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L’ INVITÉ DE LA RÉDACTION : ASSIMI KOUANDA, SECRÉTAIRE EXÉCUTIF NATIONAL DU CDP : La seule et véritable taille de notre « pointure », c’est le service loyal et dévoué pour la cause nationale…

Publié le vendredi 29 juin 2012 à 10h01min

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Le navire Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) tangue-t-il dans des eaux tumultueuses de l’océan politique burkinabè ? Non, répond sans hésiter, un seul instant, le Secrétaire exécutif national du parti majoritaire et Directeur de cabinet du Président du Faso, Assimi Kouanda, reçu en invité de la rédaction, le mercredi 23 mai 2012. Durant près de trois heures d’horloge, cet historien de formation a prouvé l’immensité et la richesse de sa culture, ainsi que sa connaissance de la politique burkinabè. Humble et discret, M. Kouanda, sans faux-fuyant, a donné réponse, avec la plus grande clarté, aux multiples questions des journalistes. S’exprimant avec aisance et hauteur de vue sur la vie de son parti, l’article 37, les élections législatives et municipales couplées, les vertus qui lui sont chères, l’élection de François Hollande à la tête de la République française, les crises malienne et bissau-guinéenne, la situation en Syrie…

Il livre à l’opinion publique, un véritable panel de connaissances, d’expériences et de réflexions. Cet homme qui est l’un des plus proches collaborateurs du Président du Faso, Grand cordon du Wissam Al Alaoui (Maroc) et Commandeur de l’Ordre national burkinabè, se laisse découvrir, sans complexe.

Sidwaya (S.) : Comment se sent le nouveau patron du parti au pouvoir ?

Assimi Kouanda (A.K.) : Je ne suis pas un patron, je ne souhaite pas le devenir, ni aux yeux des militantes et militants ni aux yeux des sympathisants et du reste du peuple du burkinabè.
Je me considère comme un camarade que les militants ont, au cours du 5e congrès, porté à la tête du CDP pour coordonner les activités de direction du parti. C’est une responsabilité que j’assume avec tous les camarades du Secrétariat exécutif national (SEN). Je voudrais humblement, mais de manière très engagée, pouvoir mettre en œuvre les grandes décisions que le 5e congrès a eu à prendre. Au niveau du SEN, nous sommes tous conscients de notre devoir devant Dieu et les hommes d’assumer avec honnêteté, la responsabilité qui nous a été confiée. Animés par cette foi et cette conviction, nous disons que nous sommes tenus de tout faire pour qu’au moment où nous devrions rendre compte aux militants, mais surtout au Tout-Puissant, que nous puissions affirmer que nous avons agi dans le sens des intérêts du peuple burkinabè. Que nous avons travaillé avec loyauté dans le but de contribuer à faire progresser notre pays le Burkina Faso. Je me considère donc comme un camarade responsabilisé pour une mission définie par mon parti, le CDP.

S. : Qu’est-ce qui va concrètement changer au CDP, sous votre direction ?

A.K. : Le congrès a demandé à la nouvelle équipe d’œuvrer à l’élargissement de la base du parti, de travailler à maintenir l’unité et la cohésion du CDP, de s’appliquer à mettre en confiance les militants, de les préparer aux élections couplées à venir et de gagner avec brio cette consultation.

Dès l’élection de notre équipe, nous nous sommes mis à la tâche et nous avons commencé des sorties, des rencontres et des contacts directs avec les structures et les associations à la base. Ce qui va changer, c’est en réalité l’esprit, la méthode et le style : la confiance et la proximité avec les militants à tous les niveaux, leur écoute avant la décision. Nous irons humblement vers tous les militants, les sympathisants afin de les remercier et les rassurer qu’ils ont raison de soutenir de manière forte et engagée, le programme du parti et par voie de conséquence, celui du Président du Faso. En vérité, c’est un travail entamé par le parti, que nous allons renforcer et poursuivre. Egalement, ce qui me paraît important à signaler, c’est l’engagement que le congrès a pris vis-à-vis des jeunes et des femmes. Comme vous l’observez dans la composition du Secrétariat exécutif national, la proportion réservée à ces deux franges de notre société s’est accrue considérablement.

