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Pas de vacances pour les parents

Publié le jeudi 12 juillet 2012 à 23h07min

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Vive les vacances ! C’est la belle période pour les enfants puisqu’après les devoirs ou les examens ils ont 3 mois de pause. Le bonheur pour ces sans soucis, mais des ennuis encore pour les parents. Au delà des bénéfices académiques et intellectuels que procure l’école, il y a le côté occupation qui reste très important. Je parle des parents des villes et des campagnes parce que, quoi qu’on pense, ils ont tous le même problème : que faire des enfants pendant 3 mois ? Certains en campagne n’auront pour d’autre choix que d’emmener leurs petits aux champs pour cultiver. Je me rappelle de ma grand-mère qui nous promenait à travers les champs en nous racontant des histoires de sauterelles. On revenait en ville les pieds fendillés et la peau écaillée et blanchie mais on retournait à l’école dès la rentrée.

Aujourd’hui dans nos campagnes, il ne pleut pas encore assez et les enfants sont soit oisifs soit orpailleurs. Ah oui ! le boom minier a touché nos petits puisqu’ils suivent les pas de leurs parents. Le père creuse, la mère écrase, et les enfants tamisent et lavent le minerai. On travaille en famille pour préparer les mauvais jours. Mais dans ces mines peu orthodoxes, les enfants sont en danger (produits toxiques, drogues, sexe …). Et ça ne promet rien de bon pour la rentrée prochaine.

En ville c’est le vagabondage et le banditisme qui guettent nos enfants. Ils sont déjà là partout dans les rues et les maquis, encouragés par des parents qui ne savent pas quoi en faire. Ils sont vendeurs de lotus, de cigarettes, de loteries, ou de fruits. Les géniteurs en encourageant leurs enfants croient, fermement, en cette école formatrice de la rue. Le bambin s’il s’en sort, devrait être un bon commerçant et pourrait rapporter un petit revenu à la famille. Mais hélas ! Le monde d’aujourd’hui est bien cruel. Un enfant de 12 ans face à des délinquants de tout genre et à une rue de drogués, vous croyez qu’il s’en sortira ?

Bref, je me demande réellement ce qui manque. Comment un parent d’élève, occupé par son boulot toute la journée peut surveiller son rejeton esseulé à la maison ou au quartier ? Il y a les cours de vacances qui sont formateurs mais, qui équivalent quoi qu’on dise, à ramener le petit à l’école. Pas mal, mais pas éthiquement attaché à la notion de vacances. Il y a aussi les colonies de vacances. Faire voyager son enfant à l’intérieur ou à l’extérieur du pays. Super mais le milieu n’est pas vraiment sûr. Les marchands de rêves pullulent dans le domaine et n’hésiteront pas à mettre vos petits dans les pires conditions d’hygiène et de sécurité. Et puis ces colonies ne sont pas à la portée de la bourse de tout le monde.

Les activités de formation. Un petit atelier de menuiserie, un autre de mécanique. L’idée me séduit beaucoup. Le fiston apprend un métier. Même si cet apprentissage ne sera pas son métier futur, il y a l’avantage de savoir où se trouve Junior quand on est occupé. Mais faire toujours attention, il ne faudrait pas l’obliger à rester tous les jours à l’atelier pour assumer de durs travaux. Le travail des enfants est interdit. Apprendre oui, mais pas d’esclavage. La frontière d’ailleurs entre ces deux mots est trop fragile surtout pour un sujet mineur. Ceux qui ont peur de toutes ces options enfermeront leurs enfants à la maison avec une télévision ou des jeux vidéo. Encore un choix dangereux. À la rentrée, la progéniture ne se retrouvera pas et aura du mal à se défaire d’une habitude comme celle de la télévision ou des jeux.

Le casse-tête est de trouver une occupation saine, pas dangereuse, qui le fait apprendre, l’éloigne du vice et vous permet de continuer à vous battre. Si cela est fait, il reste à préparer la rentrée prochaine qui arrive à grands pas et les dépenses (scolarités, santé, APE, nouvelle garde robe…). Des obligations, qui, chers parents, ne doivent pas occulter le volet intérêt et amour que vous devez à ceux à qui vous avez donné la vie. Vos enfants !

Faites le bon choix pour ces vacances et du courage. Je suis de cœur avec vous puisque j’ai la poche trouée et que je suis aussi parent.

Par Bendré

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