires d’inondations (1er septembre 2009), de chaleur et de rareté des pluies y sont pour quelque chose.

Au-delà des acquis à la cause du rétablissement du couvert végétal, chacun doit s’offrir cet orgueil d’avoir vécu utile. Mais, si cette prise de conscience est devenue de plus en plus palpable avec ces nombreuses campagnes et opérations de reforestation, la survie des plants est cependant une autre paire de manche. En plantant les arbres de son bosquet de 1500 plants, le « Bosquet de l’amitié et de la coopération » à Bingo dans le Centre-Ouest, le 23 juillet dernier, le ministère des Affaires étrangères et de la Coopération régionale donnait ainsi le ton. Pour leur entretien, le ministre délégué Vincent Zakané a confié qu’il ne suffit pas de réaliser un bosquet, mais qu’il faut l’entretenir. « Nous avons prévu un appui financier et technique à la commune pour lui permettre d’entamer les premiers entretiens », a-t-il ajouté.

En effet, la question qui se pose est de savoir si de toutes les campagnes de reboisement passées, 10% seulement de plants mis en terre ont pu survivre. Assurément, ils sont nombreux et même très nombreux, à planter des arbres sur un terrain, de surcroît en compagnie des agents de l’environnement, et ce n’est que la saison prochaine qu’ils reviennent sur leurs pas pour reboiser de nouveau. Les plants sont ainsi laissés à eux-mêmes, et rares sont ceux qui auront résisté à l’adversité, c’est-à-dire aux animaux en divagation et au manque d’eau pendant la saison sèche, et qui pourront atteindre la saison suivante.

Tant pis ! L’essentiel c’est que les campagnes de reboisement aient été vues à la télé ou sur une page pleine de journaux. Est-ce pour se donner bonne conscience ? D’ailleurs, si c’est pour les besoins de la cause, pourquoi faire du tapage, du bruit autour d’un reboisement, si les plus hautes autorités de ce pays l’ont déjà fait pour inciter les populations à planter ? Le mieux ne serait-il pas de s’acheter des grilles de protection des plants et d’assurer leur entretien, même pendant la saison sèche ? On aurait alors fait œuvre utile. Il vaut mieux planter chaque année 100 arbres qui vivront plutôt que d’en planter 1000 et de se retrouver seulement avec 10 qui aient survécu. Si chacun a le droit de se « taper de la pub » et accorde du crédit à la visibilité à ses activités, le mieux serait le souci du vrai reboisement.

C’est donc bien de reboiser, mais c’est encore mieux de protéger les arbustes mis en terre. C’est de cela qu’a besoin le Burkina Faso.

Jean-Marie TOE (jmt16j@yahoo.fr )

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 25 juillet 2012 à 06:56 En réponse à : IL FAUT LE DIRE : Finissons avec ces reboisements figuratifs !

    en effet, il faut que le département en charge de l’environnement porte au grand jour les mécanismes pour assurer l’entretien de ces milliers d’arbres que nous plantons périodiquement depuis les années 1985 dans notre cher faso

  • Le 25 juillet 2012 à 12:14 En réponse à : IL FAUT LE DIRE : Finissons avec ces reboisements figuratifs !

    moi je propose qu’on crée des emplois c’est à dire récruter des gens qui s’occuperont de l’entretien de ses plantes au lieu de les laisser elles meme dans la nature.si de telles mésures ne sont pas prises les réboisements seront toujours des occasions pour les autorités et les hommes politiques de se faire voir à la télé.

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