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Proverbe du Jour : “Nous sommes lents à croire ce qui fait mаl à сrοirе. ” Ovide

Coup... de paix en Cote d’Ivoire

Publié le mardi 2 novembre 2004 à 07h08min

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"Le plus long voyage commence par le premier pas". Ce proverbe chinois est, une fois de plus, en passe de se vérifier, car la résolution du conflit militaro-politique ivoirien prend des contours d’un très long périple parsemé d’escales que constituent les nombreuses rencontres d’Abidjan, de Marcoussis-Klébler, d’Accra, de Bamako, de Ouagadougou, etc. "Tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir".

C’est parce que nous croyons en cette dernière assertion que nous avons accepté d’accompagner l’Institut PANOS et l’Union Européenne à travers ce dossier de l’Afrique de l’ouest. Un saut dans les chiffres de certaines économies nationales en difficultés à cause de la crise ivoirienne qui perdure ; un flash-back sur les étapes importantes de la guerre, des réconciliations avortées ou non et des perpectives d’élection en 2005 en Côte d’Ivoire ; un séjour dans l’antre des "bayiri" de Gaoua (province du Poni) et un appel du président de la communauté ivoirienne au Burkina Faso.

Ce sont, entre autres les sujets que nous abordons dans ce dossier. Loin d’être exhaustive la situation que nous présentons est tout de même une photographie d’ensemble des conséquences qu’impose la crise ivoirienne au Burkina Faso, à la Côte d’Ivoire et à la région. Nous n’avons pas pu obtenir d’autres chiffres très actuels vu que des études commanditées par des institutions comme l’Union économique et monétaire Ouest-africaine (UEMOA) ne sont pas encore validées donc indisponibles pour le public. Toutefois, avec l’appui de la représentation nationale du PNUD, de la Direction de la Douane et du service de documentation de la Banque mondiale, nous avons pu avoir des statistiques qui restent d’actualité.

Par le biais de ces articles, les Editions "Le Pays" qui ont toujours dénoncé la xénophobie, la guerre et tous les autres maux qui maintiennent l’Afrique dans la gadoue du sous-développement, traduisent leur espoir inextinguible d’accompagner la Côte d’Ivoire dans sa quête de la paix pour le bonheur de la sous-région, voire de l’Afrique. Il faut que le 19 septembre 2000 devienne un mauvais et lointain souvenir dans la mémoire des Africains

Morin YAMONGBE

"Avec la collaboration de l’Institut Panos Afrique de l’Ouest et de l’Union européenne"


COTE D’IVOIRE : Fragile climat de paix

19 septembre 2002. La Côte d’Ivoire plonge dans le chaos d’un conflit aux conséquences incalculables. Toujours à la recherche d’une paix qui lui file entre les doigts, saura-t-elle exorciser une fois pour toute les démons de l’intolérance, de la haine et des faux calculs ? Se résoudra-t-elle à tourner le dos aux mâchoires de la géhenne ? Chronologie d’une crise qui a fortement ébranlé un pays jadis considéré comme un havre de paix.

19 septembre 2002. Roulement de tonnerre dans le ciel relativement déjà trouble de la Côte d’Ivoire.
Un coup d’Etat contre le régime du président Laurent Gbagbo élu en 2000, vient d’être déjoué. Le général Robert Gueï qui avait dirigé le coup d’Etat de 1999, et le ministre de l’Intérieur du gouvernement Gbagbo, Emile Boga Doudou, sont tués à Abidjan. Les mutins, originaires du nord du pays pour la plupart, prennent le contrôle de Bouaké et de Korhogo (nord). Abidjan a le souffle coupé. Les quartiers pauvres de la capitale ivoirienne, peuplés majoritairement d’immigrés de l’Afrique de l’Ouest, sont incendiés. Les habitants de ces quartiers accusent les militaires et la gendarmerie d’y avoir mis le feu. Pour Laurent Gbagbo, des « forces extérieures » soutiennent le soulèvement. 22 septembre : les premiers renforts militaires français débarquent en Côte d’Ivoire. L’opération consiste, comme le laisse entendre Paris, à évacuer à Bouaké et à Abidjan, les ressortissants étrangers. Paris annonce ensuite officiellement que la France apporte son « soutien logistique » à Abidjan.

Un pavé dans la mare

Le 29 septembre 2002, la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) décide de créer un « groupe de contact » pour assurer une médiation. Le climat reste tendu, malgré les efforts de médiation. Le 1er octobre 2002, le Mouvement patriotique de Côte d’Ivoire (MPCI, branche politique de la rébellion), jette un pavé dans la bouillante mare ivoirienne. Il annonce vouloir renverser le régime et demande la réintégration des militaires forcés à l’exil en 2000 et 2001, après les tentatives de coup d’Etat sous la transition militaire.

