LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

Pour que triomphe la Nation

Publié le jeudi 7 juin 2012 à 01h48min

PARTAGER :                          

L’existence humaine s’emplit souvent de questionnements auxquels les intelligences quoique brillantes, n’arrivent pas à trouver les réponses adéquates. De la même manière, notre société fait face à des préoccupations dont les solutions ne sont pas toujours évidentes à trouver si tant est qu’on le cherche réellement.

Dans notre édition du 14 mai dernier, nous avions posé une question à l’ancien archevêque de Bobo Dioulasso, Mgr Anselme Sanon sur la crise de 2011. Le prélat avait répondu tristement mais de façon moralisante : « j’étais malheureux. Je me suis demandé où est notre esprit national et où est la nation. On est très loin de l’idéal de nation en prenant l’exemple sur les symboles de la nation qui ont été bafoués ».

Cette phrase de Mgr pose une question de fondement existentiel dans notre pays le Burkina Faso. Les évènements des derniers mois dans notre cher Faso, nous interpellent chacun quant à la construction d’une communauté nationale harmonieuse, une et indivisible où chaque citoyen réalise ses droits et ses devoirs.

Les affrontements meurtriers autour de la question de chefferie traditionnelle, les conflits entre agriculteurs et éleveurs, sont entre autres des problématiques communautaires qui ont besoin que chacun apporte sa touche pour une paix sociale durable et pour la concorde. En quelques mois, le Burkina Faso a connu tant d’horreurs, des tueries dont on se demandera toujours les raisons suffisantes, philosophiquement parlant. Ce qui est curieux, c’est que nous ne semblons être choqués que dès les moments chauds et émotionnels des événements. Passés, la vie continue, bien sûr.

Car, nous avons l’impression que les citoyens de ce pays ne parlent des événements de Guénon, de Toécé, de Lombila et Sari que de façon banale. Dans les quartiers, on vous accoste en vous disant par exemple « qu’il semble » ou « qu’on dirait » qu’on a tué des gens par-ci, par-là comme si les faits ne sont pas assez graves pour qu’on s’attarde. Nous avons le sentiment que les citoyens abordent certaines situations dramatiques avec légèreté. Peut-être, ces situations dramatiques ne sont pas assez médiatisées pour que les uns et les autres en prennent à temps la pleine mesure, mais enfin,…nous restons scotchés à notre indifférence et cela, à tous les niveaux. Chacun vaque à ses occupations habituelles, jouit de ses sensations habituelles, vit de sa même vie en se foutant du reste.

Cependant, s’il nous venait à l’idée, que chacun puisse avoir une pensée pour les victimes de nos misères vies, peut-être notre Faso irait davantage mieux. Mais malheureusement, à part un 1er septembre 2009 qui a mobilisé nos attentions, disons les attentions du peuple, le reste des malheurs, chacun s’en accommode surtout quand on n’est pas touché. Même quand on a dit que des millions de Burkinabé souffrent de la faim, que des enfants meurent, notre société, l’autre société tranquille, continue de danser et de boire sans mesure dans les maquis de Ouagadougou et des autres villes. Chacun dit que la vie est dure mais chacun ne change jamais sa façon d’agir.

Or, il nous suffit, comme nous l’avons déjà souligné, de penser que nous avons des défis à relever et particulièrement, que nous avons une nation à construire pour que certaines inutilités disparaissent devant nos yeux à jamais. Affrontement entre éleveurs et agriculteurs, querelles autour des lopins de terres, disputes sanglantes autour des postes politiques, accidents imbéciles sur nos routes, etc. ; tout cela pourrait être conjugué au passé, dans une certaine mesure en comparaison avec notre démesure actuelle.

Mais hélas, nous semblons croire trop à Dieu ; nous semblons avoir trop peur de lui pour nous comporter à la hauteur de nos ambitions pour régler sensiblement les problèmes de notre société.

