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Affaire Hermann Yaméogo : Attention à la dérive

Publié le vendredi 29 octobre 2004 à 07h44min

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Par solidarité aveugle ou par mauvais calculs politiciens, le noyau de soutien qui s’est formé autour de Me Hermann dans ses démêlés avec la Justice de son pays, nous interpelle une fois de plus sur l’impérieuse nécessité de ne pas mélanger les torchons et les serviettes, ni la politique avec des affaires mafieuses sur fonds d’espionnage au profit de puissances étrangères.

La tentation est bien grande pour une certaine opposition de se servir de « l’affaire Hermann YAMEOGO » pour ramener au goût du jour ces périodes de « djafoul » où la rue faisait loi. Cependant, les dividendes escomptées de ce pétrin dans lequel s’est fourré jusqu’au cou le président de l’UNDD seraient-elles à la hauteur de l’espérance nourrie par cette opposition matinalement aux aguets prête à porter tout ce qui peut nuire au pouvoir de la 4e République ? Cette affaire ne serait-elle pas plutôt un couteau à double tranchant pour ces opposants subitement devenus protecteurs de celui qui les avait par un passé récent « mordus » sans état d’âme ? En politique comme en amour, certaines blessures ont du mal à se cicatriser même avec le temps. Ainsi est-il difficile de comprendre que cette nouvelle romance de la « seconde épouse » répudiée (?) du président du Faso charme des gens qu’on pensait (et qui se disaient) échaudés par sa frivolité.

Aujourd’hui en tout cas , le souci manifesté par cette opposition pour la quiétude politique de Me Hermann YAMEOGO ne manque pas d’étonner. Cette grande sollicitude dont est l’objet le chantre du « tékré » obéirait plutôt à une stratégie politicienne visant à faire de « l’affaire Hermann YAMEOGO » un épouvantail pouvant obliger le pouvoir en face à des « concessions » en sa faveur. Il convient dès lors de s’inquiéter des formes que la lutte d’un tel « attelage » expert en activités subversives prendra. Le meeting donné par le président de l’UNDD à la Maison du peuple de Ouagadougou sur fonds de slogans haineux à l’endroit du pouvoir, n’annonce-t-il pas une tentative de préparation de l’opinion nationale à des scènes de « descente de rue » ? En sachant que la forfanterie d’Hermann l’amènerait tôt ou tard à comparaître devant les tribunaux, les partisans des « conditions subjectives » de l’alternance en sonnant le rassemblement autour de l’affaire Hermann veulent de façon ouverte déclarer la guerre à l’Etat de droit.

Non au politiquement incorrecte

En soutenant Hermann à bout de bras, l’opposition agit non par convictions politiques ou démocratique d’exercice des libertés fondamentales, mais plutôt par choix tactique. Un choix tactique qui en dit long sur les intentions cachées des uns et des autres. Les adeptes de la surenchère politique trouvent certainement en l’affaire Hermann un moyen comme un autre de tenir tête au pouvoir et de défier une fois de plus l’ordre et la légalité. Sinon comment interpréter cette solidarité aveugle avec le président de l’UNDD ? Même si la « confrerie » est régie par le principe des « trois mousquetaires » « un pour tous et tous pour un » , il n’en demeure pas moins que la conscience politique dans ce cas de figure, recommande la prudence et un peu de retenue.

Par ailleurs, compte tenu de la nature réelle des rapports entre Hermann et l’opposition qui conserve un souvenir encore amène de ses voltes faces politiques, on est en droit de soupçonner un « deal » qui ne serait pas des plus inscrits dans la logique démocratique. Ces rapports que sont toujours empreints d’une méfiance instinctive à l’égard d’Hermann, nous amènent à reconsidérer le sens de responsabilité de certains hommes politiques dans le camp de l’opposition.

Doit-on soutenir l’inadmissible en politique, tout juste pour faire mal à l’adversaire surtout quand cet inadmissible n’est autre que la trahison des intérêts de son pays de connivence avec l’extérieur ? Les manœuvres souterraines pour déstabiliser le pouvoir en place ne correspondent certainement pas aux schémas démocratiques défendus par nos institutions. Il y a lieu donc de crier stop à toutes ces tentatives masquées de renouer avec l’arbitraire de la rue et de toutes ses conséquences néfastes pour la bonne gouvernance et le renforcement de notre démocratie.

Le R16 contre tout bon sens !

Le ralliement de partis d’opposition pour faire de « l’affaire Hermann YAMEOGO une cause commune dans un tel contexte, ne peut que remettre en cause le concept même de la légalité et du droit pour lequel cette opposition veut faire croire qu’elle se bat. Choisir une période aussi proche des élections pour engager un bras de fer avec les autorités pour les beaux yeux d’Hermann et faire échouer le processus démocratique lié aux élections en donnant à la campagne électorale un autre visage répond à une stratégie de mauvaise augure. En outre au moment où le Burkina se prépare à abriter le Xe Sommet de la Francophonie, le R 17 aujourd’hui R 16 semble opter pour la politique du pire. Car soutenir Hermann dans de telles conditions, équivaudrait à braver la Justice et l’Etat de droit dans laquelle vit le Burkina. La politique a ses limites qu’il faut savoir ne pas dépasser.

Par Franck Samir


UNDD : faites vos jeux, rien ne va plus !

Les dieux ont-ils abandonné Hermann YAMEOGO ? En tous cas, c’est la question que l’on se pose au regard de sa situation non enviable qu’il traverse et, avec lui, l’UNDD. En effet, en attendant que l’homme se présente devant la Justice pour répondre des faits qui lui sont rapprochés, son parti, l’UNDD vient d’enregistrer une démission de taille : son frère cadet, Salvador YAMEOGO coordinateur national du parti et député à l’Assemblée nationale. Dans une lettre datée du 21 octobre, Salvador YAMOEOGO, avec la « formule » qui sied en de pareilles circonstances a décidé de quitter le navire UNDD pour des raisons qui risquent de faire taire définitivement une certaine opposition, dénommée R 16, passée maître de la surenchère et de la solidarité « mal placée ».

