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Hosni Moubarak : Mort présumée d’un dictateur déchu

Publié le jeudi 21 juin 2012 à 00h22min

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Hosni Moubarak. Réputé pragmatique, l’homme était de plus en plus coupé du peuple. Trapu avec une chevelure toujours drue et bien teintée de noir, un regard dissimulé derrière d’épaisses lunettes de soleil, tel apparaissait sur la scène internationale au temps fort de sa gloire le successeur d’Anouar el Sadate. Avec un appareil policier et un parti politique à sa dévotion, il avait réussi le tour de force de présider aux destinées de l’Egypte trente ans durant, lorsque tout s’écroula en 2011 à la faveur du printemps arabe. Il avait 84 ans.

Sommes-nous autorisé dorénavant à parler d’Hosni Moubarak au passé, avec sa mort supposée ?

En tout cas hier en fin d’après-midi, lorsque nous mettions sous presse la présente édition, les supputations sur son éventuel décès allaient en s’amplifiant ; certains le disant « cliniquement mort », victime d’une attaque cérébrale ; d’autres, émanant de sources médicales et militaires égyptiennes, démentant de telles assertions. Souffrant d’une dépression aiguë, de difficultés respiratoires et cardiaques ainsi que d’hypertension, selon les sources médicales, celui qui a succédé à Anouar el Sadate le 14 octobre 1981 a été victime mardi dernier d’une attaque cérébrale.

On se souvient que, tout au long de son procès, l’homme était apparu devant les juges allongé sur une civière, enfermé tel un fauve dans un box grillagé, ce qui est à mille lieues de l’image du dirigeant arabe courtisé sur la scène internationale et redouté sur le plan intérieur. Son état de santé avait connu une brusque détérioration depuis sa condamnation, le samedi 2 juin 2012, par suite de la mort de 850 personnes pendant la révolte de janvier–février 2011, suivie de son transfert dans l’aile médicalisée de la prison de Tora dans la banlieue sud du Caire.

Les informations sur la dégradation progressive de la santé de l’ex-Rais - si ce n’est sa mort - surviennent dans un climat d’incertitudes autour du prochain chef de l’Etat après l’élection présidentielle qui a pris fin dimanche 17 juin. Le candidat des Frères musulmans, Mohammed Morsi, et son rival, le dernier Premier ministre du même Hosni Moubarak, Ahmad Chafiq, clament tous deux « victoire » ; les résultats officiels ne sont pourtant pas encore annoncés. Dans un contexte aussi délétère, la mort du successeur de Sadate ne ferait qu’ajouter des tensions à une situation déjà bien confuse où la Grande Muette, tout en parlant d’un retour constitutionnel normal, n’entend cependant pas jouer les seconds rôles. C’est dire que le journal gouvernemental Egyptien al-Ahram n’a pas eu tort de titrer : « Ce sont les 48 heures les plus critiques de l’histoire du pays ».

Il n’est pas exclu que l’Oncle Sam, pour qui l’Egypte reste un précieux partenaire dans sa géopolitique, siffle la fin de la récréation pour que les choses ne dégénèrent pas davantage.

Boureima Diallo

L’Observateur Paalga

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