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KOUSSE Mamadou alias IRON BENDER, artiste, musicien

Publié le vendredi 29 octobre 2004 à 07h24min

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Le reggae c’est son affaire. C’est la voie qu’il a choisie pour faire passer son message dans un monde « où les gens n’aiment pas les gens ». IRON BENDER, puisque c’est de lui qu’il s’agit, fustige au passage « l’invasion » du Faso par la musique étrangère comme le « couper décaler ».

Pour lui, le Burkina Faso regorge de potentiels culturels et artistiques inépuisables qui ne devraient pas laisser de place à cette invasion. C’est pour parler de son album qu’il nous a rendu visite. Interview.

Pourquoi avoir opté pour le reggae ?

IRON BENDER (IB) : J’ai fait du reggae parce que c’est l’un des meilleurs moyens pour faire passer les messages positifs. En général, les gens parlent du reggae sans vraiment savoir ce que c’est. Quand on écoute certains grands noms du reggae, on le voit bien, c’est vraiment une musique importante qui véhicule des messages. Le reggae, c’est typiquement africain. C’est parce que l’esclavage a dispersé les Africains dans les Caraïbes, en Jamaïque…qu’on ne sent pas que le reggae est africain. D’ailleurs c’est pour dénoncer tout ça que le reggae a vu le jour. Il y a plusieurs sortes de reggae, mais le reggae reste le reggae. C’est à dire l’amour, la paix…Mais cela n’empêche que lorsqu’il faut critiquer, on critique. Ce sont d’ailleurs des critiques constructives, positives.

On ne te connaît pas assez au Faso. Quel est ton parcours artistique en tant que musicien ?

IB : J’ai commencé à chanter au Nigeria. A cette période, je faisais la musique simplement pour le plaisir ; je faisais de la poésie. Il a fallu un jour que quelqu’un me dise de faire vraiment la musique parce que ce que je fais est bon.

C’est donc à partir de 1983 que j’ai intégré un groupe. Et c’est ainsi que j’ai commencé à interpréter et à jouer de la guitare. Puis je me suis mis à la disposition d’un artiste sénégalais, RASS Michaël qui était en avance sur moi et m’a appris beaucoup de chose. En Côte d’Ivoire je suis bien connu. Quand on dit IRON le « Rasta commando », là-bas on sait qui c’est ! En fait, la musique, il faut l’apprendre, c’est un travail. On ne se lève pas un matin pour dire qu’on est musicien. Certains n’arrivent pas à travailler avec moi parce que je suis très exigeant dans le travail. Je suis, à force de travailler, devenu aussi arrangeur, ingénieur de son. Je fais aussi le clavier.

Combien d’albums as-tu à ton actif ?

IB : Depuis 1990, on a fait sortir un album. Mais comme on était deux et qu’il y a eu des problèmes entre nous, les gens n’ont pas senti cet album. D’ailleurs je ne veux pas parler de ça parce qu’il y a eu un problème de « doubling ». J’ai été grugé par l’autre. Mais en 1999, j’ai fait sortir mon album avec « TASS Production » en Côte d’Ivoire. C’était mon premier album. Actuellement je suis sur le deuxième que j’ai auto produit, et qui sortira sous le label « Seydoni Production ». Nous avons déjà bouclé le clip et nous sommes au montage.

La cassette qui va donc bientôt sortir est une bombe. Elle comporte huit (8) titres et est dénommé « SATYA Graha » qui signifie la non-violence. Si je dis SATYA Graha ce n’est pas pour rien, parce que celui qui connaît Mahamat Ghandi, connaît le SATYA Graha. Ghandi, sans armes et sans armée, a combattu par la non-violence les Anglais en Inde. C’est pour dire que la violence ne laisse rien de positif sur la terre.
On ne refroidit pas l’eau chaude avec de l’eau chaude. Quand je vois la violence partout, quand je vois les Américains avec les B 52, je dis que le monde va mal. Les Américains parlent de terroristes et ont des B 52 pour détruire l’Irak. Dans ce cas, qui est terroriste ?

C’est pour dire que la violence n’arrangera pas le monde. Tous les prophètes ont enseigné l’amour. Mais les hommes sont très mauvais. Satan est dans les cœurs des hommes. Par exemple vous pouvez être avec quelqu’un, vous mangez ensemble, vous riez ensemble, mais dans son cœur, il vous veut du mal, il veut vous éliminer et vous ne savez pas. Il faut que les gens « changent » positivement. Ma cassette si tout va bien sortira avant décembre 2004.

Quelle appréciation fais-tu de la musique burkinabè ?

IB : Avant, quand on parle de musique on ne parlait même pas du Burkina Faso. Il y a vraiment une évolution. Mais il reste beaucoup de choses à faire. Il faut que les gens soutiennent les artistes. On est encore en retard. Mais pourquoi on est en retard ? Je pense que les médias ont un rôle important à jouer. Vraiment quand j’écoute les radios, ça fait pitié. Quand on écoute les radios, on devait automatiquement savoir qu’on est au Burkina.

Malheureusement, ce n’est pas le cas. Quand on écoute les radios ici, on croit qu’on est en Côte d’Ivoire. En tous temps et en tous lieux c’est le « couper décaler » cette musique est-elle burkinabè ? Non ! Vraiment ça ne va pas. Je ne me retrouve pas et souhaite même marcher pour aller voir le président du Faso pour ça. S’il ne cautionne pas une telle situation, qu’il donne des ordres pour que les choses bougent. On ne peut pas passer tout le temps à écouter le couper décaler, la musique étrangère, alors qu’on a des musiciens valeureux, qui sont très bons. Partout « décaler, décaler », j’ai l’impression que je ne suis pas au Burkina. C’est grave ! En tout cas, au niveau de la presse écrite, c’est correct. Dès que tu arrives dans un journal ! Il y a toujours quelqu’un pour t’écouter. Le « couper décaler » ne nous apprend rien. Ceux qui veulent le « couper décaler », qu’ils aillent en boîte …

Interview de Ben Alex Béogo
L’Opinion

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Vos commentaires

  • Le 15 janvier 2005 à 11:54, par SERGIO En réponse à : > regarde mogo soyé la

    c quoi ton probleme c’est le couper décaler qui marche partout on écoute pian
    si ça te pose 1 problème va voir ailleurs

    salut a tous les adeptes du COUPER DECALER

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