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Evènements de Boussouma : Le RDS dénonce un « Coup d’arrêt à la démocratie locale »

Publié le mardi 3 juillet 2012 à 00h06min

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Les interpellations d’opposants au maire de Boussouma par les forces de l’ordre depuis le 22 juin dernier ne plaisent pas au Rassemblement pour la démocratie et le socialisme (RDS). La formation politique, à travers cette déclaration, évoque "un coup d’arrêt à la démocratie locale", le maire ayant été réinstallé contre la volonté d’une bonne partie de la population, selon le RDS.

« La décentralisation est un processus de promotion de la démocratie à la base en vue d’impulser le développement local. En cela, elle constitue une bonne chose pour les populations de nos villes et campagnes. Au Burkina Faso, la décentralisation à débuté en 1995 avec l’érection en communes de plein exercice des chefs lieux des provinces. A partir de 2006, ce fut le tour des chefs lieux des départements avec la décentralisation intégrale.

Mais quelle démocratie à la base et quel développement local peut-on réaliser dans un pays à démocratie dévoyée ? Nos communes seront donc gérées à l’image de la gestion de notre pays : gestion personnelle et partisane du matériel et des lotissements, détournements des deniers publics, etc.

C’est dans ce cadre (contexte) que plusieurs communes ont connu des manifestions des populations contre la mal gouvernance : Saba, Koubri, Boulmiougou, Linoghin, Koudougou, Pissila, Puytenga, Boussouma pour ne citer que ceux là. Si des solutions ont été trouvées pour Saba, Koubri, Boulmiougou, Linoghin, Koudougou et Puytenga, il n’en est pas de même pour Pissila et Boussouma où les maires ont été obligés de se refugier à Kaya, sous la pression des populations, depuis un an pour le maire de Pissila et 6 mois pour celui de Boussouma.
Les populations de Boussouma ont demandé à rencontrer leur maire pour avoir des informations concernant :

- le détournement des cotisations de l’APE du lycée (1 423 000 F) ;

- le rapport de l’audit sur le lotissement ;

- le point sur les taxes d’exploitation de la carrière d’agrégats de la CIMAT ;

- le ciment offert par Diamond Cement lors du cinquantenaire de l’école A de Boussouma ;

- le matériel saisi par la gendarmerie ;

- la disparition du camion benne de Sidogo, fruit de son jumelage avec une ville belge ;

- l’argent des bornes fontaines ;

- le bilan de la construction du CSPS de Boussouma, etc.

C’est le refus catégorique du maire de les rencontrer qui a entraîné les marches contre le maire et son exil à Kaya.
Contre toute attente, le 21 juin dernier, le Premier Ministre, de retour de Pissila et de passage à Kaya, a ramené le maire à Boussouma pour l’y installer et lui apporter son soutien dans l’exercice de ses fonctions. Il l’a assuré que le gouvernement prendra toutes les dispositions nécessaires pour lui permettre d’exercer son mandat jusqu’à son terme normal, donnant ainsi sa caution à la mal gouvernance.Il s’agit là d’un acte arbitraire contraire à l’Etat de droit et qui met fin à la démocratie locale et au dialogue citoyen qui devrait exister entre le maire et ses administrés. C’est pourquoi une manifestation spontanée a été organisée pour contrer l’arbitraire. Suite à cette manifestation, le gouvernement a fait boucler la ville de Boussouma qui est restée en état de siège du 21 au 27 juin avec interdiction aux populations de sortir de chez elles malgré les travaux champêtres de ce début de saison des pluies et plusieurs arrestations dont :

- le 22 juin, entre 03h et 04h du matin : arrestation de 10 personnes à Boussouma dans leur maison avec leurs outils habituels de sécurité ;

- le 22 juin, arrestation à Ouagadougou du président du comité de jumelage de Boussouma - Saint Jean de Brayes en France et trésorier de l’Association des Jeunes pour le Développement du Département de Boussouma (AJDDB), Karim Ouédraogo, Inspecteur des Impôts. Il réside à Bobo Dioulasso, mais séjournait à Ouagadougou pour un atelier ;

- le 23 juin, arrestation à Boussouma de 4 personnes ;

- le 28 juin, arrestation à Ouagadougou et détention au Commissariat de police de Wemtenga de Lassané Ouédraogo, Inspecteur de l’enseignement primaire et Secrétaire général du comité de jumelage ;

- le 30 juin, arrestation à Ouagadougou et détention au Commissariat de police de Wemtenga de Zakaria Soulga, président de l’AJDDB et président du comité d’organisation de la cérémonie de dédicace du livre de référence sur l’histoire du royaume de Boussouma.

Au total, à ce jour, 17 personnes ont été arrêtées dont 3 ont été relaxées, 12 détenues à la MACO et 2 transférées du Commissariat de Wemtenga à la Brigade de recherche de la Gendarmerie à Ouagadougou. Il faut souligner que ces deux derniers ont commencé la grève de la faim depuis le 30 juin 2012.

Contrairement aux solutions trouvées pour résoudre les problèmes des autres communes, le Premier Ministre a préféré, à Boussouma, opérer un coup d’arrêt à la démocratie locale et au dialogue citoyen, montrant ainsi, qu’il parle de dialogue et de démocratie mais n’y croit pas du tout et tous les démocrates du Burkina Faso doivent le savoir. Le masque est tombé. Qu’a-t-il fait de sa déclaration à l’Assemblée nationale selon laquelle « les manifestations de 2011 dans notre pays sont la conséquence de la mal gouvernance » ? Pourquoi réprimer plutôt que de chercher à trouver un consensus entre le maire et les populations de Boussouma ? Pourquoi protéger des délinquants ?

C’est pour toutes ces raisons que le RDS invite Monsieur le Premier Ministre à revenir à la démocratie et au dialogue afin de trouver, pour Boussouma, des solutions conformes à l’Etat de droit, à savoir :

- lever l’état de siège sur la ville de Boussouma toujours sous la surveillance de policiers, gendarmes et militaires, et faire cesser la répression des populations et l’arrestation des honnêtes citoyens ;

- libérer les personnes détenues à la MACO et à la Brigade de Recherche de la Gendarmerie à Ouagadougou ;

- instaurer un dialogue citoyen entre le maire et les populations de Boussouma afin de faire la lumière sur la gestion des affaires de la commune.
Monsieur le Premier Ministre devrait lutter effectivement contre la mal gouvernance dans toutes les communes du Burkina Faso sans exception. Il devrait donc accepter de rechercher le dialogue et la paix pour notre pays.

Ensemble, changeons les mentalités pour changer le Faso ! »

Ouagadougou, le 2 juillet 2012
Pour le Secrétariat Exécutif National, le Président
Ouindélassida François Ouédraogo

Fasozine

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