La France invitée à la neutralité

La France qui a signé des accords de défense avec la Côte d’Ivoire, prend progressivement position en faveur des autorités ivoiriennes. Les mutins l’invitent à la neutralité. Le mercure socio-politique n’est pas pour autant redescendu. 6 octobre 2002. Les choses se compliquent quand, à l’issue d’une semaine de médiation de la CEDEAO, Laurent Gbagbo refuse de signer l’accord de cessez-le-feu avec les rebelles. Bouaké est alors le théâtre de violents combats qui vont durer deux jours. Les forces régulières perdent la bataille. Elles sont repoussées par les rebelles. 15 octobre 2002. Une victoire tout de même pour les forces loyalistes. Elles ont repris Daloa (Ouest) aux rebelles.

Le 17 octobre 2002, la petite flamme de paix qui brillait au loin semble s’être rapprochée. Un accord de cessation des hostilités est en effet signé à Bouaké entre belligérants. Le président Gbagbo l’accepte et demande à la France de contrôler le cessez-le-feu. Le 20 octobre 2002, les militaires français se déploient sur une ligne traversant le pays d’est en ouest. La Côte d’Ivoire est coupée en deux. Les rebelles crient à l’ingérence. Le 23 octobre, c’est l’entrée en scène du doyen des présidents africains, Gnassingbé Eyadéma, qui est désigné coordonnateur de la médiation. Un pas vers la paix ? Non. Car la médiation ne connaît pas de succès.

Le pays coupé en deux

Mais une semaine plus tard, les premières négociations directes entre gouvernement et rebelles du Mouvement patriotique de Côte d’Ivoire (MPCI) à Lomé au Togo, ne sont pas sans fruits. Le 1er novembre, le gouvernement ivoirien accepte le principe d’une amnistie et d’une réintégration des mutins dans l’armée. Et le 19 novembre, les rebelles acceptent de lâcher du lest. Ils n’exigent plus expressément la démission de Laurent Gbagbo ni la tenue de nouvelles élections, mais « l’installation d’un nouvel ordre politique ». Laurent Gbagbo propose un référendum sur une éventuelle modification de la Constitution. Mais alors que l’on croyait que soufflait une légère brise d’optimisme, voilà que les vieux démons infestent à nouveau le pays. Le 23 novembre, les rebelles affirment qu’une « attaque » de leurs positions par les forces gouvernementales est « imminente ».

Purger le douloureux passé

Les trois jours qui suivent, le président du Rassemblement des républicains (RDR), Alassane Ouattara, retire ses ministres du gouvernement. Il quitte l’ambassade de France (à Abidjan) où il est réfugié et s’exile au Gabon.
La classe politique ivoirienne a visiblement été incapable de purger un passé douloureux. 28 novembre : le Mouvement populaire ivoirien du Grand ouest (MPIGO) et le Mouvement pour la justice et la paix (MJP), deux nouveaux groupes, prennent Man et Danané (extrême ouest). 160 étrangers sont évacués depuis l’aéroport de Man alors que les premiers affrontements meurtriers entre militaires français et rebelles éclatent. Le 5 décembre, un charnier est découvert près du village de Monoko-Zohi (Ouest) et le 7 décembre, l’agence missionnaire catholique Misna fait état de l’existence d’un charnier près de Bouaké.

Premier conseil des ministres

Face à la crise persistante, Paris annonce, le 11 décembre, l’envoi de plusieurs centaines d’hommes, ce qui portera à 2500 le nombre de soldats présents dans le cadre de l’opération « Licorne ». Mais une fois de plus, le MPCI demande la neutralité totale et le retrait des soldats français. Les principaux partis ivoiriens arrivent à signer un « document politique » en présence des présidents Gbagbo et Eyadéma, dans lequel ils réaffirment leur attachement à la légalité constitutionnelle et soutiennent le processus de paix engagé à Lomé. Ne dit-on pas qu’"il n’y a jamais eu de bonne guerre ni de mauvaise paix" ? Le 20 décembre, les combats reprennent. La ville de Bangolo (sud de Man) tombe aux mains des rebelles et le lendemain, à Duékoué à l’ouest, des blindés français tirent sur un groupe rebelle pour stopper sa progression. Le 31 décembre, l’armée ivoirienne bombarde un village en zone rebelle, au-delà de la « ligne de cessez-le-feu » surveillée par les troupes françaises.

L’accord qui vient d’être signé a-t-il été recraché comme une potion amère ? Quoi qu’il en soit, on ose toujours croire que la paix est possible. Le 3 janvier 2003, les premiers éléments de la force ouest-africaine arrivent à Abidjan . C’est le même jour que débarque en Côte d’Ivoire Dominique de Villepin, ministre français des Affaires étrangères. Il obtient des autorités d’Abidjan et du MPCI l’observance d’un cessez-le-feu et l’acceptation d’une table ronde politique le 15 janvier, qui sera suivie d’un sommet de chefs d’Etat africains le 27 janvier 2003.

