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Soutenance de thèse de Doctorat : Les contes et légendes, les devises et proverbes moose décortiqués au Maroc par Patrice KOURAOGO.

Publié le lundi 23 juillet 2012 à 00h22min

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Le mercredi 18 juillet 2012, dans une salle de la Faculté des sciences de l’éducation de l’Université Mohammed V/ Souissi de Rabat, Patrice KOURAOGO, Attaché Culturel auprès de l’Ambassade du Burkina Faso à Rabat, dans le cadre de la soutenance de sa thèse, a passé au crible, les contes et légendes, les devises et proverbes moose. Le thème de sa thèse était axé sur « Patrimoines culturels oraux et développement au Burkina Faso : analyse socioculturelle des contes et légendes, des proverbes et devises moose ».

Dans l’exposé des résultats de sa recherche dont l’étude du terrain a eu lieu dans 3 provinces (Oubritenga, Kaya et Boulsa) du Burkina, l’impétrant dira que cette étude est partie de la conviction qu’il y a un lien intime entre culture et développement et que les exigences de celui-ci en appellent à une reconsidération des atouts du patrimoine immatériel. Cette recherche a été menée avec brio pendant quatre ans et a exploré la portée éducative et le pouvoir de persuasion du patrimoine culturel immatériel des Moose du Burkina Faso, composé de contes et légendes, de proverbes et devises traditionnels.

Ses interrogations et ses questions de recherche ont permis de situer les enjeux du progrès et les chances qu’un pays peut avoir dans le processus de son développement, lorsqu’il accepte de prendre en compte ses atouts traditionnels et culturels. L’hypothèse principale affirme que les contes et légendes, les proverbes et devises constituent des schèmes mentaux et langagiers de l’identité des individus (Moose). Ils contribuent ainsi au développement par le biais des multiples fonctions sociales, éducatives, pédagogiques, politiques qu’ils remplissent.

L’objectif général consiste à analyser le rôle des contes et proverbes, des légendes et devises moose dans la stabilité sociale, dans l’éducation, dans le renforcement de l’identité culturelle et dans le développement du Burkina Faso, a été atteint, pour plusieurs raisons :
Il ressort que ces canaux culturels d’éducation moaaga se transmettent dans des conditions sociales bien particulières et très significatives. Ces patrimoines sont donc des faits « contextualisés » qui servent à faire passer des messages typiques ou divers à des groupes sociaux définis, pour des buts clairement ciblés. De ce fait, ils contribuent au renforcement de la cohésion sociale et inter communautaire.

Ils sont, par ailleurs porteurs de repères culturels, transmetteurs de valeurs, révélateurs de mœurs et de mentalités des générations successives.

Aussi, ces canaux présentent-ils d’énormes potentialités de tous ordres qui justifient leur pérennisation dans la société moaaga.
De nos jours, le rôle de ce patrimoine demeure efficace dans les dimensions du
développement. Les résultats de l’analyse montrent bien que les éléments du patrimoine oral moaaga étudiés peuvent servir d’outils à l’éducation et à la prise de conscience sur des questions essentielles concernant l’environnement, la santé, la paix, l’intégration et l’économie. Pour que les Moose et peut-être tous les burkinabé se les approprient de nos jours, les médias, les technologies de l’information et de la communication(TIC), les industries culturelles, l’enseignement et la publication sont les meilleures voies ou stratégies à exploiter. Ces cadres assureront la revalorisation du patrimoine culturel oral, garantiront leur impact et utilité dans le développement de la Nation burkinabé.

En dépoussiérant et en permettant de s’interroger ou de déconstruire les bases traditionnelles, ces patrimoines se posent en transmetteurs des traits caractéristiques de l’identité moaaga.

Pour y arriver, une synergie doit être établie entre les différents acteurs et partenaires de la promotion du patrimoine oral dans l’objectif de maximiser les leviers de sa protection. Enfin, toutes les initiatives de recherche scientifique sur les faits culturels doivent être soutenues et encouragées car elles contribuent d’une manière ou d’une autre à révéler les richesses traditionnelles des sociétés.
Comme l’avait si bien noté Ki-Zerbo, « Il y a dans les cultures une vertu vitale qui fait que, même mille ans après, on peut retrouver des éléments encore exploitables pour la vie des individus et des collectivités ».

Le jury était présidé par le Doyen de la Faculté Pr Abdesslam EL OUAZZANI et était composé de 3 juges (Pr DOUIDER Samira, Pr Abdeljali EL HAJRAOUI, El Ajlaoui MOUSSAOUI,) et de 2 encadreurs dont un marocain (Pr CHEGRAOUI Khalid, Directeur de thèse) et un burkinabé en la personne du Pr Alain Joseph SISSAO (co-directeur de thèse et Maitre de recherche à l’INSS/CNRST). Après avoir écouté l’impétrant défendre son travail et répondre aux questions, le jury a jugé très favorablement le travail. C’est ainsi qu’il a décerné à l’unanimité la mention très honorable et a déclaré Patrice KOURAOGO digne du grade de Docteur en Etudes Africaines, Espaces et civilisations( option sociologie). Le public composé de collègues, d’étudiants et amis en fin de soutenance, a partagé un cocktail fait de mets burkinabé dans une ambiance conviviale.

Pr Alain Joseph SISSAO
Maitre de recherche à l’INSS/CNRST

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