Par Bendré

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 7 juin 2012 à 06:57, par Beurk En réponse à : Pour que triomphe la Nation

    Encore un autre article poignant sur l’état démissionnaire de l’Etat mais hélas,le pire est encore devant nous parceque tout est gâté dans ce pays.
    En effet si on analyse froidement la situation,ce mal a un dénominateur commun qui est l’argent car tout ce qui compte maintenant pour le Burkinabè,c’est l’argent quelque soit le procédé et donc les autres valeurs humaines sont bafouées,pourvu que la personne puisse construire ses bunkers en R+N étages pour paraître tout en continuant à frimer dehors.
    Conséquence,le Burkinabè est devenu maintenant méchant,insensible car froidement pour satisfaire sa soif pour l’argent :
    Il peut couper la tête de son ami,
    Qu’il y a des bandits armés jusqu’aux dents braquant et tuant sauvagement,certains n’hésitent même plus à dépouiller de pauvres mamans sur les routes,
    Qu’il y a des commerçants qui vendent de la merde sachant très bien qu’elle tue comme cette histoire de vidange transformée en huile toxique car il faut être vraiment inhumain pour faire des choses pareilles,
    Que des salariés de tous les échelons font du détournement des deniers publics leur sport national et plus grave,dans ce pays il ne faut pas tomber malade,certains ayant avalé leur serment d’Hyppocrate dès leur prise de fonction.D’où il n’est pas rare que le malade se fasse fouiller les poches et gare si elles sont vides sinon pas de soins pour lui.
    Autre effet néfaste qui n’arrange pas une situation déjà peu reluisante,c’est la politisation,l’instrumentalisation à outrance de ceux qui avaient une certaine respectabilité,honorabilité comme nos chefs coutumiers.Maintenant eux aussi ont vendu leur âme au diable puisque pour notre cohésion nationale,ils posent plus de problèmes qu’ils n’apportent de solutions.
    Bref,le mal est trop profond d’où beaucoup se refugient dans la prière mais là aussi,que d’abus avec cette race d’individus qui sont plus des businessmen que des guides religieux.
    Alors quand on dit que tout est gâté dans ce pays,c’est vraiment gâté et tant que les mêmes qui ont introduit toutes ces déviances resteront accrochés à leur pouvoir,la situation ira de mal en pis car comme la toile d’araignée,l’habitude paraît inoffensive mais lorsque l’on est pris au piège,il est dur de s’en détacher.Elle est alors aussi solide qu’une corde et au lieu d’ergoter,si nous voulons retrouver notre solidarité d’antan avec l’humain au coeur de tout,préparons-nous courageusement pour 2015 afin de nous débarrasser de cette corde nouée à nos cous sinon le suicide collectif n’est pas loin.
    Merci

    • Le 7 juin 2012 à 15:18 En réponse à : Pour que triomphe la Nation

      beurk quelle belle analyse ; j’en suis fier ! dommage que mon intervention n’ait pas ete publiee car j’y abordais un autre aspect. tant pis ! .... on ’est au burkina...
      SOME

  • Le 7 juin 2012 à 08:51, par ratsida En réponse à : Pour que triomphe la Nation

    Très bonne analyse.
    Courage à vous Bendre.

  • Le 7 juin 2012 à 09:04, par Yeux rouges En réponse à : Pour que triomphe la Nation

    Effectivement les événements de ces dernières années nous font poser beaucoup de questions.Comment en est ton arrivé là ? Pourquoi tant d’intolérance ? C’est évident que plusieurs causes peuvent etre trouvées à ces affrontements,crimes, expulsions.......Cependand je pense que deux principales raisons peuvent être soulignées.Il s’agit de l’implication du politique dans les affaires coutumières et traditionnelles et de la perte de l’autorité de l’Etat qui n ’arrive plus à restaurer l’ordre.Que Dieu sauve le Burkina.

    • Le 7 juin 2012 à 12:31, par moi En réponse à : Pour que triomphe la Nation

      Je crois que pour le salut du FASO il vaut mieux laisser Dieu où il est, et inciter les "hommes intègres" à reprendre en main leur pays, c’est possible !
      Actuellement d’autres nations sont en marche vers l’épuration des élites "bling bling" et retrouvent l’envie de la solidarité et du partage...Ensemble on peut construire un autre monde, commençons maitenant ! Après l’indignation, la résistance et le changement !Courage....

  • Le 7 juin 2012 à 11:59, par ESCLAVE En réponse à : Pour que triomphe la Nation

    Bel article mais tout cela est la faute des dirigeants, et surtout des hommes politiques, nous n’avons plus la chose commune. C’est l’individualisme, le moi, et le reste on s’en fou. C’est domage que des Burkinabè de massacrent et celà ne dit rien aux autres, c’est domage qu’on tue des Burkinabè et que celà soit négligé par des burkinabè.

    Nous sommes aujourd’hui sans référence, l’esprit de nationalisme n’existe plus, la seule chose que le Bukinabè défend aujourd’hui et qui est le plus cher est le "moi".

  • Le 7 juin 2012 à 12:50 En réponse à : