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CHRISTIAN BERNARD, PRÉSIDENT INTERNATIONAL DE L’ORDRE DE LA ROSE-CROIX : « Parler de paradis et d’enfer, c’est maintenir des gens dans une certaine illusion du bien et du mal »

Publié le mardi 17 juillet 2012 à 23h02min

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Ancien et mystique Ordre de la Rose-Croix (AMORC). Une organisation qui fait peur du fait des secrets qui l’entourent. Est-ce une religion  ? Une secte  ? Quelle est la philosophie du mouvement  ? Les Rosicruciens croient-ils en Dieu  ? Ont-ils la même conception que le commun des mortels sur le paradis et l’enfer  ? Telles sont, entre autres, de grandes questions auxquelles répond, l’Imperator, ou si vous voulez, le président international de l’Ordre, le Français Christian Bernard, dans cette interview réalisée, le 13 juillet 2012 à Ouagadougou, lors de son séjour de 72 heures, pour une rencontre régionale avec les membres de sa communauté.

Sidwaya (S.) : Concrètement, qu’est-ce que l’Ordre de la Rose-Croix ?

Christian Bernard (C. B.) : Notre Ordre est une organisation philosophique, initiatique et traditionnelle. Il est non religieux et non sectaire. Il s’étend sur toute la surface de la terre. Comme dans toute organisation, dans l’histoire de notre Ordre, il y a une partie de la tradition, une partie orale, et une partie légendaire. Les origines de notre Ordre remontent donc au règne du Pharaon Thoutmosis III et aux mystères de l’ancienne Egypte. Si nous essayons de nous rapporter à des faits beaucoup plus concrets, on atteste la présence effective de l’Ordre de la Rose-Croix aux alentours du moyen âge où on retrouve des textes se référant directement à l’Ordre. Notre organisation était présente en Europe, principalement à cette époque là. Et l’Ordre s’est, par la suite, étendu à travers le monde. C’est le docteur Harvey Spencer Lewis qui, de fait, a réveillé l’Ordre de la Rose-Croix en 1909.

S. : Qu’a-t-il fait au juste ?

C. B. : Il a fait une rencontre qui lui a permis de découvrir, en détail, les Rosicruciens. En effet, en 1909, Harvey Spencer Lewis, ésotériste américain qui s’intéressait depuis plusieurs années au Rosicrucianisme, se rendit à Toulouse pour rencontrer les Rose-Croix de France, où l’Ordre était pratiquement en sommeil. Ils l’initièrent et lui confièrent pour mission de le réactiver aux Etats-Unis, afin de pouvoir le réintroduire en Europe lorsque les circonstances seraient plus favorables (le spectre de la première guerre mondiale se profilait déjà). Harvey Spencer Lewis s’acquitta de cette mission et donna à l’Ordre, le nom d’« Antiquus Mysticus Ordo Rosae Crucis » (Ancien et mystique Ordre de la Rose-Croix), afin de mettre en évidence ses origines historiques et traditionnelles. Après la deuxième Guerre mondiale, l’AMORC rayonna progressivement dans le monde entier.

S. : Vous qui êtes le président international de la Rose-Croix, comment le mouvement est-il organisé ?

C. B. : Notre organisation est divisée par juridiction de langues parlées. Ainsi, vous avez la juridiction de langue française, anglaise, espagnole, allemande, etc. Et à la tête de chacune de ces juridictions, il y a un Grand Maître. Celui-ci dirige la Grande Loge de la juridiction concernée, c’est-à-dire les activités de l’Ordre dans une langue parlée. Ensuite, vient la Grande Loge Suprême qui regroupe l’ensemble de toutes les Grandes Loges du monde. L’ensemble des Grands Maîtres élisent une personne qu’on appelle Imperator. Disons que c’est un titre symbolique. Je suis donc l’Imperator de l’Ordre. Dans un langage commun, je suis le président de l’Ordre au plan international.

S. : Pourquoi êtes-vous au Burkina Faso ?

C. B.? : Je suis au Burkina Faso à l’invitation du représentant local de l’Ordre de la Rose-Croix, M. Youssef Husseini. C’est une visite que je fais bien volontiers. Cela fait maintenant dix ans que je n’étais pas venu au Burkina. Avant d’être Imperator de la Rose-Croix, j’étais Grand Maître pour tous les pays de langue française. J’avais donc un lien tout à fait particulier avec beaucoup de pays francophones de l’Afrique, dont le Burkina Faso.

S. : Combien de Rosicruciens dénombre-t-on au Burkina Faso ?

C. B. : On compte environ 400 Rosicruciens au Burkina Faso. Un nombre très acceptable du fait des conditions économiques en Afrique.

S. : Ces dernières années, la Rose-Croix multiplie des actions aux Burkina Faso. Que se cache-t-il derrière tout cela ?

C.B. : Cela se fait parce qu’il est plus facile pour un dirigeant de se déplacer qu’aux membres de le faire. Quand les conditions économiques étaient meilleures, nos membres d’Afrique se déplaçaient très fréquemment pour se rendre en France, à l’occasion de manifestations très importantes. Nous allons avoir plus de 500 membres qui vont se réunir ici, à Ouagadougou, du 13 au 14 juillet 2012, pour une rencontre. Les délégations viennent du Togo, de la Côte d’Ivoire, du Mali, du Bénin, etc.

S. : L’on sent qu’il y a beaucoup plus de Rosicruciens dans les pays côtiers que ceux sahéliens comme le Burkina. Est-ce une campagne pour inverser la tendance ?

C. B.? : Non et non ? ! Nous n’avons pas besoin de campagne pour recruter des gens. Nous n’essayons pas de vulgariser la pensée de la Rose-Croix. Nous voulons simplement affirmer ce que nous sommes réellement et faire connaître notre cheminement. Sur ce plan, nous avons fait une campagne d’information. Vous soulignez vous-même que les pays voisins ont un nombre de membres beaucoup plus important, c’est vrai, trois à quatre fois plus important qu’au Burkina. C’est peut-être un départ qui est déclenché, pour avoir un nombre de membres plus important au Burkina Faso.

S. : De quoi traitent les enseignements rosicruciens ?

C. B. : Je ne vais pas rentrer dans les détails des enseignements rosicruciens. Pour cela, il faut devenir membre (rires). Mais retenez que le Rosicrucien est un point vivant d’interrogations. Il se pose de grandes questions comme : qu’est-ce que je suis venu faire sur terre ? Quelle est ma mission sur la terre ? Les réponses à ces questions sont individuelles et non collectives. Un Rosicrucien s’intéresse aussi à des faits comme la télékinésie (NDLR : technique qui permet de faire bouger les objets à distance par la pensée), la transmission de la pensée, l’influence des couleurs sur les individus… C’est un cheminement individuel très long et accapare beaucoup le chercheur. En plus, notre Ordre accorde une importance à la lutte contre l’ignorance, l’obscurantisme et la superstition. C’est un travail très important à accomplir, notamment en Afrique.

S. : Quelle est votre philosophie ?

C. B. : C’est une philosophie fondée sur la découverte de soi-même. Il s’agit d’apprendre à mieux se connaître pour mieux connaître les autres, surtout être à l’écoute de soi-même et bien sûr de ceux qui sont autour de nous. Je dirai que la philosophie rosicrucienne est un art de vivre. On vous apprend à apprécier la nature des choses, les gens qui vous entourent avec des notions totalement différentes de ce que l’on peut voir du côté de la religion. C’est cela la différence entre une Eglise et un Ordre comme le nôtre. L’Eglise fonctionne davantage avec des dogmes. On vous demande de croire, d’accepter certaines choses sans les discuter. Alors qu’une organisation comme la nôtre est une voie de connaissance. Rien ne vous est imposé. Vous avez des gens qui viennent d’horizons totalement différents. On a des catholiques, des musulmans, etc. Mais cela ne pose aucun problème, tant au niveau de la démarche particulière que du groupe. Et ça, vous le retrouverez rarement dans d’autres organisations ou dans certaines religions. Nous ne montons pas les gens, les uns contre les autres, nous les rassemblons.

