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Autant le dire… : Il faut sécuriser ceux qui veulent investir

Publié le jeudi 14 juin 2012 à 03h53min

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Même la levée de la mesure de suspension des lotissements ne permet pas à des attributaires de mettre en valeur leurs parcelles. Parce qu’il y a des gens dans les zones loties dont le principe est d’empêcher les autres d’investir. Sous de fallacieux prétextes. Et personne, apparemment ne les défend. Même pas l’Etat qui a l’obligation de défendre ses citoyens. De quoi s’agit-il exactement ?
Sawadogo Noaga Belem réside en Côte d’Ivoire. Où il travaille dans une plantation de cacao, de café et d’hévéas. C’est la fin des récoltes et notre Pawéogo est pressé de rentrer au pays. Pour enfin investir dans son pays. Surtout que la crise que son pays d’adoption a vécue lui a ouvert les yeux, comme on le dit. Il dispose d’un mois pour faire monter assez rapidement une maisonnette sur sa toute première parcelle achetée dans un secteur de la ville de Bobo. Avec l’aide d’un de ses cousins, les travaux débutent.

Des briquetiers, des maçons, des transporteurs de sable et de gravillons, des vendeurs d’eau sont mobilisés autour des travaux. Les vendeurs de friandises, d’eau fraiche et de mangues passent régulièrement sur le chantier pour vendre leurs produits. C’est tout un commerce qui s’est créé autour de la construction.
C’est au moment où les murs étaient en train d’être montés, que Noaga Belem admirait le chantier qu’un groupe de jeunes gens, installés dans une habitation spontanée, est venu lui dire d’arrêter les travaux. Le lotissement date de 2007.

Il ne réalise pas ce qui lui arrive. Il est ensuite reçu par des personnes âgées le lendemain dans le même secteur pour s’entendre dire que le gouvernement leur a signé un décret interdisant la mise en valeur de terrains à usage d’habitation. Puis, ils ajoutent que s’ils le laissent construire, ils (eux) n’auront pas de parcelles. Sawadogo Noaga Belem ne sait plus que faire. Il a l’argent pour investir, et on l’empêche de le faire. Chez lui au Faso.

Un autre exemple. Jean Yado Félix est fonctionnaire de l’Etat. Il n’a pas d’autres revenus que son salaire de fonctionnaire. Il sollicite un prêt de trois ans en banque qu’il obtient. Non pas pour s’équiper, mais pour monter les premières briques de sa future habitation sur une parcelle qu’il a obtenue après le lotissement. Mais, il sera bloqué par des habitants spontanés, anarchiquement et illégalement installés dans le secteur depuis des années. Jean Yado ne sait que faire. Il ne peut investir son argent ailleurs qui malheureusement est en train de finir. Puisque, comme tout le monde le sait, l’argent ça ne se pose pas. Notre fonctionnaire qui rêvait de voir sa première construction sortir de terre devra encore attendre. Pour combien de temps ? Sans doute trois ans puisqu’il risque de ne plus disposer d’argent pour ses travaux.

Noaga Belem et Jean Yado ne sont pas seuls dans cette situation. Il existe de nombreux autres Pawéogo et des fonctionnaires ou des agents du privé, et même des particuliers qui ont emprunté de l’argent pour construire des habitations. Mais ne savent plus que faire en ce moment. Si le gouvernement a officiellement levé la mesure de suspension des lotissements que certains brandissaient comme argument pour empêcher les autres d’investir, sur le terrain la mesure ne l’est pas.

Des individus malintentionnés continuent de bloquer les investissements. Même dans de vieux lotissements. Le gouvernement gagnerait donc à diffuser davantage la levée de la mesure, mais surtout à rassurer ceux qui veulent investir qu’ils peuvent le faire. La saison des pluies est très souvent la période indiquée. Ce qu’il faut craindre, c’est qu’on n’arrive pas à des affrontements graves. Car la tension est en train de monter. On ne peut continuer paisiblement d’empêcher les autres de jouir de leurs droits.

Dabaoué Audrianne KANI

L’Express du Faso

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