Le bilan de cette boucherie est on ne peut plus lourd : 52 morts et plus de 150 blessés, selon l’AFP. Et très tôt, ces attaques ont été revendiquées par le tristement célèbre groupe islamiste Boko Haram. Après Jos, Yobe, Madalla, Maiduguri et bien d’autres localités, cette fois-ci, c’est l’Etat de Kaduna qui a souffert le martyre. Et comme nous l’écrivions dans notre éditorial du 26 décembre 2011, ces actes ne sont ni plus ni moins que des monstruosités perpétrées malheureusement au nom de Dieu.

Ces attentats souvent suicides, diaboliquement planifiés, sont la plupart du temps perpétrés contre les symboles chrétiens, si ce ne sont ceux de l’Etat. Et malgré les opérations de répression des forces de sécurité, ces jihadistes ne battent pas en retraite. Pire, ils semblent tenir à leur machiavélique promesse d’extermination de la minorité chrétienne dans le nord du Nigeria. On se rappelle d’ailleurs qu’ils avaient demandé à tous ceux qui ne croient pas en « Allah » de quitter les zones où ils ont tissé leurs ramifications.

Cela est inconcevable dans un pays laïc et plurireligieux comme le Nigeria. A bien y voir, ce que ces fous de Dieu souhaitent en réalité, c’est une confrontation, précisément une guerre interconfession, entre chrétiens et musulmans, et nous l’avions déjà écrit (in l’Obs. du 29 février 2012). En effet, en voulant répliquer aux attaques de la secte en appliquant la loi du Talion, c’est-à-dire frapper des symboles ou des adeptes de la religion musulmane, leurs victimes ne risquent-elles pas de provoquer une escalade de la violence à connotation religieuse à travers le pays ?

C’est en tout cas le vœu secret des Jihadistes de Boko Haram qui sont en train de tisser les pièces d’un véritable piège au Nigeria. Et ils sont en passe de réussir puisque de plus en plus les chrétiens refusent de tendre l’autre joue et s’en prennent systématiquement, le cas échéant, à leurs agresseurs. En témoignent ces mosquées qui ont été incendiées à Kaduna.

C’est le lieu de dire que, plus que jamais, le pouvoir fédéral doit prendre ses responsabilités. Ce, d’autant que d’aucuns interprètent sa réaction comme une forme de soutien à Boko Haram. Et beaucoup se surprennent à regretter l’absence d’un homme de poigne à la Sani Abacha.

Kader Traoré

L’Observateur Paalga