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Autant le dire… : Attachons la ceinture, la période de soudure sera rude

Publié le mardi 26 juin 2012 à 22h41min

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Le dernier bulletin hebdomadaire sur le marché agricole de la Société nationale de gestion du stock de sécurité (SONAGESS) du 11 au 17 juin 2012 donne les prix des céréales sur différents marchés à travers le pays. En effet, selon l’hebdo des prix « cette semaine sur les marchés de détail, on a observé une légère hausse du prix moyen du mil local de 3 % contre une légère baisse de 2 % pour le sorgho blanc. Le prix moyen du maïs blanc est demeuré stable ». En même temps, le bulletin publie « les prix aux consommateurs les plus élevés qui sont observés sur les marchés de Djibo pour le maïs blanc (247 F/Kg) ; de Gorom-Gorom pour le mil local (342 F/kg) et le sorgho blanc (293 F/Kg). Les prix aux consommateurs les moins élevés sont observés sur les marchés de Tenkodogo pour le mil local (219 F/Kg) ; de Kombissiri pour le maïs blanc (183 F/Kg) et pour le sorgho blanc (183 F/Kg).

Comparativement à la même période de l’année passée, on observe, toujours selon le bulletin hebdomadaire une hausse de la moyenne des prix de l’ordre de 42 % pour le maïs blanc, 59 % pour le sorgho blanc et 64 % pour le mil local.

Ces moyennes sont de l’ordre de 210 F CFA le kg de maïs blanc, de 274 F CFA le kg de mil local et de 222 F CFA le kg de sorgho blanc. En clair, le sac de maïs blanc de 100 kg coûte au consommateur en moyenne 21 000 F CFA, celui du mil local 27 400 F CFA et le sorgho blanc 22 200 F CFA. Alors que sur le marché de collecte, on paie chez le producteur le kilogramme de maïs blanc à 170, le mil local à 236 F CFA et le sorgho blanc à 188 F CFA.

La première observation qu’on peut faire, est que les prix des céréales sont à l’un de leur plus haut niveau en ce moment. Ce qui, naturellement les rend inaccessibles au consommateur moyen. Quand on sait que nous ne sommes qu’au mois de juin, alors que la période de soudure se situe généralement en juillet – août - septembre, on imagine ce que seront les prix en cette période.

La deuxième observation, c’est que les collecteurs paient aux producteurs les céréales à des prix assez bas et les revendent beaucoup au consommateur plus chèrement. Exemple : le collecteur achète le sac de 100 kg de maïs blanc en moyenne à 17 000 F CFA qu’il revend à 21 000 F C FA. Soit 4 000 F CFA de marge. Quant au mil local, le collecteur à une marge de 3 800 F CFA ; le sorgho blanc lui rapporte 3 400 F CFA. Ce qui, en cette période est assez énorme au regard de la solidarité et des mesures prises par le gouvernement pour mettre à la disposition des Burkinabè des céréales à prix sociaux.

C’est à se demander si ces mesures sont une réalité. Si oui, elles sont tout de même assez difficilement compréhensibles. Dans la mesure où la même SONAGESS est parvenue à vendre le riz à un prix assez acceptable, on comprend avec assez de difficultés qu’elle ne puisse pas en faire de même pour les céréales. Produites ici chez nous par nos producteurs. Comme c’est le cas du riz vendu dans les magasins SONAGESS.

C’est dire donc que nous sommes bien partis pour une période de soudure assez difficile dans nos villes et dans nos campagnes. Et cela est d’autant plus probable que la saison des pluies s’installe difficilement. On l’avait bien dit lorsque le gouvernement avait instruit les maires des communes à production excédentaire en collaboration avec les commerçants à collecter les céréales que l’opération ne donnerait pas les résultats escomptés. La preuve est bien là puisque les prix sociaux tant annoncés risquent de ne pas être au rendez-vous. Et c’est le Burkinabè moyen qui en souffrira. Déjà qu’il souffre pour joindre les deux bouts. On peut bien nous faire croire que les réfugiés sont venus accroître la demande en céréales. Mais, cela ne doit pas avoir une incidence aussi grande sur les prix pratiqués sur le marché. Il faut donc revoir le dispositif de sécurité alimentaire si on ne veut pas que les Burkinabè qui ont suffisamment attaché la ceinture soient exaspérés.

Dabaoué Audrianne KANI

L’Express du Faso

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Vos commentaires

  • Le 27 juin 2012 à 10:12, par Fox En réponse à : Autant le dire… : Attachons la ceinture, la période de soudure sera rude

    La réalité est que la SONAGESS n’a pas de stocks suffisants pour satisfaire la demande. Voyons un peu les chiffres. Le déficit céréalier a été de 154 462 tonnes. Seulement 25000 tonnes de céréales ont été dispatchées et il reste un besoin de 100000 tonnes pour couvrir la période de soudure. Dans cette situation je pense que l’État doit encore demander un renfort aux ONG qui sont plus dynamiques en matière de gestion de projets et de secours d’urgence. Et surtout investir d’avantage dans la sécurité alimentaire

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