La Côte d’Ivoire a-t-elle résolument tourné le dos à la violence ? Pas pour longtemps. Des heurts entre rebelles de l’ouest et militaires français près de Duékoué font 30 morts chez les rebelles et 9 blessés côté français. La Côte d’Ivoire n’est pas maudite tout de même ! Le 8 janvier, le MPIGO et le MJP concluent un accord de cessez-le-feu avec les troupes françaises et acceptent de participer à la table ronde. Un autre accord est signé à Lomé le 13 janvier entre le gouvernement ivoirien et les chefs des deux mouvements rebelles de l’ouest. C’est, dirait-on, la paix à petits pas. Le plus grand pas est fait le 24 janvier 2003 quand un sommet convoque à Marcoussis, près de Paris, les protagonistes pour crever tous les abcès de la crise.

A l’issue de plusieurs jours de négociation, un accord est signé, qui prévoit le maintien au pouvoir du président Gbagbo et la mise en place d’un gouvernement ouvert à toutes les parties, y compris les rebelles. Il est accepté par le président Gbagbo (du moins du bout des lèvres) qui annonce la nomination d’un Premier ministre de consensus, Seydou Diarra. Guillaume Soro, secrétaire général du MPCI, annonce de son côté que son mouvement a obtenu les portefeuilles de la Défense et de l’Intérieur. Le 1er février 2003, les accords sont pour la énième fois contestés par les "jeunes patriotes" qui refusent l’entrée au gouvernement des rebelles, au cours de violentes manifestations. Paix et crises rythmeront ainsi la vie en Côte d’Ivoire, à l’image du soufflet d’une forge.

Le 7 février 2003, débarquent de nouveaux renforts français, portant l’effectif de l’opération Licorne à environ 4 000 hommes. 11 mars 2003 : un nouveau gouvernement de réconciliation nationale avec 39 ministres issus des dix signataires de l’accord de Marcoussis est formé.

Les ministères de la Défense et de l’Intérieur demeurent vacants. Le 13 mars 2003, le premier conseil des ministres se réunit à Yamoussoukro en l’absence de 21 ministres, notamment ceux issus de la rébellion. La plaie ivoirienne n’a pas été soigneusement pansée. 17 mars : premier conseil des ministres à Abidjan avec la participation des ministres issus de la rébellion. 1er mai 2003 : on tient peut-être la paix par le bon bout. A Abidjan, un accord de cessez-le-feu est signé. Le 5 mai, les Forces armées nationales de Côte d’Ivoire (FANCI) et les Forces nouvelles (FN, rebelles) acceptent de créer une zone de confiance démilitarisée de l’est à l’ouest dans le centre du pays. Le 4 juillet, la Côte d’Ivoire jubile. C’est la "fin de la guerre". Le 12 septembre 2003, les ministres de la Défense et de la Sécurité intérieure sont nommés. Des nominations toutefois contestées par les Forces Nouvelles qui suspendent aussitôt leur participation aux activités du gouvernement de réconciliation nationale.

Nouveau coup dur pour la paix.
3-4 décembre. De « jeunes patriotes » proches du président Gbagbo font un « sit-in » devant la base militaire française d’Abidjan. Ils réclament le retrait des troupes françaises. Le président calme le jeu. Il se prononce pour la première fois en faveur d’ une application intégrale des accords de Marcoussis. Le 6 janvier 2004, les ministres des FN acceptent de rejoindre le gouvernement de réconciliation nationale. Est-ce le retour à une véritable paix ? Pas si sûr. Car le Conseil de sécurité des Nations unies se voit obligé d’adopter, le 27 février 2004, la résolution 1528 prévoyant le déploiement de 6 240 Casques bleus en Côte d’Ivoire.

Aussi le 25 mars 2004, une marche de l’opposition qui se voulait pacifique, mais interdite par les autorités, cause-t-elle la mort de 120 manifestants, selon une commission d’enquête de l’ONU. Un événement qui conduit le Rassemblement des républicains (RDR), l’Union pour la démocratie et la paix en Côte d’Ivoire (UDPCI), le Mouvement des forces d’avenir (MFA) et les trois mouvements rebelles, regroupés au sein des FN à se retirer du gouvernement. L’horizon de la paix s’est-il encore éloigné ? 23 avril 2004 : un projet de loi prévu dans l’accord de Marcoussis portant sur l’identification des personnes et le séjour des étrangers est adopté par les députés. Redonne-t-il vie à l’espoir ? 29-30 juin 2004 : reprise du dialogue entre le président Gbagbo et les responsables d’opposition en l’absence des FN.

Quid des élections de 2005 ?

C’est la preuve que la paix est toujours fragile. Autrement, un mini-sommet sur la crise ivoirienne n’aurait pas été convoqué le 6 juillet 2004 à Addis Abeba ( Ethiopie). Ni le "sommet d’Accra III", tenu le 29 juillet 2004, sous les auspices de l’ONU, de l’Union africaine et de la CEDEAO (Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest). Quoi qu’il en soit, un autre pas a été fait vers la paix. C’est l’accord signé à Accra qui prévoit des réformes politiques sur les conditions d’éligibilité à la présidence de la République ainsi que le désarmement des ex-rebelles et des forces armées régulières.

C’est d’ailleurs en application de cet accord, que le gouvernement de réconciliation nationale s’est réuni au complet le 9 août, mettant fin à quatre mois de boycott de l’opposition. 21 août 2004 : séjour au Burkina d’une mission onusienne chargée d’enquêter sur les violations des droits humains en Côte d’Ivoire, après avoir bouclé un mois d’enquête dans ce pays. Elle se rend ensuite dans d’autres pays de la sous-région comme le Mali.

Loin d’attiser les rancoeurs, l’objectif de l’enquête est d’aboutir à la réparation des torts. Seulement, le relatif climat de paix en Côte d’Ivoire ne risque-t-il pas d’être remis en cause, étant donné que les réformes sur lesquelles les protagonistes de la crise semblent s’être entendus tardent jusqu’à présent à être opérées ? Dans cette atmosphère plus qu’incertaine, les élections prévues en 2005 pourront-elles se tenir ? Autant de questions qui turlupinent plus d’un observateur de la scène ivoirienne

Par Cheick Beldh’or SIGUE


CRISE IVOIRIENNE : Des conséquences économiques majeures

La crise ivoirienne est venue déjouer les pronostics de croissance des pays membres de l’Union économique et monétaire ouest- africaine (UEMOA). Cela du fait que la Côte d’Ivoire représente 45,5% de la circulation fiduciaire de cet espace, 37,7% du PIB, 40% de la masse monétaire et 42,6% des crédits à l’économie. Les pays qui ressentent vivement le contre-coup économique de cette crise sont le Burkina, le Mali, le Niger, c’est-à-dire les Etats sans littoral et dont l’essentiel des importations et des exportations transite par le Port autonome d’Abidjan (PAA) .

Le blocage en Côte d’Ivoire du frêt destiné au Burkina, au Mali, et au Niger aux premiers jours du déclenchement de la crise ivoirienne annonçait les couleurs pour l’économie de ces pays. Une solution de rechange pour certains importateurs avait consisté à dérouter leur frêt sur les ports du Ghana et du Togo, ce qui allongeait subséquemment le trajet et donc augmentait les coûts de revient, d’où la hausse des prix à la consommation. D’autres marchandises sont restées au port d’Abidjan par suite d’avarie ou par simple calcul économique ; un surplus de coût lié au transport entraînerait une hausse de prix, ce qui rendrait lesdits produits non concurrentiels.

Parallélisme des formes, les exportations de ces pays ont emprunté et continuent toujours d’emprunter pour une large part, le même circuit ghanéen ou togolais. Et même pour exporter des marchandises destinées au marché ivoirien lui-même, beaucoup d’opérateurs passent par le Ghana, malgré la reprise du trafic entre la Côte d’Ivoire et ses voisins. Ce contournement s’explique en grande partie par le racket routier dont se plaignent les utilisateurs de l’axe routier Burkina-Côte d’Ivoire ou Mali-Côte d’Ivoire. Cependant, contourner Abidjan, était peu aisé pour un pays comme le Burkina qui avait du mal à trouver une alternative à ce port pour écouler son coton.

Au Niger, la crise ivoirienne a essentiellement des répercussions sur ses exportations d’oignons dont la part vers la Côte d’Ivoire a représenté 89% des exportations pour les neuf premiers mois de 2002. Les pertes de recettes douanières étaient estimées à 3,4 milliards de FCFA au dernier trimestre 2002. A cette perte, il faut inclure 1,8 milliard de FCFA de compensation de l’Union économique et monétaire ouest-africaine.

Au Mali on impute à ce conflit la baisse du taux de croissance qui est passé de 6,11% en 2003 à 4,8% au premier semestre de 2004. A cette cause, il faut ajouter la crise du secteur du coton, principale recette d’exportation du Mali.
Pour la Côte d’Ivoire elle-même, les perspectives de croissance à la veille du conflit étaient bonnes. Son taux de croissance est passé de -2,3 en 2000 à -0,9 en 2001, soit une progression de 1,4 point. Une croissance économique d’environ 4% qui était attendue en 2004 n’a pas été atteinte. Certains économistes n’excluent pas qu’une nouvelle dévaluation du FCFA soit préconisée par les bailleurs de fonds internationaux si la crise persiste.
Au Burkina, dès septembre 2002, les recettes perçues sur les importations de la Côte d’Ivoire ont atteint un niveau inférieur à celui du même mois en 2001, soit 900 millions de FCFA en 2002 contre 1,3 milliard en 2001.