« … Il reste que l’orientation imprimée au parti, depuis vos prises de position, hier, sur la Côte d’Ivoire et aujourd’hui sur la Mauritanie, de même que votre gestion de ces deux situations qui vous valent tant de désengagements, sont lourdes de menaces pour l’avenir de l’UNDD …plus que quiconque au sein du parti et en toute modestie, je pense avoir l’obligation morale de vous redire, une dernière fois, que quelle que soit la Justesse de votre lettre, la noblesse reconnue de votre mandat désintéressé pour le renforcement de la démocratie dans notre pays et l’avènement d’un Burkina meilleur, il est totalement improductif, pour le moins, de persister dans la voie empruntée… » Ces extraits de la lettre adressée au président de l’UNDD, Me Hermann YAMEOGO, par son frangin est un véritable réquisitoire qui permet de comprendre beaucoup de choses à la fois tout en donnant au passage les raisons de la situation que traverse l’UNDD.

D’abord, elle nous apprend que « la ligne politique », la voie empruntée par le patron de l’UNDD n’a jamais fait l’unanimité au sein du parti. Cette voie est tellement sinueuse qu’elle a fait perdre au patron de l’UNDD le sens du discernement et du patriotisme. Sinon comment comprendre par exemple sa démarcation physique et politique lorsque le peuple s’était mobilisé comme un seul homme derrière le président du Faso dans la gestion de la crise ivoirienne ? Même quand on est de l’opposition, le sens du patriotisme exige qu’on se mette tout de même derrière le peuple quand il le faut. Ensuite, dans la logique de cette voie suicidaire, revoilà le président de l’UNDD embarqué dans une salle affaire de trahison avec toujours un acteur incontournable : Laurent Koudou GBAGBO.

Manifestement, c’est las de faire entendre raison à son frère de président que Salvador YAMEOGO a décidé de quitter le navire. Car lorsque ce dernier dit : « je pense avoir l’obligation morale de vous redire une derrière fois… », cela suppose que la voie empruntée par le patron de l’UNDD a été plusieurs fois l’objet de discussions entre lui et son frère. On devine aisément que Salvador n’a pas réussi à convaincre son frère sur la nécessité de changer le fusil d’épaule en se mettant aux côtés du peuple. Quand on prend seulement l’exemple de la crise ivoirienne, un regard rétrospectif permet d’affirmer que Me Hermann YAMEOGO a toujours défendu « bec et ongle » Laurent Koudou GBAGBO, pour ne pas dire le couple GBAGBO. Aujourd’hui, est-ce vraiment étonnant qu’il soit accusé de trahison ?

M. Salvador YAMEOGO qui ne veut certainement pas être complice en empruntant cette voie sans issue, en homme averti a mesuré les risques des agissements de son président et la sentence de l’histoire : « j’en assume par avance toutes les conséquences, car je les sais moins redoutables que celles attachées, demain, au jugement de l’histoire… ». Il a parfaitement raison ; car l’histoire retiendra le soutien inconditionnel de Hermann YAMEOGO à Koudou Laurent lorsque des Burkinabè étaient massacrés au bord de la Lagune Ebrié. L’histoire retiendra aussi qu’il a fourni de fausses informations au même GBAGBO pour qu’il accuse le Burkina Faso. Courageux et patriote, Salvador YAMEOGO l’est. Ils ne sont pas nombreux ces responsables politiques qui peuvent, en des situations pareilles, dire la vérité et l’assumer pleinement. Salvador l’a fait. C’est un Burkinabè dont la décision fera tache d’huile

R 16, Si la honte tuait…

La démission de Salvador YAMEOGO de l’UNDD est un véritable camouflet pour l’opposition dite R 16 qui, sans discernement et recul, a décidé de soutenir Hermann YAMEOGO malgré la gravité des accusations qui pèsent sur lui. Salvador YAMEOGO, mieux que quiconque, est bien placé pour défendre son frère de président de l’UNDD. Malgré les liens de sang qui les unissent, il n’a pas hésité à claquer la porte de l’UNDD, certainement dans l’espoir que cela servira de leçon à son frère et l’aidera à revoir la copie. Le R 16 au lieu d’avoir une position responsable en souhaitant la voie judiciaire préfère jouer la carte de la solidarité suicidaire. Une solidarité qui ressemble bien au baiser de Judas, au regard des idées que chacun a dans la tête. En public, les responsables du R 16 ne peuvent que faire semblant d’être solidaire avec Hermann YAMEOGO, mais une fois seuls, il est certain qu’ils rient, en disant : « C’est bien fait pour lui ».

Salvador YAMEOGO sait de quoi il parle et de quoi est capable son frère de président de l’UNDD. C’est pourquoi il n’a pas hésité à prendre ses distances non sans lui avoir assené les vérités qui s’imposent. Ce qui n’est pas le cas du R 16 qui préfère se marginaliser par des prises de positions saugrenues prouvant son incapacité à prendre du recul pour mieux comprendre les choses avant de s’engager.
Avec cette démission du coordinateur national et le procès en perspective, on peut dire que rien ne va plus à l’UNDD et que l’avenir politique de son président se joue dans cette affaire de trahison. Vivement donc le procès. Mais en attendant, on peut dire que la démission de Salvador YAMEOGO confirme tout. De quelle preuve a-t-on encore besoin ?

par Ben Alex BEOGO
L’Opinion

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