Nous nous évertuons à faire en sorte que cette représentation au niveau du SEN se répercute à tous les échelons du parti, et cela dans la préparation de la relève. Car le CDP est un grand parti qui regorge de cadres compétents, dynamiques, expérimentés où l’adhésion des jeunes et des femmes est très importante. Dans la dynamique de son évolution, il est normal et même impératif que la relève soit promue afin que le parti continue d’assumer ses responsabilités dans la construction de notre pays.

S. : Depuis un certain temps, il y a des missions qui sillonnent les provinces pour rencontrer les militants. Dans quel état d’esprit ces rencontres se sont-elles déroulées et qu’est-ce qui en est ressorti ?

A.K. : Nous avons trouvé les militants en attente d’informations justes émanant de la direction du Parti. Ils avaient eu les comptes rendus du congrès par leurs délégués, mais souhaitaient que les missions de la Direction arrivent dans leur province respective pour leur donner les détails sur le déroulement du congrès et la conduite à tenir dans l’enrôlement des électeurs en vue des élections couplées. Nous les avons trouvés mobilisés et prêts à l’action. Beaucoup parmi eux avaient pris des initiatives pour soutenir les militants et les sympathisants dans la confection, l’établissement des actes de naissance, des Cartes nationales d’identité burkinabè (CNIB) qui sont les documents indispensables pour se faire enrôler sur une liste électorale.

S. : Des noms avaient été cités comme probables occupants du poste de Secrétaire exécutif national du CDP. A quel moment avez-vous su que c’était vous qui alliez assumer cette responsabilité ?

A.K. : J’appartiens comme beaucoup d’autres militants, à ce parti depuis sa naissance. Je m’y suis engagé depuis le temps des ancêtres du CDP. Il y a des règles et des traditions établies. C’est le congrès qui en décide… Il est l’instance suprême du parti. En vérité, il n’y a pas de lutte concurrentielle comme vous semblez le dire.

S. : Mais à un certain moment, il était dit qu’il y avait Paramanga Ernest Yonli, Salif Diallo, Bongnessan Arsène Yé, Alain Yoda… A notre grand étonnement, vous avez coiffé tout le monde au poteau ?

A.K. : En référence à la tradition établie depuis sa création, le 5e congrès du CDP s’est déroulé de la même manière que le 4e, qui s’est déroulé presque dans les mêmes conditions que le 3e, en ce qui concerne l’élection de la Direction. Les supputations ont peut-être cours hors du parti et de ses structures véritables. La réalité se joue à l’intérieur, car il s’agit de désigner les camarades qui vont assurer la coordination des actions du parti pour un certain moment. Cela s’est toujours bien passé.

S. : Le fait que vous soyez à côté du Président du Faso en ce moment, ne vous a-t-il pas donné une préséance par rapport aux autres concurrents ?

A.K. : Je ne pense pas qu’il soit exact de parler de concurrents. C’est une imagination qui n’est pas juste. L’équipe actuelle de direction comprend des camarades non moins anciens, des jeunes, des femmes avec le souci d’une plus forte recherche de cohésion, de renforcement du parti dans le but de préparer la relève et de consolider les acquis.

S. : Pour d’aucuns, les décisions prises, à l’issue du 5e congrès, n’ont pas rencontré l’assentiment de tous les militants et que des ténors seraient en passe de créer un autre parti. Qu’en est-il exactement ?

A.K. : C’est surprenant (…), parce que depuis la fin du congrès le 4 mars 2012, nous tenons régulièrement des rencontres au niveau du SEN. Nous échangeons avec les conseillers politiques nationaux qui nous encouragent à œuvrer au plus grand rayonnement du parti.
Au sujet de la création d’autres partis, je n’en suis pas informé. Ce dont je puis vous parler, c’est le constat des adhésions de militants, enregistrées actuellement au CDP. Cela concerne aussi bien des camarades qui avaient quitté à un moment donné, que de tout nouveaux adhérents.

S. : Vous démentez donc que le président Roch Marc Christian Kaboré veut créer un parti politique ?

A.K. : Je réaffirme que le SEN a des échanges permanents avec, entre autres, le camarade Roch Marc Christian Kaboré. Rien qu’hier (Ndlr : mardi 22 mai 2012), nous nous sommes entretenus sur la suite des activités à mener après les missions de la direction politique dans les différentes provinces de notre pays. Du reste, il a toujours été non seulement présent à nos réunions, mais il a régulièrement partagé son expérience, sa grande connaissance du terrain, son esprit rassembleur, pour une implantation large et continue du CDP. Avec l’ensemble des conseillers politiques nationaux, nous avons tenu une rencontre qui a été positivement appréciée par tous.

