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EDUCATION AU BURKINA : Il faut quitter dans le fétichisme des chiffres

Publié le lundi 2 juillet 2012 à 23h40min

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C’est la période de la moisson pour le monde scolaire. D’ici quelques jours, on organisera des concours d’excellence à l’école primaire et au secondaire. L’initiative est louable puisqu’il s’agit de récompenser les élèves et les enseignants les plus méritants, ceux qui auront réussi la prouesse du 100% au CEP. En réalité, le monde scolaire et la communauté entendent, par ces lauriers, les donner en exemple et magnifier le travail bien fait. Quoi de plus normal donc. Cependant, sous ces concours d’excellence se cachent souvent des réalités hideuses du système éducatif burkinabè. Et il suffit de gratter la peinture pour s’en rendre compte. La question fondamentale est de savoir comment on analyse les résultats scolaires à la fin de l’année.

Pour les parents et même pour certains encadreurs, l’enseignant qui réussit à décrocher un taux de 100% de succès au CEP est excellent et doit être maintenu dans son école pour continuer à faire ces résultats. Celui dont le taux de succès est à la limite, moyen, se retrouve blâmé par les parents d’élèves et certains de ses collègues n’hésitent pas à pointer du doigt ses compétences professionnelles. Il est même arrivé qu’on demande le départ de certains maîtres parce que sur un certain nombre d’années, les résultats au CEP n’ont réjoui ni les parents, ni les encadreurs. Certes, il est vrai que les compétences de l’enseignant, sa formation (bâclée ou de qualité), son engagement et sa personnalité jouent un rôle important dans son rendu de tous les jours et donc sur le succès de ses élèves.

Un aveugle peut-il conduire d’autres aveugles ? En plus, certains, par manque d’emploi, arrivent accidentellement dans ce corps sans vocation. Autant d’éléments qui impactent négativement le niveau des élèves. Mais, il faut reconnaître que l’environnement scolaire et la motivation des enseignants jouent une part importante dans les taux de succès des élèves. Au Burkina Faso, malgré les efforts importants du gouvernement, les enseignants connaissent en majorité des conditions difficiles de vie et de travail. Voilà un corps qui, par la force des choses (la vie chère aidant), s’est clochardisé au grand dam de l’image que la société s’est faite de l’enseignant. Comment être « excellent » quand un enseignant dort dans une maison avec un toit troué et avec comme voisins des serpents ?

Comment des élèves peuvent-ils décrocher le CEP facilement quand les classes sont bondées et que les tables-bancs sont insuffisants (les conditions d’apprentissage) ? Comment finir les programmes scolaires quand à l’approche de l’hivernage, les parents viennent retirer leurs enfants de l’école ou permettent à leurs rejetons de rester à la maison, même une semaine après une fête ? En plus, il y a des localités où la cantine scolaire peut impacter positivement les résultats des élèves. En définitive, un enseignant, pour être déclaré excellent ou pas, doit être jugé par rapport à toutes ces conditions qui déterminent sa motivation.

Il ne sert à rien (en tout cas pas au système éducatif) de se passionner pour des chiffres et des taux de succès qui ne reflètent pas toujours la réalité des écoles burkinabè. Que sera la suite pour ces élèves qui auraient subi une alphabétisation de masse avec ses exigences de statistiques à policer chaque année pour les bailleurs de fonds ? Les pays qui financent les plans de développement de l’enseignement de base n’ont certainement pas adopté de telles méthodes pour leurs enfants pour obtenir un capital humain à faire pâlir de jalousie les autres. Alors, il est temps de bannir le fétichisme des chiffres et de s’attaquer aux déterminants des résultats scolaires si l’on milite pour la qualité de l’éducation.

SIDZABDA

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 3 juillet 2012 à 16:31 En réponse à : EDUCATION AU BURKINA : Il faut quitter dans le fétichisme des chiffres

    Cet article n’est pas du tout pertinent !
    Il est vrai que l’environnement a un grand role dans l’aboutissement scolaire de nos enfants. Mais cela n’est pas du tout une excuse pour faire la culture de la mediocrite.

    A lire Sidzaba on a l’impression que dans les contrees les plus reculees et dans les conditions les plus precaires il n’y a pas de classes qui font 100% au CEP.
    Je suis desole mais il y a une tonne de contre-exemples.

    Dura lex, sed lex. C’est encore nous qui decrions la politique du "2 poids, 2 mesures". Il ne faut donc pas vouloir l’appliquer ici. Il n’ y a aucune contree dans le monde ou toutes les ecoles beneficent des memes conditions.
    Le premier critere pour le classement des meilleures universites du monde est le nombre d’anciens etudiants detenteurs du prix nobel !
    Voyez-vous comment ce critere handicape le BF ? cela n’empeche pourtant pas le classement d’etre fait chaque annee.
    Il faudrait plutot evoquer la raison d’ensemble pour ameliorer la qualite de l’ensemble et non la raison de l’excellence.

  • Le 3 juillet 2012 à 19:28, par GODWIN PAPY En réponse à : EDUCATION AU BURKINA : Il faut quitter dans le fétichisme des chiffres

    Cet article est écrit au juste pour quel effet ? Il dit certainement des réalités de l’enseignant et du système éducatif. Les réalités hideuses en question signifient quoi ? Rien n’est fait ou bien ce qui est fait est débile ? Le système éducatif burkinabè n’est pas à plaindre plus que les autres, elle a des difficultés ordinaires. En France on lit les mêmes bêtisiers qu’au Burkina Faso au BAC.
    A la rentrée scolaire on voit des enseignants inconscients qui flânent. Après c’est l’hivernage qui est un obstacle naturel pour achever le travail et si quelqu’un en a la solution qu’il nous délivre. Pour les chiffres, c’est bien nécessaire. Je suis désolé mais l’Arithmétique ou le système métrique c’est fait pour être utilisé. Il faut commencer à évaluer l’excellence, la suite est perfectible. Pourquoi il y a suivi évaluation dans tous les projets et on ne doit pas évaluer les enseignants ?
    Il y a des enseignants dans des bâtiments avec des trous mais qui sont identifiés excellents et il y’en a qui, même logés dans des duplex, on va les blâmer parce qu’ils sont mauvais. L’excellence est aussi un état d’esprit de l’enseignant et de son équipe. Surtout le Directeur qui est exemplaire a toujours une équipe de qualité. les premiers enseignants nous ont bien formé surtout parce qu’ils avaient de l’amour pour les enfants. Que ceux des plaintifs qui ne veulent pas être appréciés laissent la place à d’autres. La qualité de l’enseignement ne viendra pas des enseignants plaintifs mais des enseignants dévoués.
    Félicitations à tous les enseignants qui ont eu plus de la moyenne. Nous encourageons ceux qui ont failli par concours de circonstances malencontreuses à se relever.
    Courage Dieu est grand.

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