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LIBYE-CPI : Le bras de fer continue

Publié le lundi 11 juin 2012 à 01h40min

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Le fait est si cocasse qu’il paraît incroyable : une délégation de la Cour pénale internationale (CPI) mise aux arrêts en Libye ! Cela n’arrive pas tous les jours. On se croirait d’ailleurs dans un film ou dans un roman policier où l’intrigue se construit généralement autour de faits surréels. « Quatre membres du personnel de la Cour pénale internationale sont détenus depuis le 7 juin dernier en Libye où ils s’étaient rendus pour rencontrer le fils du défunt Mouammar Kadhafi. » Ainsi a reconnu le président de la CPI, le juge Sang-Hyun Song, qui a exigé leur libération immédiate. Incroyable mais vrai. La raison officielle invoquée : l’avocate australienne Melinda Taylor, un des conseils de Seif-al-Islam, qui était de la délégation, aurait remis à son client des documents « qui représentent un danger pour la sécurité de la Libye ».

Ce qui amène le commandant de la Brigade de Zenten où est détenu le plus gros trophée de guerre, à parler « d’infraction à la sécurité ». Un chef d’accusation aussi spécieux qu’insensé, tant il est fondé sur du néant. Car tout prisonnier, fût-il le fils d’un dictateur, a le droit de se choisir un avocat, si tant est que ceux qui veulent le juger aient le souci d’un procès équitable.

Et il importe peu de savoir ce qu’un conseil et son client se disent dans leur huis clos, du reste reconnu par le droit international. Comment imaginer d’ailleurs que la CPI qui tient à brandir la prise Seif al-Islam se permette de lui apporter des documents séditieux à même de compromettre la sécurité du régime libyen soutenu à bout de bras par la communauté internationale ? Veut-on nous faire croire que les juges de la CPI ont voulu forcer la main à Tripoli qui, jusque-là, n’a pas encore convaincu les ex-rebelles de transférer le prisonnier exquis ? A dire vrai, les autorités libyennes ont franchi le Rubicon. Et l’arrestation des quatre membres de la CPI est la preuve suffisante d’un Etat en déliquescence parce que non gouverné.

C’est l’expression du bras de fer entre Tripoli et la CPI qui se disputent le droit de juger le fils du dictateur. Car, on se rappelle aussi que le même différend les avait opposés au sujet de l’extradition de Seif-al-Senoussi lorsque celui-ci avait été arrêté en Mauritanie. Les chassés-croisés de la CPI n’avaient abouti à rien. Mais une chose est sûre : la délégation de la CPI n’a pas débarqué in cognita en Libye. Elle a sans doute reçu l’autorisation de ceux qui se considèrent comme autorités à Tripoli avant toute démarche. Il y a donc lieu que la communauté internationale, avec l’ONU en avant, tape du poing sur la table, si on ne veut pas que cet incident crée un fâcheux précédent. Car, ce n’est pas Omar el-Béchir, par exemple, qui hésitera à mettre au violon Luis Moreno Ocampo si ce dernier se permet un jour une villégiature à Karthoum. Et de toute évidence, ce serait regrettable si l’image de la CPI, qui constitue un véritable épouvantail, en venait à prendre un coup.

Boundi OUOBA

Le Pays

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