S. : La position de l’AMORC sur la réincarnation ?

C. B. : Nous sommes une voie de la connaissance. Apprendre à se connaître soi-même pour mieux connaître les autres. Vous connaissez le fameux adage qui dit « connais-toi, toi-même et tu connaîtras les dieux ». Si vous me parlez de la philosophie de l’Ordre, nous acceptons bien sûr la loi de la réincarnation. Nous pensons que la loi de la réincarnation est quelque chose que l’on ressent fortement et intensément. Mais il y a certains Rosicruciens qui ne l’acceptent pas. C’est pour cela que nous ne fonctionnons pas comme les religions. Chez nous, on dit à chacun d’expérimenter et de faire l’expérience soi-même.

S. : Cela ne donne-t-il pas raison à ceux qui pensent que l’AMORC est une secte ?

C. B.? : Ceux qui pensent ainsi sont mal intentionnés ou mal informés. Vous savez d’où vient le mot secte. Il vient du mot « sectare », c’est-à-dire se couper de la société, en général. Autrement dit, s’éloigner de la société. Notre Ordre ne se coupe pas de la société. Il n’y a aucun « gourou » ou « maître à penser » dans notre Ordre. Il y a juste des personnes responsables qui ont une notion de service. Et si ces personnes venaient à disparaître, l’organisation ne s’arrête pas, elle continue. Notre Ordre l’a bien prouvé à travers le temps et à travers ses dirigeants !

S. : Malgré tout, d’aucuns pensent que les Rosicruciens procèdent à des sacrifices humains ? et boivent du sang humain !

C. B.? : Soyons sérieux ? ! S’il y avait le moindre doute à ce sujet, croyez-vous que notre organisation existerait partout à travers le monde ? ? Vous croyez que notre organisation serait respectée à travers le monde, avec des hommes et des femmes venant de tous les horizons socioculturels ? Non ! Je pense qu’il y a certaines personnes qui ont intérêt à nous assimiler à ce genre de chose. Ils ont leurs raisons. Ils savent que les gens se posent davantage de questions. Ils veulent savoir davantage sur notre Ordre. Alors, avec les moyens modernes qui existent, ils se branchent sur Internet et ils regardent qui nous sommes, où nous sommes et à quels endroits nous sommes implantés. J’ai été au Brésil le mois dernier (juin), invité par le gouvernement brésilien pour livrer un discours au Sénat. Le discours portait sur l’écologie et la spiritualité. Pensez-vous que le Sénat brésilien aurait invité quelqu’un qui représente une secte à parler en public ? Non ? ! Et dans certains pays comme le Brésil, notre Ordre est reconnu d’utilité publique pour son action.

S. : Mais pourquoi certaines religions s’attaquent-elles ouvertement à l’Ordre de la Rose-Croix et aux Rosicruciens ?

C. B.? : On nous attaque parce que nous les dérangeons ! Nous les dérangeons parce que nous avons notre liberté de penser et on ne pourra pas nous la retirer. Il y a eu des attaques de certaines religions, mais cela se passe de moins en moins de nos jours. Chose bizarre, ces attaques se passent en Afrique, mais absolument pas ailleurs. Je vous le dis et cela est une constatation, ce n’est pas une critique de ma part, les religions sont en perte de vitesse et forcément, elles essaient de dénigrer les organisations qui peuvent apporter certaines réponses.

S. : Ne trouvez-vous pas que ces attaques s’expliquent par le fait qu’il y a tant de secrets et de mystères autour de votre Ordre ?

C. B. : Attendez, s’il y avait des secrets, seriez-vous là à me poser toutes ces questions ? (rires) Non ! Nous l’avons été à un moment, plus particulièrement à une époque reculée où nous étions en danger. Il fallait se mettre à l’abri des infiltrations religieuses ou politiques, à travers notre mouvement et/où à l’époque, argumenter sur certains faits qui n’étaient pas en accord avec la religion pouvait vous valoir le bûcher. Mais nous ne sommes plus à cette époque et nous expliquons ce que nous sommes. Je suis à Ouagadougou dans ce but. En tant que Rosicrucien, il n’y a pas de tabous.