Toutefois, les recettes douanières ont enregistré un dépassement de 12 milliards de FCFA en 2002 et 17 milliards en 2003. Cela s’explique, entre autres, par la réorientation des circuits d’approvisionnement. Jacques Guéda, enseignant à l’Université de Ouagadougou faisait cette analyse dès les débuts de la crise : "Etant donné que les importations en provenance de la Côte d’Ivoire bénéficient d’un tarif préférentiel du fait de son appartenance à l’UEMOA, si les importations du Burkina Faso se détournent sur des produits hors UEMOA, les recettes auront tendance à augmenter du fait de l’application des droits de douanes élevés".

Cette donne se conjugue avec la fiscalité de porte sur les importateurs maliens qui traversent le Burkina pour s’approvisionner au Togo. Baromètre du niveau des transactions entre la Côte d’Ivoire et le Burkina, la santé financière du transporteur par rail, Sitarail, nous situe sur cette question. Cette société, avec 24 milliards de FCFA de chiffre d’affaire avant la crise ivoirienne, totalisait selon les dernières statistiques des huit premiers mois de 2002, 801 178 tonnes de trafic de marchandises. Au premier semestre 2004, le trafic est de 400 000 tonnes de marchandises, soit une baisse de 50% par rapport à 2002.

Même résultat au niveau de la confection de conteneurs soit 1820 conteneurs en 2002 contre 95 en 2004. L’arrêt du trafic ferroviaire avait également plongé dans le chômage technique un millier d’employés dans les deux pays et bloqué des centaines d’acteurs du secteur informel dont l’activité gravitait autour du train. Dans le même ordre d’idée, la fermeture des frontières avait obligé nombre de transporteurs transfrontaliers à mettre la clé sous le paillasson ou à réorienter leur activité vers l’interne, d’où une baisse substantielle de leurs chiffres d’affaires.

Le retour massif des émigrés de la Côte d’Ivoire a des conséquences socio-économiques évidentes pour le Mali, le Niger, etc. mais surtout pour le Burkina qui y a une forte colonie. Les dernières statistiques de la section burkinabè de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), chiffrent à 342 377 le nombre de Burkinabè rapatriés de Côte d’Ivoire par ses soins ou les soins du Comité national de secours d’urgence et de réhabilitation (CONASUR), structure nationale officiellement chargée du rapatriement volontaire des émigrés dans le cadre de l’opération "Bayiri" (retour au bercail). A ce chiffre, il faut sans doute greffer ceux qui sont rentrés par leurs propres moyens et qui sont loin de constituer une quantité négligeable.

Ce retour de personnes généralement sans le sou engendre un effet d’appauvrissement, et réduit les transferts de fonds en provenance de la Côte d’Ivoire, de même qu’il pose des problèmes de gestion sociale et politique ; la demande en infrastructures socio-éducatives devient exponentielle. Ce retour s’accompagne également d’une augmentation du taux de chômage dans les régions d’accueil.

Une des conséquences majeures de cette crise si elle perdure, est qu’elle pourrait porter un coup à la règle du tarif préférentiel communautaire (TPC), source de moins-values de recettes douanières.
L’incapacité pour la Côte d’Ivoire de s’acquitter des versements compensatoires aux pays membres de l’UEMOA pourrait les amener à refuser d’appliquer le TPC, ce qui tractera vers l’arrière la dynamique intégrationiste de la sous région ouest-africaine, union qui est pour le moment un modèle de réussite

Sources

- Jacques Guéda : Impacts de la crise ivoirienne sur l’économie du Burkina Faso, étude commanditée par le PNUD Ouagadougou, nov. 2002 ;
- Soungalo Koné : L’Afrique de l’Ouest à la veille de l’an 2003 ; perspectives économiques compromises in Ouest Afrique économie, déc. 2002 ;
- Bernard Conte : Les dimensions internationales de la crise en Côte d’Ivoire, sept. 2004 ;
- Commission économique pour l’Afrique : Effets de la crise ivoirienne sur l’économie du Niger, mai 2003


