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FRAUDE ET CONTREFAÇON : Il faut serrer davantage la vis

Publié le jeudi 28 juin 2012 à 23h58min

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La nouvelle venait de m’anéantir complètement. Qu’est-ce qui avait poussé mon petit Solo à monter cette fabrique de liqueurs frelatées, jusqu’à se faire prendre par la police ? Refroidi comme du charbon mouillé, je sortis de la galerie parce que le cœur n’était plus à l’ouvrage. Gin, Pastis, Koutoukou ou Patassé, ces boissons ne m’avaient jamais attiré. Evidemment, pour mon petit Solo et après lui avoir parlé au téléphone, c’était une question de business. Et en la matière, le scrupule n’avait pas sa place ; la santé des buveurs invétérés de ces frelatés, ne le regardait pas. Solo avait choisi de se faire du fric comme ce gaillard qui fabriquait de l’huile alimentaire douteuse, qu’on a arrêté l’année dernière dans mon quartier. Je commençais à me poser des questions sur mes petits qui aimaient m’entourer tous les soirs devant ma bicoque, buvant du thé en jouant la belote.

Se pouvait-il que Solo ne sût pas comment se mettre en règle vis-à-vis de l’Etat en ce qui concerne son activité ? Quelle question ! Je me suis ressaisi en me disant que derrière mon petit Solo, il y avait un gros bonnet, qui l’avait aidé à acquérir son matériel et à recruter autant de gens. A moins d’une fortune fortuite ou d’un gain inespéré à la loterie, il ne pouvait pas avoir ces moyens. Et je me suis convaincu qu’en enfermant Solo, on avait coupé, telle une hydre, une tête qui était amenée à repousser. J’aimais bien ce petit qui avait l’esprit vif mais de là à le soutenir dans la fraude, c’est un pas que je ne pouvais pas franchir. En effet, ces surdoués de la fraude et de la contrefaçon ruinent l’économie de mon pays et mettent en danger la vie de nombreux jeunes.

Malheureusement, on dirait qu’au fur et à mesure qu’on enferme certains, la majorité procède à la sophistication de leurs méthodes. Sans oublier qu’avec leur matelas financier qui est épais, ils peuvent fermer la bouche de bien des gens… Vous croyez que les maires ne connaissent pas ceux qui vendent de l’essence et des liqueurs frelatées dans leur bled ? Si ce n’est pas des cousins du député (et donc des intouchables), ils deviennent de gros contributeurs au budget des communes ou aux coupes du maire. En y réfléchissant, je suis arrivé à la conclusion que l’Etat ne sanctionne pas sévèrement les fraudeurs. S’ils peuvent retrouver la liberté après quelques mois de taule, qu’est-ce qui les fera reculer quand les forces de l’ordre les arrêtent et les présentent à la télé ?

Et les commerçants qui vendent les liqueurs frelatées, les huiles douteuses, les sacs de riz ou de ciment reconditionnés à 40kg, qu’est-ce qui leur arrive ? Et les propriétaires des maisons dans lesquelles se font toutes ces pratiques, qu’est-ce qu’ils encourent ? Ne doit-on pas songer à saisir ces maisons ? A ce rythme-là, ceux qui aiment l’argent facile ou le gain rapide ne peuvent que s’en réjouir et profiter des failles de la réglementation. Solo m’avait gâché la journée. Depuis quand il avait appris à faire de la chimie pour sortir de ses cuves de l’alcool (du poison en réalité !) ? Secouant lourdement la tête, j’ai promis de passer le voir en prison et le sermonner un peu. Sacré Solo !

Le Fou

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