S. : Qui peut devenir Rosicrucien et comment ?

C. B. : Peut devenir Rosicrucien celui qui aspire à apprendre à mieux se connaître et pouvoir répondre à certaines grandes questions qu’il se pose. Il peut demander au siège de la Grande Loge française, s’il dépend de la juridiction française, une brochure qu’on appelle la maîtrise de la vie. Il va l’étudier.
Dans cette brochure, il y a une demande d’affiliation qu’il faut renvoyer au siège avec une cotisation annuelle à payer. Je précise qu’il y a une version orale en Afrique, une cotisation minime qui est demandée pour permettre à ceux qui n’ont pas de moyens de pouvoir, eux aussi, adhérer à l’Ordre de la Rose-Croix. Une fois que vous accomplissez cette démarche, on statue sur votre affiliation qui est, la plupart du temps, acceptée.

S. : En quoi consiste l’initiation rosicrucienne ?

C. B. : L’initiation, chez nous, c’est le commencement d’une vie nouvelle. Une vie qui a des buts beaucoup plus élevés, puisqu’elle concerne la spiritualité, le mysticisme, apprendre à mieux se connaître. Et ça, c’est quelque chose de nouveau.

S. : Quel est l’intérêt d’être Rosicrucien ?

C. B. : Mais, demandez-le à un Rosicrucien ! (rires)

S. : Vous en êtes un !

C. B. : Ce n’est pas à moi de donner cette réponse. Je vais vous donner une réponse, je dirai, la mienne. Mais vous avez d’autres personnes, vous pouvez leur demander pourquoi ils sont Rosicruciens et qu’est-ce que cela leur a apporté. En ce qui me concerne, je dirai simplement que cela m’a ouvert des horizons différents, une compréhension et une approche des autres d’une façon beaucoup plus large. Cela m’a aussi appris à mieux me connaître, pour aller sur le sentier de l’évolution.

S. : L’on entend souvent parler d’alchimie spirituelle chez les Rosicruciens. En quoi cela consiste-t-il ?

C. B ? : Vous avez l’alchimie matérielle qui consiste à changer du plomb en or, par exemple. L’alchimie spirituelle s’adresse à des niveaux plus élevés de l’âme. Une transmutation du mal en bien, de quelque chose de négatif en positif, etc. Notre Ordre enseigne à être meilleur dans un monde que nous espérons meilleur.

S. : La vision de votre Ordre sur le paradis et l’enfer.

C. B.? : Je pense qu’ils se trouvent sur terre.

S. : Vous n’y croyez pas ?

C.B. : Non ! Je ne crois ni au paradis ni à l’enfer. Je pense que le paradis et l’enfer sont ici-bas. Croyez-vous en Dieu avec une grande barbe blanche ? (Rires). Si vous me parlez de forces positives et de forces négatives dans le monde, bien sûr que cela est indéniable. Mais de vous dire si vous commettez, par exemple, un péché et que vous allez vous retrouver en enfer, je pense que c’est maintenir des gens dans une certaine illusion du bien et du mal. Le mal et le bien se situent où ? Dans quelle tradition ? Votre tradition, ici, en Afrique ? Notre tradition, en Occident ? Celle en Orient ? Les choses sont totalement différentes d’un pays à un autre. Je ne crois donc pas à l’enfer avec Satan bardé de cornes et de l’autre côté, Dieu, avec une grande barbe blanche. Cela n’existe pas ! (Rires de l’Imperator et de l’assistance).

S. : Alors, tout est-il permis chez les Rosicruciens ?

C. B. : Non, tout n’est pas permis dans notre Ordre. Vous avez le bien et le mal, le positif et le négatif. On vous dit de rendre service à la société, d’être un élément-moteur pour votre société, d’apporter son soutien à celui qui en a besoin. Nous voulons un monde meilleur et nous devons rendre service à notre voisin. Vous me parlez de paradis et d’enfer, des choses abstraites ! Connaissez-vous le paradis et l’enfer ?pour pouvoir en parler ? (rires aux éclats). Ne croyez-vous pas que ce qui se passe en Syrie, pour ceux qui se font massacrer, le paradis et l’enfer sont là- bas ? Ne croyez-vous pas que pour ceux qui ont été victimes des génocides, c’était le paradis et l’enfer ? C’est pour cela que je vous dis que le paradis et l’enfer sont des montages sur terre et cela se vit à travers les différentes épreuves que vous devez traverser. Je pense qu’avant de vouloir s’occuper de ce qui se situe sur un plan supérieur, il faut s’occuper du quotidien, du paradis et de l’enfer de ce monde matériel, pour aider ceux qui nous sont proches et bien sûr, ceux qui le sont moins.

