LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

Autant le dire… : Portes bien ouvertes, mais toujours bien comprises

Publié le mardi 12 juin 2012 à 03h05min

PARTAGER :                          

La justice burkinabè a bien ouvert les portes sur elle du 8 au 9 juin derniers. Peut-être même qu’elles étaient un peu trop ouvertes. Puisque que les justiciables avaient l’occasion de demander, de questionner, de voir et même de toucher tout ce qui apparaît comme tabou dans la sphère de la justice. Pour la sixième fois donc, les journées portes-ouvertes de la justice ont été organisées sur toute l’entendue du territoire national. L’occasion était donc belle pour la grande « incomprise » qu’est la justice de se faire comprendre. A-t-elle réussi le pari ?

La question reste posée et attend sans doute une réponse de la part des organisateurs de ces journées portes-ouvertes qui, sans doute, en ont fait le bilan. Pour notre part, nous estimons que la communication même autour de ces journées n’est pas suffisante. L’une des preuves est que le jour même des journées portes-ouvertes, des justiciables se sont présentés à la salle d’audiences, comme d’habitude parce qu’ils avaient des affaires au rôle. Ces gens ont-ils appris que la justice avait ouvert ses portes ce jour-là pour se faire comprendre davantage par eux-mêmes ?

En d’autres termes, si la justice doit se faire comprendre, si la justice veut se faire comprendre, il revient aux praticiens de se faire comprendre. D’abord à travers un langage de « français facile » et la proximité avec les justiciables. Les magistrats ne doivent plus apparaître comme ces « commis capables de rendre vrai ce qui est faux et vice-versa ». Le juge ne doit plus être, cet homme habillé en noir, symbole de tout ce qui n’est pas clair, de la non-vérité et qui fait peur au justiciable.

Malheureusement, c’est cette image que beaucoup de magistrats ou auxiliaires de justice cultivent. « Il faut se faire craindre. On n’est pas juge ou magistrat pour rien ». Non, la justice, pour être efficace et véritablement tournée vers la recherche de la paix, doit être proche des citoyens. C’est en leur sein qu’elle joue ce beau rôle. Aussi, se doit-elle d’être facile à saisir, à comprendre et à fréquenter. Car, en réalité, le juge est un homme public. Au même titre que l’agent de santé, le journaliste, l’enseignant, il doit rassurer le citoyen et présenter quelques garanties qui renforcent la confiance entre les deux.

Dans cette recherche de la confiance avec le citoyen, le juge ou l’auxiliaire de justice ne doit pas mettre en avant l’argent. C’est là une question centrale, car les justiciables ont vite fait d’assimiler la justice à l’argent. « Quand tu n’as pas les moyens, quand tu n’as pas l’argent, il ne faut pas aller en justice ». Conséquence : ou on règle ses problèmes à l’amiable ou on se rend justice soi-même. Ce qui, dans un Etat de droit est inconcevable, puisque contraire à la justice.

Mais en vérité, s’il y a des gens qui ternissent bien l’image de la justice, ce sont les auxiliaires de justice. Quel crédit les populations portent-elles aux avocats, aux huissiers, et autres mandataires de justice ? Par leur extravagance et leur bourgeoisie, ils ont convaincu les justiciables que la justice, c’est bien l’argent. Autrement dit, on peut acheter la raison. Mieux, ils ne font véritablement rien pour démontrer le contraire. C’est pourquoi, le ministère de la Justice a beau se battre, dialoguer, informer, sensibiliser et communiquer, tant que ces gens-là ne reverront pas leurs comportements, la justice sera toujours incomprise. Par ailleurs, une décision de justice bien rendue peut avoir des difficultés dans son application. Parce que les huissiers et les avocats se sont servis de subterfuges pour malmener le gagnant. Et ces cas sont légion. Ne demandez pas à ces « victimes » de la justice de comprendre quelque chose. Cependant, on a le droit de croire que les choses vont changer quand chacun prendra conscience et jouera sincèrement le rôle qui est le sien. Parce que la paix, tout le monde la veut.

Dabaoué Audrianne KANI

L’express du Faso

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 12 juin 2012 à 08:56, par Le Gonze En réponse à : Autant le dire… : Portes bien ouvertes, mais toujours bien comprises

    L’effort demande au monde judiciaire doit avoir pour contre-partie l’engagement citoyen de chacun d’entre nous a mieux s’impregner des lois et textes qui nous gouvernent, et a arreter de dire n’importe quoi, n’importe quand et n’importe ou !

    Sinon, la Republique ne se fera pas dans un seul sens. Les acteurs du monde judiciaire ne sont pas des surhommes ou des demi-dieux...

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Le Dioula : Langue et ethnie ?
Sénégal / Diomaye Faye président ! : La nouvelle espérance
Burkina : De la maîtrise des dépenses énergétiques des Etats
Burkina Faso : Combien y a-t-il de langues ?