S. : D’aucuns disent que vous avez été imposé par le Président du Faso.

A.K. : D’aucuns ont vraiment le dos large ! (rire…) Ce que je sais, c’est que depuis le temps de l’ODP/MT (Ndlr : Organisation pour la démocratie populaire/Mouvement du travail), jusqu’au CDP, les programmes politiques du Chef de l’Etat ont été soutenus par toutes les directions successives du parti sans exception. Je ne connais pas une seule direction qui n’ait pas soutenu le projet de société ou l’action de Son Excellence Monsieur le Président du Faso. Il est aussi important de rappeler que le CDP est le parti majoritaire. C’est pour moi, un honneur de travailler aux côtés de Son Excellence Monsieur le Président du Faso. Ce privilège me permet de vous affirmer que le Chef de l’Etat, ne correspond point à l’image que certains tentent de lui donner. Il échange et écoute beaucoup. Il fait confiance et responsabilise ses collaborateurs.

S. : On vous taxe aussi d’être un homme sans coloration, sans réseau politique, si bien que certains trouvent que vous n’avez pas l’étoffe d’un chef pour diriger le CDP.

A.K. : Si nous nous situons dans la même grille de lecture, je peux vous répondre que c’est la responsabilité qui place l’homme dans les soi-disant réseaux. Peut-être qu’en regardant dans le rétroviseur, au moment où certaines personnes commençaient à assumer des fonctions importantes, elles n’en avaient aucunement. Quelquefois, il a fallu qu’elles soient soutenues, portées de bout en bout, pour pouvoir lancer leurs activités et se faire progressivement connaître, même dans leur propre village. Les réseaux dont vous parlez sont utiles en fonction des missions et activités. Par ailleurs, il faut retenir que chaque citoyen baigne dans un univers de tissus dont chaque fil peut conduire à un réseau et donc enclencher une dynamique. Nous pensons que cela est quasi naturel dans toutes les sociétés humaines.
Je me permets aussi de souligner qu’au niveau de la direction, il s’agit d’un travail d’équipe, d’un travail collectif et il appartient à chaque membre d’apporter les réseaux dont il dispose afin que nous les fusionnions pour les mettre au service du CDP et du peuple burkinabè. En tous les cas, je ne suis pas encore informé de l’existence d’une école où sortent des diplômés, des dirigeants de partis.

S. : Pourquoi certains membres influents du CDP, nommés conseillers, ont été mis au garage ?

A.K. : Il n’existe pas de garage dans un parti politique mais des postes de responsabilité à des niveaux différents où des militants sont affectés pour contribuer au triomphe de l’idéal défendu. Il me paraît important de rappeler ici également qu’on adhère à un parti par conviction, par engagement et on assume des responsabilités en référence aux idéaux de cette formation politique. Le militant doit assumer sans d’autres considérations, toute responsabilité qui lui est confiée.

Les conseillers politiques sont rattachés directement au Secrétaire exécutif national. Ils jouent un rôle d’appui-conseil au regard de leur expérience et de l’importance de leur contribution.
Il n’y a donc pas lieu d’insinuer une quelconque idée de mise au garage, sinon on néglige leur disponibilité à œuvrer à la réussite de la préparation de la relève.La promotion de la relève qui tient à cœur le CDP, a été réaffirmée par le président Roch Marc Christian Kaboré avant même la tenue du congrès en mars dernier.

S. : Dans un parti comme le CDP où il y a des grosses pointures, quelles sont vos marges de manœuvre, en tant que Secrétaire exécutif ?

A.K. : Il ne faut pas voir les choses sous un tel angle. Certes, le CDP est un grand parti, c’est le parti majoritaire qui assume les premiers rôles au niveau de l’Exécutif et du Parlement. Le 5e congrès a demandé une plus grande concertation entre la Direction du parti et les camarades qui assument de hautes missions au niveau de l’Exécutif et du Parlement. Quand vous parlez de grosses pointures, je ne suis pas sûr que ceux que vous rangez dans cette catégorie se considèrent comme telles. Ce sont des camarades qui sont ou ont été des acteurs importants de la vie politique nationale, pétris de talents et d’expériences au niveau du parti. Parmi eux, il y a ceux que vous connaissez, que vous côtoyez tous les jours et dont la popularité a été construite avec le soutien du Président Blaise Compaoré, mais il y’en a aussi qui, discrètement, travaillent mais tout aussi efficacement. La signification de la notion de « grosse pointure » dépend alors de là où vous vous situez.