S. : La Rose-croix et la politique.

C. B. : La politique, nous n’en faisons pas. Je dirai que les hommes politiques ont une mission particulière à accomplir, mais malheureusement, ils ne l’accomplissent pas toujours très bien !

S. : Pourtant on dit que l’AMORC s’implique dans la politique de certains pays, notamment en Afrique.

C. B. : Je vais être très clair. Notre Ordre était présent en Afrique bien avant les indépendances. Il se trouve qu’il y a eu des hommes politiques qui étaient membres et qui ont eu des responsabilités à des niveaux les plus élevés de l’Etat. Mais nous, les Rosicruciens, nous ne donnons ni d’ordre ni de consignes pour diriger un pays, tel qu’il soit. Je pense qu’à partir du moment où vous-êtes un Rosicrucien sincère, où on vous apprend à servir davantage, avec la notion du bien et du mal, si vous appliquez ces principes- là, vous ne pouvez qu’être un homme politique aimant et compatissant, vis-à-vis de ceux qui vous entourent. Mais malheureusement, je dirai que souvent, la politique peut tuer ce qu’il y a de meilleur en l’Homme.

S. : Vous ne faites pas la politique, vous aimez pourtant parler d’économie. Alors, quelle est votre conception de l’économie ?

C.B. : Je pense qu’il y a beaucoup de notions qui vont changer en économie. Mais, on ne peut pas substituer un système sans avoir son remplaçant. Actuellement, les choses s’effondrent. L’économie est en difficulté, il y a des remises en cause, il y a beaucoup de problèmes au niveau de la planète. Et les économistes sont d’accord qu’il faut changer le système. Il faudra changer les individus pour leur faire comprendre que certaines notions sont dépassées et qu’il y a aussi cette notion d’aide à apporter aux pays qui souffrent. Tout est à revoir. C’est un travail de longue haleine. On parle, dans notre civilisation, de l’ère du Verseau.

Nous sommes gouvernés par des ères. On a eu l’ère du Poisson avec le christianisme, la venue de Jésus-Christ. Maintenant, on aborde l’ère du Verseau. C’est un changement radical de notre façon de vivre. Une ère dure environ 2000 ans. Nous ne sommes qu’aux prémices de l’ère du Verseau. Nous avons donc 2000 ans pour changer l’Homme, en tant que tel, pour l’amener à devenir meilleur. Mais, si l’être humain ne prend pas conscience des réalités, la nature se chargera de le faire à sa place. Regarder ce qui se passe concernant le réchauffement climatique. On se croit plus fort que la nature, mais la nature nous rappellera que c’est elle qui prime. L’homme peut arriver à la détruire, mais il arrivera un moment où la nature rétablira les choses. Il y aura ainsi des catastrophes que l’homme aura engendrées, parce que nous sommes des êtres irresponsables.

S. : Pourquoi l’Ordre ne prend-il pas de positions publiques sur les grands problèmes du monde, tels que le racisme, le fanatisme, la famine...

C. B. : Notre Ordre a publié un manifeste, le quatrième manifeste Rosicrucien, où l’organisation prend des positions dans des domaines biens ciblés. C’est le cas du racisme. Nous n’avons jamais eu de problèmes avec le racisme. Nous avons toujours proclamé l’égalité des races, des sexes et autres. Je vous donne un exemple. Quand nous étions en Afrique, il y a plus de 35 ans, nous avions des organismes qui existaient. C’est-à-dire des groupes de Rosicruciens. Et chez nous, il y a des fonctions qui doivent être nécessairement accomplis par des femmes. A cette époque, nous avions des difficultés, parce qu’il n’y avait pas de femmes dans le mouvement. Maintenant, le problème ne se pose plus. Les hommes et les femmes sont exactement au même niveau dans les groupes. Et si une femme prend une décision, on ne se pose pas de question. De même, au niveau des fonctions, on n’accorde pas d’importance aux questions de couleurs de la peau ou du genre. Au moment de l’apartheid, en Afrique du Sud, nous y travaillions avec des Noirs et des Blancs, sans avoir de problèmes entre nous.