PKIEMINA HIEN : La rapatriée qui chante la paix

Silhouette frêle, cheveux grisonnants, Pkiemina Hien est quadragénaire. Sur son visage, le temps a tracé son sillon à travers quelques rides. Signes du temps qui passe. C’est bien cela l’inquiétude de dame Hien. Depuis deux ans, le temps égrène son chapelet et l’espoir pour elle se dissipe.
Elle refuse cependant le désespoir. Quelque part en Côte d’Ivoire, son mari et ses cinq enfants sont peut-être encore en vie. Fuyant la violence de la guerre, la famille s’est disloquée.Au déclenchement de la crise ivoirienne en 2002, Pkiemina Hien, son époux et ses six enfants étaient du côté de Taï, une ville frontalière du Liberia. Un matin, la famille a tout abandonné précipitamment, suite à une attaque de leur campement par les populations autochtones. C’était la débandade. Depuis, plus aucune nouvelle des siens. Elle a dû s’enfuir avec le benjamin de ses enfants en direction de Gaoua, sa ville natale. De retour à la maison, une seconde vie commence pour elle, avec l’aide de la communauté et des structures d’accueil de rapatriés, mises en place par les autorités burkinabé. Mais, Pkiemina (celle qui réfléchit avant de parler en langue dagara) elle, n’a pas oublié.
Elle veut comprendre comment tout cela est arrivé. Son secret espoir, que tout redevienne comme avant. Que tous les membres de sa famille soient à nouveau réunis, comme lorsqu’ils cultivaient ensemble le champ familial, qu’elle s’occupait des enfants et vivait en toute fraternité avec ses voisins, là-bas, en Côte d’Ivoire. Depuis son retour au bercail, elle raconte à qui veut l’ entendre son histoire, son drame familial, sans haine. Est-ce pour cela qu’elle chante désormais la paix ? Non ! "Avant je la chantais déjà, mais aujourd’hui , j’en éprouve davantage le besoin. J’ai envie de partager mes espoirs et dire que la paix est un bien précieux".
En tout cas, c’est à la tête d’une troupe de femmes que nous l’avons découverte. Dans ses chansons, elle magnifie les vertus de la paix, condamne les affres de la guerre, et demande aux autorités politiques des deux pays de tout mettre en oeuvre pour sceller la réconciliation en Côte d’Ivoire

Abdoulaye TAO

Légende

Pkiemina Hien, rapatriée de Taï chante désormais pour la paix entre les peuples

SEHE CASIMIR YORO (Président de la Communauté ivoirienne au Burkina Faso) : "Nous devons beaucoup aux Burkinabè"

Séhé Casimir Yoro vit au Burkina Faso depuis plus d’une dizaine d’années. Sans y être né, il s’y est marié et travaille dans ce pays qui l’a accueilli à bras ouverts, tout comme il l’a fait pour les nombreux Ivoiriens qui y vivent "en parfaite harmonie avec leurs frères burkinabè". Sans doute pour son esprit rassembleur et ses qualités de leader, cet homme qui fait valoir ses talents dans une imprimerie de la place, préside aux destinées de la Communauté ivoirienne depuis 3 ans. Il a été élu dans les locaux de l’ambassade ivoirienne le 26 août 2001. L’ homme a une grande expérience dans le militantisme associatif, pour avoir occupé des postes de responsabilité au niveau des mouvements scolaires , estudiantins et dans la vie active. Entretien.

« Le Pays » : Comment se porte la communauté ivoirienne vivant au Burkina Faso ?

Séhé Casimir Yoro : La communauté ivoirienne vivant au Burkina Faso se porte bien. Heureusement d’ailleurs que nous sommes au pays des Hommes intègres. Les populations burkinabè méritent réellement cette appellation. La période couvrant 2001 à nos jours est très chargée d’événements pour nos deux pays. Nous avons d’abord eu le rapatriement des Burkinabè de Tabou et ensuite la guerre qui a commencé en Côte d’Ivoire. Malgré toutes ces péripéties, nous sommes traités de façon parfaite au Burkina. Nous avons été très bien accueillis par nos hôtes, nos tuteurs, nos frères burkinabè. C’est pour vous dire que ça va.

Le problème entre la Côte d’Ivoire et le Burkina puise alors apparemment sa source dans les ambitions et agissements des politiques, vu que les populations commercent dans une symbiose presque parfaite.

Vous avez vu juste. La faute revient aux politiciens car entre nous populations, nous n’avons pas de problème. La preuve est que lorsqu’il y a par exemple dans une gendarmerie ou dans un commissariat un cas où un Ivoirien est impliqué, le commissaire ou le commandant de brigade, m’appelle toujours. Et quand je me présente, les choses s’arrangent, si elles le peuvent. Jusqu’à présent, entre nos deux populations ça va parfaitement.

Dites donc quelque chose à tous ces politiciens qui, au lieu d’œuvrer pour la consolidation de l’intégration construite par les peuples, manœuvrent dans le sens de la détruire.

Même ce matin (le jeudi 23 septembre, ndlr), j’écoutais à la radio une chanson qui disait que la politique tue. C’est pour demander aux hommes politiques de tous les bords (il insiste sur le « tous les bords », certainement pour parler des politiciens du pouvoir comme ceux de l’opposition, ndlr). Il faut qu’ils pensent au bien-être des populations car sans nous, les dirigeants ne peuvent pas être où ils sont. Moi par exemple, si je suis président de la communauté ici, c’est par la volonté des Ivoiriens qui ont fait leur choix en toute liberté et connaissance de cause. Aujourd’hui donc, si quelqu’un est président, c’est parce qu’il a été élu par les populations. En retour, il doit avoir pour seule ambition d’agir dans l’intérêt desdites populations. Sinon quand ça tourne au vinaigre, c’est toujours le peuple qui trinque. Ce sont les populations qui sont les seules victimes, vu que les autorités ne peuvent être, ou sont rarement atteintes. Les politiques doivent savoir mettre de côté leur détermination d’avoir ou de rester au pouvoir par tous les moyens, au détriment des peuples. Actuellement, on sait tout ce que la guerre en Côte d’Ivoire a coûté.

