Pouni Ecole. Matinée du 23 juin 2012. Ce n’est pas un jour de vote, pourtant l’ambiance donne l’impression. En effet, en cette matinée-là, une longue file de femmes et d’hommes se dressait devant un emplacement des opérateurs de la Commission électorale nationale indépendante (CENI). Ils se bousculent pour se faire enrôler, afin de pouvoir prendre part aux élections couplées, législatives et municipales du 2 décembre 2012. Et comme on dit que l’exemple vient de la tête, un fils du village de Pouni, à savoir le Premier ministre, Luc Adolphe Tiao, a choisi le jour du 23 juin 2012, marquant le début de l’enrôlement dans la zone II, pour se faire enrôler parmi les siens. Après son enrôlement, carte en main, le Premier ministre Tiao a lancé un appel au peuple burkinabè à s’approprier le processus (voir encadré). Au regard de cette action, l’enthousiasme était grand. Cela a mérité des remerciements de la part du président de la CENI, Me Barthélémy Kéré, en ces termes ? : « Monsieur le Premier ministre, vous avez mobilisé d’importants moyens financiers, matériels et humains, malgré la modicité des ressources de l’Etat, et en dépit de la conjoncture économique difficile pour parvenir à ce que nous vivons en ce moment.

Cela dénote de la conviction du chef de l’Etat, de vous-même et de votre gouvernement, que toutes les dispositions idoines doivent être prises pour bâtir la cohésion sociale, creuset de la réalisation des grands chantiers de développement de nos villes et campagnes. Merci pour cette vision de paix et merci pour cet engagement à nos côtés ». Pour Me Kéré, la journée du 23 juin 2012 constitue une étape importante dans l’histoire du processus électoral dans la région du Centre-Ouest, car, à Jour J-162, y est donné le top de départ de la biométrie, pour la mise en place de la liste électorale biométrique pour les élections du 2 décembre prochain. Après donc la zone I où le processus a démarré du 1er au 15 juin 2012, c’est le tour de la zone II, de recevoir les opérateurs de la CENI, du 23 juin au 2 juillet.

«  ?Une fierté d’avoir sa carte… »

La zone II comprend trois régions, à savoir, la région du Centre-Est avec comme provinces, le Boulgou, le Koulpélogo et le Kourittenga ; la région de la Boucle du Mouhoun comprenant les provinces des Balé, des Banwa, de la Kossi, du Mouhoun, du Nayala et du Sourou et la région du Centre-Ouest avec les provinces : du Boulkiemdé, du Sanguié, de la Sissili et du Ziro. Selon le président de la CENI, 3228 kits seront déployés pour couvrir cette zone. Pour la région spécifique du Centre-Ouest où le lancement officiel de la zone II a eu lieu, les chiffres avancés par le président de la CENI indiquent un total de 881 emplacements pour un potentiel de 608 ?826 électeurs. Pour encourager la population à se faire enrôler, le Premier ministre, Luc Adolphe Tiao, a laissé entendre :« C’est une fierté d’avoir sa carte, de se sentir citoyen, de pouvoir décider du sort de ce pays. Rien ne vaut vraiment l’acte de voter. C’est un droit fondamental pour un citoyen, dans un pays démocratique, dans un Etat de droit ».

Raison pour laquelle M. Tiao a lancé :« Ce que je peux souhaiter, c’est que les citoyens sortent massivement pour aller se faire enrôler. Souvent, j’entends certaines critiques ou certaines revendications qui disent, si on ne fait pas un forage chez moi, il n’y aura pas d’enrôlement biométrique. Si on ne fait pas telle chose, il n’y aura pas d’enrôlement biométrique… Il n’y a pas de rapport entre les deux ». En tous les cas, a prévenu le Premier ministre, « Quoiqu’il en soit, que vous allez vous enrôler ou pas, les élections auront lieu. Autant donc participer aux élections pour effectivement donner sa caution aux partis dont on pense incarner ses aspirations. J’invite donc tous les Burkinabè à laisser de côté toutes leurs spéculations et aller se faire enrôler ». Le Premier ministre reconnait : « Le processus n’est pas facile, mais je pense que si nous réussissons cette opération, nous aurons fait un grand pas en avant dans le processus démocratique. Le gouvernement ne ménagera aucun effort pour que cet enrôlement biométrique soit un succès. Il y va de la stabilité politique de notre pays, il y va de la crédibilité de notre pays ».

Ali TRAORE (traore_ali2005@yahoo.fr)

Extrait de l’appel de Luc Adolphe Tiao pour l’enrôlement biométrique

« […] Aujourd’hui (NDLR 23 juin 2012), débute l’enrôlement de la deuxième zone. Au moment où j’effectue ce geste citoyen dans mon village natal, je lance un vibrant appel à tous les citoyens burkinabè, hommes, femmes et jeunes en âge de voter, de sortir massivement pour se faire inscrire sur les listes électorales. J’appelle également les étrangers qui remplissent les conditions exigées par notre Code électoral à aller se faire enrôler pour pouvoir voter. Oui, votre enrôlement massif en vue de votre participation effective aux scrutins est la condition sine qua non de l’enracinement de la démocratie et du renforcement de la bonne gouvernance dans notre pays. J’en appelle à l’engagement de tous les acteurs de la vie nationale : partis politiques, sociétés civile, responsables religieux et coutumiers, leaders d’opinion car les enjeux de la réussite de cette opération vont au-delà de quelque intérêt partisan.

Le succès de cette opération prépare une base solide pour un fichier électoral qui servira pour les scrutins du 2 décembre 2012 et les autres scrutins à venir. Ce fichier biométrique garantit, non seulement des élections propres, mais contribue à la gouvernance électorale en général dans notre pays. Faisons donc, ensemble, de cette opération, un succès en vue de l’édification d’une paix sociale durable, de la consolidation de la démocratie et du développement harmonieux du Burkina Faso ».

Propos recueillis par A.T.

Sidwaya