S. : Y a-t-il une relation entre vous et les Francs-Maçons ?

C. B. : Dans la tradition, nous avions un tronc commun. Mais nous nous sommes séparés à un moment donné. Les Maçons sont allés d’un côté et les Rosicruciens, de l’autre. La Rose-croix s’est peut-être davantage intéressée à la spiritualité et au mysticisme. Et la Maçonnerie, aux choses matérielles et politiques. C’est la constatation qui a été faite. Ce n’est pas moi qui le dis. De nos jours, c’est complètement séparé !

S. : Un Rosicrucien peut-il quitter l’organisation sans être inquiété ?

C.B.? : Si vous rentrez dans une organisation et qu’au bout d’un certain temps, vous-vous apercevez que cette organisation ne correspond pas à ce que vous recherchez, la liberté entière vous est laissée de quitter. Cela s’est déjà passé sans problème. D’ailleurs, nous avons pour devise, « La plus large tolérance dans la plus stricte indépendance ». Nous sommes tolérants vis-à-vis des divers mouvements qui peuvent exister, mais nous sommes aussi complètement indépendants, vis-à-vis de ces mouvements.

S. : Croyez-vous que Dieu existe ?

C. B.? : Je suis profondément croyant. Donc pour moi, Dieu existe ? !

S. : Pourtant, vous avez soutenu que vous ne croyez pas à l’existence de l’enfer et du paradis ?

C. B. : Mais, attendez ! Qui a créé les notions d’enfer et de paradis ? Ce sont des hommes. On ne va pas rentrer dans la philosophie !
Si Dieu est bon, pourquoi voulez-vous qu’il ait créé l’enfer et le paradis ? Moi, je parle de la loi de l’évolution et de la réincarnation. Je pense que nous devons évoluer et que toute action entraîne une réaction. Au niveau même de l’individu, cela se vérifie. On dit que toute action bonne aura une conséquence bonne. Soit dans l’immédiat, soit dans le futur. Voilà en gros ce que peut enseigner notre Ordre, qui est proche, en cela, de diverses pensées orientales et d’autres, à travers le monde.

Vous dites que Dieu est bon par essence, alors comment se fait-il que vous ayez des gens qui meurent de faim pendant que d’autres sont dans l’abondance ? Ce sont des questions et je laisse chacun faire son idée. Vous me demandez si je crois en Dieu. Je vous dis oui, de même que je crois en la réincarnation. Mais ça ne concerne que moi. Vous avez certains Rosicruciens qui vous diront : Dieu : je l’accepte. Y croire, je ne sais pas. La réincarnation, je ne l’accepte pas. Ils sont pourtant membres de la Rose-Croix. Nous cheminons et échangeons ensemble.

S. : Dans un monde aussi troublé, que faire pour rester soi-même afin de relever les défis à venir ?

C. B. : Je dirai que nous vivons dans un monde vraiment troublé. De ce fait, des organisations comme l’Ordre de la Rose-Croix ont un grand travail à accomplir pour permettre aux uns et autres de répondre aux grandes questions qui les assaillent. Il faut que les gens puissent travailler dans la paix, car la paix est à la base de toute chose, dans un monde menacé et troublé. Au regard de tout ce qui se passe dans différents pays, il y a de quoi réfléchir. Vous n’avez ni la paix du cœur, ni la paix du corps, ni la paix de l’âme. Ce que je souhaite à l’humanité entière, c’est de retrouver cette paix que nous Rosicruciens, nous qualifions de paix profonde.

S. : Les Rosicruciens croient-ils à la fin du monde ?

C. B. : (Silence) Non ! Les Rosicruciens ne croient pas à la fin du monde. Vous savez, on a eu beaucoup de fins du monde. (Rires aux éclats) On devait en avoir en l’an 1000, en l’an 2000 et maintenant on a une nouveauté. Désormais, on nous dit que la fin du monde est programmée pour le 21 décembre 2012 (rires de l’Imperator et de l’assistance). Et on en reparlera en 2013.

Interview réalisée par Ali TRAORE (traore_ali2005@yahoo.fr )

Sidwaya

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