La seule et véritable taille de notre « pointure », c’est le service loyal et dévoué pour la cause nationale. La sacralisation dont on crédite certains, en construisant autour d’eux des légendes dorées afin d’en faire des anges, l’abomination orientée sur d’autres, parfois plus honnêtes que ceux pour lesquels on a bâti des mythes à coups de montages, traduisent à la fois un égocentrisme et un rejet des évolutions positives au sein de notre parti.

Fort heureusement, le peuple burkinabè saura, comme à l’accoutumée, démystifier et nettoyer cette gangue fragile dont on veut couvrir la réalité des faits et restituer à chaque événement, sa fraîcheur originale.
J’insiste sur le fait que le CDP a toujours compté parmi ses militants de grandes figures aux plans politique, intellectuel et culturel. C’est cette richesse qui fait sa force et sa puissance.

S. : Il semble que votre ascension a créé des mécontents au niveau du grand parti. Comment comptez-vous gérer la situation ?

A.K. : Personnellement, je ne connais pas de mécontent. Je pense seulement que tout changement, que ce soit au niveau politique ou à d’autres niveaux, crée des moments d’inquiétude, de peur, d’angoisse, d’attente et d’espoir. Quand il y a changement, il y a un temps d’adaptation et des moments de réajustement sur les habitudes des uns et des autres. C’est inhérent à l’être humain. Ce ne sont pas des choses insurmontables. Selon les individus, cette capacité de transformation, de réadaptation peut prendre une semaine, un mois, un trimestre, un an, etc. C’est dans ce sens qu’il faut comprendre ce que vous avez pu percevoir comme mécontentements. C’est loin d’être le début de l’apocalypse.

S. : Le CDP se porte-t-il vraiment bien, surtout avec des rumeurs et annonces de défections et de créations de partis par des membres ?

A.K. : Le CDP se porte bien. Je répète que cela fait un peu moins de trois mois que la nouvelle équipe assure la direction. Nous enregistrons chaque jour, de nouvelles adhésions dans toutes les localités du Burkina Faso. Nous enregistrons également, le retour de camarades qui, à un certain moment, pour une raison ou pour une autre, avaient quitté le CDP. Ces camarades ont écrit pour revenir dans le parti. Ce sont des faits vérifiables. Notre parti est aussi une grande famille. Dans une grande famille, ce n’est pas parce que tel cousin et tel neveu ont des vues divergentes sur une question précise qu’on considère que cette famille a des problèmes insurmontables au point de courir vers sa disparition. C’est justement tout cela qui fait, non seulement la richesse, mais aussi le dynamisme du CDP. Rassembler toutes ces différences et nuances dans un même idéal, fait la force du CDP.

S. : On vous taxe souvent d’être le porte-parole du Président du Faso au sein du CDP. Que répondez- vous aux auteurs de ces commentaires ?

A.K. : Dans les textes portant organisation de la Présidence du Faso, le Directeur de Cabinet du Président du Faso est également son porte-parole. Il peut déléguer cette fonction à tout autre Conseiller. Pour moi, c’est un grand honneur d’être le porte-voix du Chef de l’Etat, celui que le peuple burkinabè a élu à plus de 80% et qui consacre ses énergies et ses efforts à la transformation positive du Burkina Faso, à la quête de la paix à l’intérieur et à l’extérieur du pays. Je poursuis également l’œuvre de mes prédécesseurs à la tête du CDP. Ils ont tous soutenu les programmes du Président Blaise Compaoré. Ils ont tous fait campagne pour l’adhésion de la très grande majorité des Burkinabè à ses programmes. Alors je ne fais que continuer une œuvre entamée par tous mes devanciers à la tête du parti. Je le fais avec fierté et honneur. Ou bien auriez-vous voulu que le Directeur de cabinet du Président du Faso s’auto proclame Président du parti à partir de Kosyam ?