Avez-vous des nouvelles de la Côte d’Ivoire qui vous rendent optimistes sur le retour à la paix, avec la tenue de l’élection présidentielle en 2005 ?

Je souhaite que la paix revienne rapidement en Côte d’Ivoire. Sans vouloir être trop en avance sur les choses, j’ai l’intention de me présenter moi-même aux législatives en 2005 ou en 2010 chez moi, à Facobly. Il faut donc que la guerre prenne fin afin que des élections puissent être organisées. Dans cette logique, j’apprécie le comportement du président Laurent Gbagbo qui est disponible et parcourt pratiquement tous les pays, dont le Burkina Faso, pour rechercher des solutions de paix. Ce matin (jeudi 23 septembre, ndlr) j’ai écouté à la radio qu’il y a un certain nombre de mesures que les frères rebelles (Forces Nouvelles, ndlr) de Bouaké sont en train de prendre aux frontières de ladite ville pour ramener la situation au calme. J’ai de l’espoir et je souhaite que nos autorités fassent tout pour que la paix revienne assez rapidement en Côte d’Ivoire.

Si la paix revient en Côte d’Ivoire, ce serait bien pour les Ivoiriens, mais aussi pour les Maliens, Togolais, Nigériens, Sénégalais, Guinéens et Burkinabè, en somme tous les étrangers qui subissent beaucoup d’exactions dans ce pays, d’où ils sont contraints de fuir.

La Côte d’Ivoire est un pays qui a accepté au départ d’accueillir toutes les communautés de tous les pays voisins. Au cours primaire, nous avons eu des enseignants burkinabè. Je peux citer par exemple Olivier Sandwidi. Au collège, nous avons eu des professeurs béninois, togolais et bien d’autres nationalités.

Tout le monde venait en Côte d’Ivoire. Cette situation que vit la Côte d’Ivoire de nos jours porte en effet préjudice aux étrangers qui y vivent. Or nous devons beaucoup aux étrangers qui ont travaillé dans ce pays. Si aujourd’hui la Côte d’Ivoire est ce qu’elle est, c’est aussi grâce aux étrangers. Il faut qu’on fasse en sorte que ces étrangers reviennent en Côte d’Ivoire et participent toujours à son développement, en se conformant aux lois ivoiriennes.

Avez-vous un appel à lancer aux politiciens et aux populations ivoiriennes et burkinabè ?

Je voudrais commencer par remercier le journal « Le Pays ». Vous faites un bon travail. Je saisis aussi cette opportunité pour remercier M. Kodjo Richard (l’ambassadeur de Côte d’Ivoire au Burkina, ndlr) qui fait des mains et des pieds pour que dure l’entente entre les peuples ivoiriens et burkinabè. Il m’appuie dans mon travail. Je remercie aussi le peuple ivoirien qui, malgré tout ce qui est arrivé, a su contenir certaines situations. Je salue aussi l’action du Président Gbagbo.

Je réitère ma reconnaissance surtout au peuple burkinabè pour son hospitalité, son sens de l’accueil, sa compréhension. Je remercie le Président Blaise Compaoré qui fait de très bonnes choses à la tête du Burkina Faso. Je dois beaucoup aux Burkinabè. Cela fait 10 ans que je suis ici où je me suis légalement marié le 31 août 1994


GAOUA : Tuer la guerre par l’amour

La ville de Gaoua est la capitale de la région du sud-ouest burkinabè. Elle partage ses frontières avec la Côte d’Ivoire et le Ghana. C’est l’une des agglomérations qui a accueilli un flux important de personnes fuyant la guerre en Côte d’Ivoire. Retour sur les lieux, deux ans après les premières vagues d’arrivants.

Les compteurs de la direction régionale de l’Action Sociale et de la Solidarité nationale affichent 17.645 rapatriés pris en charge par le comité national des secours d’urgence et de réhabilitation (Conasur) dans le cadre de l’opération "Bayiri" (retour au bercail). Le directeur régional de l’Action sociale et de la Solidarité nationale, Abdoul Mamadou Bassaoulé, s’empresse d’ajouter que " ces chiffres sont en deçà de la réalité, car nombreux sont les rapatriés qui ont été pris en charge directement par leur famille". Ces chiffres font ressortir que la majorité des rapatriés ( arrivés en convois organisés) sont des enfants, soit 9358 enfants pour 4061 femmes et 4226 hommes. L’accueil a consisté à héberger les rescapés et à les orienter vers leurs villages respectifs. C’est une stratégie qui a permis d’éviter d’avoir des camps de rapatriés qui sont difficiles à gérer par la suite.

