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Casamance : La potion Macky Sall à l’essai

Publié le jeudi 28 juin 2012 à 23h57min

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Macky Sall, le nouveau locataire de la Présidence sénégalaise, peut-il vraiment réussir là où ses prédécesseurs Abdou Diouf et Me Abdoulaye Wade ont échoué ?
La question vaut son pesant d’or, tant la crise casamançaise reste un véritable os coincé entre les dents du Sénégal.

En tout cas, en déplacement à Zinguinchor, la capitale de la Casamance, le mercredi 27 juin 2012, le successeur de Wade s’est déclaré favorable à l’ouverture des négociations avec les chefs de guerre casamançais tels Salif Sadio, César Atoute Badiatte et les hommes d’Ousmane Niantang Diatta. Ce conflit, qui reste le plus vieux du continent (30 ans) et qui perdure en dépit de plusieurs accords de paix jamais respectés, a fait des milliers de victimes civiles et militaires et des dizaines de milliers de déplacés et de réfugiés. Cette situation a fini par harasser bien de personnes et par porter un sérieux coup au développement économique de la région, voire du Sénégal.

Pour mémoire, dès l’indépendance du Sénégal, la Casamance, ou du moins une fraction de ses ressortissants, avait rêvé d’autonomie, et le premier président du Sénégal indépendant, Léopold Sédar Senghor, avait laissé miroiter cette éventualité au bout de quelques années. Cependant, l’indépendance promise tardait à se concrétiser. Qui pis est, les Casamançais avaient le sentiment d’être floués de leurs terres si luxuriantes, si fertiles, si riches, par d’autres populations, venues du nord du pays.

Les Diola, qui constituent l’ethnie principale de la Casamance, sont, dit-on, caractérisés par une grande détermination à faire face à toute puissance étrangère où considérée comme telle. C’est ce qui les avait conduits à rejeter l’esclavage tant européen qu’africain et poussés à se rebeller contre les tentatives de mainmise de l’administration coloniale française.
La Casamance est coincée entre la Gambie et la Guinée- Bissau, réputées instables après plusieurs coups d’Etat successifs et des guerres civiles. Ces deux pays ont été utilisés par le passé comme base-arrière par les rebelles du Mouvement des forces démocratiques de Casamance (MFDC).

Contrairement à Me Abdoulaye Wade, qui, aux premières heures de son accession à la magistrature suprême, s’était donné 100 jours pour résoudre ce fameux conflit et qui a finalement échoué après 12 ans d’immobilisme et de tâtonnements, Macky, lui, semble s’être donné le temps et les moyens d’action. Mais quelle est sa marge de manœuvre et avec qui va-t-il négocier au juste ?

On se souvient que la première visite d’Etat du quatrième président du Sénégal sur le continent a eu lieu en Gambie, et il semble que ses rapports avec le n°1 de ce pays, encastré dans le Sénégal, sont au beau fixe. S’il en est de même en ce qui concerne la Guinée-Bissau, la rébellion va manquer de base-arrière ; ce qui n’est pas rien.
Le plus difficile pour le successeur de Wade pour parvenir à ses fins dans ce conflit est cependant ailleurs.

Comment pouvoir négocier avec le MFDC, constellation de groupuscules armés dont on ne ignore la représentativité de chacun sur le terrain ?
L’autre équation à plusieurs inconnues dans cette situation, c’est le fait que certains ténors, ou considérés comme tels, de la rébellion, à l’image de Salif Sadio, professent qu’ils ne se satisferont de rien d’autre que l’indépendance.
Avec toute sa bonne volonté, que pourrait bien proposer Macky pour combler les attentes de partenaires si difficiles ?

Boureima Diallo

L’Observateur Paalga

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