S. : Un de vos militants, Mahamadi Kouanda, pour ne pas le nommer, a eu à affirmer que le CDP est un champ où l’on vient cultiver pour Blaise Compaoré. Est-ce que vous vous reconnaissez dans ce propos ?

A.K. : Il faut laisser à chacun la liberté de ses pensées et de ses propos. Si le camarade a fait cette affirmation, il a certainement ses raisons. Il convient mieux d’aller vers l’intéressé lui-même pour qu’il argumente, explicite davantage ce qu’il a voulu dire.

S. : Qui sont les camarades du CDP qui veulent revenir, après avoir déserté, entre-temps ?

A.K. : Ils sont nombreux à écrire pour revenir. Ils sont passés par toutes les étapes que les textes du CDP imposent à tous ceux qui veulent adhérer ou revenir.

S. Qui sont-ils ?

A.K. : Ce ne sont pas des secrets. Il suffit d’aller dans les capitales régionales et vous aurez tous les détails. Ça ne se passe pas dans la clandestinité.

S. : Le renouvellement des structures du CDP, crée actuellement, des tensions dans des secteurs de Ouagadougou. Les cas du secteur n° 23 en est un exemple. Que fait le Secrétariat exécutif national pour apaiser la situation ?

A.K. : Je ne sais pas si ces mécontentements sont vraiment liés à la nouvelle structure du CDP. Dans une grande ville comme Ouagadougou qui est la capitale de notre pays, évidemment à chaque fois qu’il y a renouvellement de structures d’un grand parti comme le CDP, il y a par-ci, par-là, des discussions qui peuvent être chaudes, cependant l’esprit de camaraderie ne disparait pas. Dès qu’il y a changement, il y a toujours des petites discordances qui sont instrumentalisées pour créer une crise. Mais cela montre aussi tout l’intérêt que les militants et la population accordent au parti. Les directions du parti qui se sont succédé ont connu les mêmes difficultés dès qu’on parle de renouvellement des structures. Peut-être qu’il y a des petits problèmes entre militants, pour des questions de leadership, mais il ne faut pas non plus oublier que nous sommes dans une période préélectorale où les adversaires grossissent à dessein les petites discussions pour les transformer en des situations dramatiques.

S. : L’entrée de la FEDAP/BC dans le Secrétariat exécutif national et d’une manière générale, les conclusions du dernier congrès du CDP n’ont-elles pas créé des frustrations auprès de certains militants ?

A.K. : Ce que je vais d’abord préciser, c’est que la FEDAP/BC est une association. Comme dans toute association, il y a des membres qui appartiennent à des formations politiques. L’entrée de membres d’une association dans une formation politique ne doit pas se traduire comme l’entrée de cette association dans le parti. Il ne faut pas qu’on confonde le CDP qui est un parti politique et la FEDAP/BC qui est une association. Chacun de nous peut appartenir à une multitude d’associations, alors que si on est conséquent avec soi-même, on ne peut être militant que d’un seul parti politique. L’appartenance au parti est exclusive pas celle de l’association.

A l’intérieur de la FEDAP/BC, il y a des camarades membres du CDP. Par exemple, le camarade président de la FEDAP/BC, Gaston Soubeiga, (NDRL : au moment de l’entretien, il tait toujours prsident de la FEDAP/BC), est membre du CDP depuis sa création. Il est au bureau politique national. Il est devenu secrétaire administratif adjoint du CDP et directeur adjoint du siège du parti par sa qualité de membre du CDP. Tous ceux qui veulent adhérer au CDP, quelle que soit leur appartenance dans un mouvement associatif légalement reconnu, sont les bienvenus.

S. : Ne pensez-vous pas que l’entrée de la FEDAP/BC dans le Secrétariat exécutif national a créé des frustrations auprès de certains militants ?

A.K. : A partir de l’exemple du camarade Gaston Soubeiga qui est membre du CDP, depuis la naissance du parti, on se rend compte que personne n’a pris la place de personne. D’ailleurs, il n’y a pas de place réservée à qui que ce soit. Il y a seulement des responsabilités que l’on confie à des camarades à un moment donné pour une mission précise.
C’est comme cela que je perçois la chose. Et il faut préciser que votre expression, « l’entrée de la FEDAP/BC dans le SEN » est très curieuse. Il y a des membres de la FEDAP/BC dans le SEN, oui. L’association ne saurait entrer dans le parti.

