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Objectif : Lotissements propres !

Publié le jeudi 7 juin 2012 à 01h38min

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Des frustrations, des incompréhensions, des rancœurs, des querelles entre individus et que savons-nous encore, les opérations de lotissement, à défaut de rassembler, opposent, très souvent, les citoyens aux élus locaux, au Burkina Faso. Planifiées dans l’intérêt du peuple, elles sont devenues la « chasse gardée » de certains clans, censés servir la cause des citoyens. Objet de polémiques et de rumeurs parfois folles, les parcelles sont tellement sollicitées, qu’aucun maire ne peut véritablement satisfaire les multiples demandes. Peut-on alors faire des opérations de lotissement un fonds de commerce sans provoquer le courroux des populations, comme le font certains élus locaux « indélicats » ? La réponse est évidemment non ! Ces administrateurs peu recommandables servent leurs propres intérêts, en faisant des lotissements, une affaire personnelle.

Tapis dans l’ombre, ou manœuvrant parfois au nez et à la barbe des autres, ils se taillent la part du lion, en s’accaparant de nombreuses parcelles. Tant pis pour le reste ! Des indiscrétions indiquent même que certains élus locaux disposent d’une centaine ou de plusieurs centaines de parcelles. Info ou intox ? On ne saurait se prononcer, mais admettons qu’il n’y a pas de fumée sans feu, comme le dit l’adage. Et il se raconte aussi que les intéressés distribuent les parcelles en cercle restreint, ou les vendent à tour de bras, au mépris des textes réglementaires. Pourvu qu’ils se remplissent les poches, même avec la fronde en face ! Ces agissements supposés ou réels ont amené le gouvernement à prendre les devants, pour suspendre momentanément les opérations de lotissement.

Cela fait plusieurs mois que la mesure est tombée, et seuls les « cas urgents » de lotissement sont autorisés et gérés par une commission interministérielle. Avec cette mesure, le Premier ministre, Luc Adolphe Tiao, avait prévenu que les choses ne seront plus comme avant. Les opérations de lotissement, avait-il souligné, devraient désormais se faire en « toute transparence », pour éviter les fréquents remous dans nos cités. Voilà donc qui est clair avec cette mesure qui, selon certaines sources, fait jaser des élus locaux. N’empêche, elle a été prise en haut lieu pour la bonne cause. Sous l’impulsion des autorités, le vent a changé de direction. Sera-t-elle la bonne ? Tout semble l’indiquer, surtout avec la sérénité et la fermeté avec lesquelles le gouvernement entend désormais encadrer les opérations de lotissement. Un nouveau départ est enclenché, avec l’ultime objectif d’avoir des lotissements « propres ». Dans cette optique, la question de la levée de la mesure de suspension a été abordée, au cours du point de presse gouvernemental du jeudi 31 mai 2012.

La reprise des lotissement se fera certes, à entendre le ministre de l’Habitat et de l’Urbanisme, Yacouba Barry, mais avec des conditions précises auxquelles tous les acteurs devront maintenant se soumettre. Mise en place après la suspension, une commission interministérielle a travaillé d’arrache-pied, pour passer au peigne fin les goulots d’étranglement des lotissements et proposer des solutions idoines. La prise de mesures à court, moyen et long termes a été alors recommandée par ladite commission. A court terme, il est requis, entre autres, le respect de la réglementation en vigueur en matière de lotissement, le suivi et l’encadrement des communes ou arrondissements et la désignation de nouveaux membres dans les commissions d’attribution. A long terme, plusieurs mesures peuvent être également retenues. Il s’agit, parmi tant d’autres, de subordonner les opérations d’aménagement à l’exigence des documents d’urbanisme, de s’assurer de l’adhésion des populations concernées aux projets de lotissement et la taxation des parcelles non loties. Une fois appliquées, ces mesures pourront contribuer à mettre, peut-être mais pas totalement, un peu d’ordre dans le domaine des lotissements.

Et nous sommes d’avis avec le ministre de l’Habitat que « l’adoption des mesures proposées par la commission interministérielle permettra une gestion transparente des opérations de lotissement ». Les opérations de lotissement ont tellement fait couler beaucoup d’encre et de salive, qu’il est temps de freiner les ambitions égoïstes des « dealers » et autres spéculateurs de parcelles. Peut-il en être autrement dans un contexte économique difficile ? Le désordre et la spéculation sont tels, qu’il faut de nos jours, débourser plus de deux millions de F CFA pour une parcelle de 250 ou 300 mètres carrés, ce qui n’est pas à la portée de tous. Avec les « maigres » ressources des Burkinabè, il est difficile de s’acheter une portion de terre à deux "briques" et de la viabiliser. C’est un véritable cauchemar ! C’est pourquoi les mesures suggérées par la commission interministérielle sont bien pensées pour régler un tant soit peu la situation qui règne. Il reste alors à les appliquer avec audace, pour le bonheur de tous !

Kader Patrick KARANTAO (stkaderonline@yahoo.fr)

Sidwaya

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