Aujourd’hui, plusieurs partenaires interviennent dans des programmes d’insertion des rapatriés. Il s’agit entre autres d’organisations caritatives et de la coopération allemande à travers la GTZ. L’opération semble être un succès , de l’avis du directeur de l’Action sociale : "On a eu peur pour les logements et surtout pour les lopins de terre à cultiver. Mais la solidarité a fonctionné et presque tous ceux qui voulaient faire l’agriculture ont eu une parcelle".
L’exemple parfait de cette réinsertion est Da Sié. Ancien conseiller municipal de la commune de Bouna en Côte d’ Ivoire, cet homme est aujourd’hui le président de l’Association des rapatriés de Côte d’Ivoire de la province du Poni.

Son objectif est d’atteindre une bonne insertion sociale et économique des membres de l’association. Lui-même est en train de devenir un agriculteur modèle en l’espace de deux ans. Avec son groupement, il a emblavé cette année 2 hectares de coton, 2 hectares de maïs, un hectare de riz et 2 hectares de niébé . Les récoltes pour le niébé auraient déjà commencé.De nombreux rapatriés , à l’image de Da Sié recommencent une nouvelle vie . Est- ce pour autant qu’ ils ont oublié la guerre ? Da Sié répond par la négative : "Vous savez, la guerre naît dans les esprits des gens et c’est là-bas qu’il faut la combattre". Et d’ajouter : " En tant qu’être humain, il faut tuer cette guerre par l’amour. Car on ne peut pas expliquer la guerre. La paix ,c’est vous et moi en train de discuter , de se comprendre et de se pardonner souvent".

Son commerce et ses business ne sont plus qu’un vieux souvenir pour cet ancien conseiller de Bouna. Son nouveau challenge est désormais l’association des rapatriés du Poni. Celle-ci compte aujourd’hui 700 membres à jour de leur cotisation. La plupart des membres officient dans l’agriculture, principale activité qu’il exerçaient en Côte d’Ivoire.

Avec cet afflux massif des rapatriés, les autorités provinciales avaient craint que cela ne crée un "désordre" au sein de la société. De façon générale, les organisations de la société civile (Uidh, Lidejel, Tocsin...) ont condamné les atteintes aux droits de l’homme avant de s’investir dans la prise en charge des compatriotes fuyant la guerre.
Sur le soutien aux rapatriés, le directeur régional de l’Action sociale Bassaoulé précise : " Soutenir uniquement les rapatriés alors qu’ils vivent dans des communautés qui les ont intégrés pouvait créer des frustrations". C’est ainsi que certains programmes d’insertion soutiennent financièrement les groupements villageois qui ont intégré des rapatriés. Cette stratégie, toujours selon le directeur régional de l’Action sociale, axe l’intervention des partenaires davantage sur la communauté que sur l’individu rapatrié.

A ce jour, le Haut- commissaire du Poni affirme que la plupart des rapatriés qui sont arrivés dans sa province ont rejoint leur village respectif, répartis dans les quatre départements. Le département de Loropéni a reçu le plus grand nombre d’arrivants de la Côte d’Ivoire avec 5329. Celui de Kampti du côté de la frontière ivoirienne en a reçu 4197. Du côté du Ghana, l’autre porte d’entrée, à Nako ce sont 4060 personnes qui ont été installées. La ville de Gaoua et ses villages environnants se sont réparti les 2029 autres rapatriés.

A l’ombre des collines du "Bafuji", ces Burkinabè, revenus en catastrophe chez eux se refont une nouvelle vie. Mais pour une partie d’entre eux, ce retour forcé n’est qu’une parenthèse. Ils attendent secrètement le retour de la paix pour franchir à nouveau la frontière, qui pour rejoindre le reste de sa famille et les amis , qui pour retrouver ses affaires. Le président des rapatriés en est conscient. Pour lui, " les hommes ne sont pas des montagnes". Comme pour dire que dès que la paix reviendra, Burkinabé et Ivoiriens se retrouveront comme avant o


"Des liens tellement forts"

Le 23 septembre 2004, nous avons rencontré le premier responsable de la province du Poni, frontalière du Ghana et de la Côte d’Ivoire. Voici un extrait de l’entretien sur la gestion des rapatriés.

"...Après les frustrations du départ, il a fallu aider les nouveaux arrivants à s’installer et les convaincre qu’ on peut aussi faire beaucoup de choses chez soi avec de la volonté. Notre ambition n’est pas d’arrêter complètement le flux des migrants. Cela est impossible. Les populations du Burkina et de la Côte d’Ivoire ont tellement de liens forts qu’on peut admettre des situations difficiles comme celles-ci. Ça va passer. Des gens retourneront toujours en Côte d’Ivoire et vice versa. Je pense que l’hospitalité reprendra ses droits. Ceci n’est point un encouragement à partir. En tant qu’autorité politique et administrative, nous essayons de leur donner le choix. C’est l’esprit des programmes de réinsertion. Ainsi, tout groupement villageois qui accueille des rapatriés peut prétendre à l’appui d’un fonds de soutien créé à cet effet."

A.T

Le Pays

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