S. : Avec cette adhésion du premier responsable de la FEDAP/BC au CDP, n’est-on pas en droit d’affirmer que votre parti a eu raison de l’association ?

A.K. : Ceux qui soutiennent ces affirmations veulent entretenir une certaine confusion entre les deux mouvements, pourtant de nature différente. Même président ou responsable d’une association, on peut être militant du CDP. Rien n’empêche, dès lors, que l’on puisse assumer des responsabilités de premier plan au sein de son parti. C’est parce que certaines langues ont voulu confondre association et parti politique qu’on a entretenu une sorte de dualisme qui n’est pas réelle. Je connais des gens qui militent à la FEDAP/BC et qui ne sont pas membres du CDP. Je ne pense pas que ces gens-là puissent se retrouver dans les structures du CDP, sauf s’ils y adhèrent.

S. : Vous parliez tantôt de nouvelles adhésions et de retour de certains camarades. A côté de ceux-ci, se trouvent les milliers de militants et les poids lourds du CDP. Avec toutes ces personnes et personnalités, comment allez-vous manager pour élaborer les listes électorales pour les futures échéances électorales ?

A.K. : Lors des travaux de notre 5e congrès, une commission a traité de la question de la stratégie électorale dont l’examen a abouti à des indications et des orientations sur comment parvenir à dresser des listes gagnantes. Maintenant, il appartient à la direction du parti, de mettre en œuvre cette stratégie. Sur ces détails, j’aimerais ne pas être plus long.

S. : Parlant du genre, le gouvernement français a opté pour la parité au niveau des membres dudit gouvernement. Qu’est-ce que cela vous inspire ?

A.K. : Chaque pays s’organise en fonction de ses réalités historiques, sociologiques, mais également en fonction de ses textes. Le Parlement burkinabè a adopté des textes qui encouragent la promotion du genre, qui invitent à une plus grande responsabilisation des femmes et j’estime que le processus est en cours. C’est ce que le gouvernement français a fait, en rapport avec les réalités de sa société. Ici également, les lois votées sont en phase avec nos réalités. On peut même dire que notre loi à ce propos, se projette dans l’avenir de l’évolution de notre société. Le souhait, maintes fois affirmé du CDP, est de voir les femmes et les jeunes, être davantage responsabilisés.

S. : Dites-nous si le quota genre sera respecté dans votre parti.

A.K. : Nous avons à plusieurs reprises dit que cette loi est l’initiative de notre parti qui est le parti majoritaire au Parlement et au Gouvernement. Quand on vote des lois, c’est pour les mettre en œuvre et les appliquer.

S. : Quel sera le positionnement des femmes sur la liste électorale ?

A.K. : Il y a des quotas qui ont été fixés et le CDP les respectera.

S. : Nous voulons savoir si les femmes vont être bien positionnées sur les listes des candidats que va proposer le CDP. Autrement dit, est-ce que les femmes ne vont pas occuper le bas de liste ?

A.K. : Je ne pense pas que les questions se règlent de la sorte. Il faut signaler que ce sont des élections couplées, législatives et municipales. Il faudra donc au moins un triple niveau de regard, c’est-à-dire le niveau communal, provincial et national. C’est la combinaison de ces niveaux dont il faut tenir compte.

S. : A propos de ces élections couplées, pensez-vous que la date du 2 décembre 2012 est toujours tenable, vu que l’enrôlement biométrique qui devrait démarrer le 21 mai, a été repoussé ?

A.K. : Les dates ont été proposées au gouvernement par la CENI (Commission électorale nationale indépendante). Cette institution a étudié tous les scénarii possibles. Nous lui faisons entièrement confiance dans ce qu’elle propose concernant les élections.

S. : Le CDP compte-t-il organiser des primaires pour choisir ses candidats dans la perspective de ces deux élections à venir ?

A.K. : Ce qui est important, c’est que les militants du CDP auront leur mot à dire dans le choix des camarades qui devront être sur les listes. Nous avons déjà effectué des missions dans les provinces et même à Ouagadougou. Nous avons organisé des assemblées générales, au cours desquelles, nous avons discuté avec les militants. Ils sont à la fois satisfaits d’être consultés et de l’approche de la direction. Nous allons continuer dans ce sens.

S. : Il arrive souvent que le choix des militants à la base ne soit pas respecté.

A.K. : Il y a plusieurs regards qui s’entrecroisent et se complètent pour forger la vue générale du CDP. Je ne crois pas en ce que vous dites, à savoir des inversions de choix. Il y a plutôt plusieurs niveaux de critères qui entrent en ligne de compte. Il y a sans doute, des critères que les militants à la base ont. Ils apprécient selon ces seuls critères, mais à l’échelon supérieur, il y a l’intégration de données nationales à prendre en considération. C’est la raison pour laquelle, vous croyez peut-être parfois à des renversements de situation.

S. : Quelles sont les ambitions du CDP à ces élections-là ?

A.K. : C’est le peuple burkinabè qui donne sa confiance ou son mandat à telle formation politique pleinement, entièrement, partiellement, plutôt qu’à telle autre. Nous considérons que le peuple burkinabè est très mûr. Nous l’aimons et croyons en lui. Nous avons déjà agi et le bilan est visible sur le terrain. Le Burkina Faso vit dans la paix et la liberté. Le peuple décidera dans les urnes, le 2 décembre 2012, de la suite à donner à cette épopée que nous croyons historique. Nous souhaitons qu’il continue d’accorder au CDP et au Président Blaise Compaoré, toute sa confiance.

S. : Certains de vos militants qui sont à l’Assemblée nationale, en font finalement un métier. Avec votre arrivée, peut-on s’attendre à un changement à ce niveau ?

A.K. : Notre mission n’est pas de changer X par Y. Nous avons la responsabilité d’élargir la base du parti, de renforcer la cohésion et de préparer la relève. Je ne sais pas comment on peut assurer la relève, s’il n’y a pas parfois des ruptures, des changements, des mutations, des remplacements. Ces mouvements sont nécessaires pour que dans le travail collectif, chacun puisse se sentir utile et apporter sa contribution. Pour moi, ce n’est pas un problème d’être des représentants de métier. Vous savez bien que d’une manière globale, en même temps qu’on est dans une démocratie politique où les partis ont une très grande responsabilité, on s’oriente aussi dans une démocratie qui prend en compte à la fois des éléments politiques et de la société civile, c’est-à-dire des données citoyennes. Vous voyez donc que c’est un ensemble d’éléments. En prenant en compte ces aspects, la dynamique me semble très bien enclenchée.

S. : Les députés à vie au CDP, c’est donc fini ?

A.K. : Je ne sais pas s’il y a des députés à vie au CDP, … puisqu’ils y sont toujours, vivants, laissant à d’autres, l’imprudence d’anticiper sur leur sort ! Je sais seulement que le CDP est le parti politique dans lequel il y a le plus de dynamisme interne. D’abord au niveau de ses instances, le CDP est l’un des rares partis qui renouvelle ses instances, change régulièrement sa direction. Si vous faites le point, vous verrez qu’à chaque élection, il y a un renouvellement des députés et des conseillers municipaux qui dépasse souvent 50% des effectifs. C’est ce qui fait aussi la vitalité du CDP. Je ne vois pas de députés, ni de maires ni de conseillers municipaux à vie au niveau de notre parti.

S. : Depuis 1991, votre parti gère le pouvoir d’Etat. N’êtes-vous pas essoufflé après tant d’années de gestion ?

A.K. : Je crois que depuis 1991 aussi, l’un des constats positifs de notre évolution démocratique est que les échéances électorales sont respectées. Et à chaque fois, nous avons recours au peuple burkinabè qui nous renouvelle sa confiance. Dieu merci. Si le peuple continue de nous accorder sa confiance, c’est qu’il sait que le CDP travaille pour son bonheur, son avenir, et a encore des initiatives fortes à faire valoir. Il sait aussi que le programme que propose le CDP pour un mieux-être du citoyen burkinabè, est le meilleur et le plus réaliste. Nous nous inscrivons dans cette dynamique de confiance renouvelée et forte que le peuple burkinabè fait à notre parti. C’est une lourde responsabilité. Il n’est donc pas question de parler d’essoufflement, parce que quand on veut faire la promotion des idées de son parti, quand on veut que son programme soit appliqué pour le bonheur du peuple et si ce même peuple vous demande de poursuivre la mise en œuvre de votre projet de société, il n’est pas question de s’arrêter sous prétexte d’un quelconque essoufflement.

S. : Le CDP, entre-temps, a défendu becs et ongles, la révision de l’article 37. Est-ce que cette question est toujours d’actualité après le CCRP (NDLR : Cadre de concertation pour les réformes politiques) ?

A.K. : La question des réformes politiques a toujours été une préoccupation pour le Président du Faso. C’est pourquoi, il a invité le peuple burkinabè et la classe politique, dès 2009, c’est-à-dire, avant la survenue de la crise de 2011, à réfléchir sur les réformes indispensables pour enraciner davantage la démocratie dans notre pays. Ensuite, la crise est intervenue. Il y a eu les assises et leurs conclusions. Le Président du Faso a affirmé la mise en œuvre de tout ce qui a été consensuel et précisé que la concertation se poursuit pour le reste. Le CDP qui est son parti, souscrit à cette logique.

S. : L’on vous qualifie souvent d’être les yeux et les oreilles du Président Faso. Faites-nous la confidence. Va-t-il se présenter à l’élection de 2015 ?

A.K. : Il n’y a pas de confidence à faire. C’est le principal intéressé lui-même qui peut répondre à cette question. A mon humble avis, nous ne sommes pas en 2015 et à ma connaissance, bien que je ne sois pas juriste, il n’y a pas de texte qui stipule que le Président en exercice doit, trois années avant le terme de son mandat, dire s’il se représente ou pas. Le Président du Faso a été élu sur la base d’un programme. Il est en train de s’investir pour que ce programme soit mis en œuvre. Il s’agit notamment, de donner l’électricité aux communes rurales, de faire la promotion de la santé des Burkinabè, de mieux valoriser le capital humain, de créer les conditions pour l’élargissement des richesses en vue d’attirer le maximum d’investisseurs, de créer les meilleures conditions pour l’éducation, la formation et l’emploi des jeunes. Il s’agit également de multiplier les initiatives afin de renforcer les plateformes multifonctionnelles au profit des femmes, d’améliorer la qualité de vie des personnes du troisième âge et d’augmenter le niveau général de vie des populations. C’est le plus important, à mon sens, car après tout, les attentes et les espoirs du peuple portent sur la concrétisation de ces engagements.

S. S’il arrivait que l’actuel président veuille se représenter en 2015, est-ce que le CDP pourrait s’y opposer et proposer un autre candidat ?

A.K. : Même s’il existe l’histoire du temps présent, l’histoire immédiate, proche du temps qui s’annonce, par déformation professionnelle, je ne fais pas l’histoire avec des « si ». Je préfère m’en tenir à la réalité et à la vérité.

S. : Les médiations réussies du Président Blaise Compaoré dans les crises sous-régionales cristallisent les passions. Certains apprécient positivement, alors que d’autres désapprouvent. Quelle est votre position là-dessus ?

A.K. : Les médiations réussies du Président du Faso sont un fait, un constat indéniable. Cela repositionne le Burkina Faso aux niveaux international, africain et sous-régional. Ces médiations ont contribué à un plus grand rayonnement de notre pays. Elles ont redonné de la fierté aux Burkinabè de l’intérieur, mais également à ceux de l’extérieur. Ceux qui ont eu l’occasion de représenter ce pays à l’extérieur ou dans des ONG et organismes internationaux, savent et se rendent compte que ces médiations ont un impact très positif. Quand, par exemple, vous êtes à une réunion et qu’on sollicite le point de vue du Burkina Faso sur des questions très importantes, il y a là, un véritable motif de fierté.

Quand au nom de toutes ces médiations, des Burkinabè vivant à l’extérieur, peuvent retrouver une dignité, je pense que cela est aussi important. L’on m’a cité un jour, le cas de ce compatriote qui aurait été arrêté par la police dans un pays européen et qui dut son salut au fait que le Président du Faso était intervenu pour la libération d’un ressortissant de ce pays qui avait été pris en otage. C’est dire que les différentes médiations sont fortement appréciées. Quand on fait une médiation, c’est pour rechercher la paix. Dieu merci, le Président du Faso a réussi là où beaucoup n’ont .....

... La suite à lire prochainement.

Sidwaya

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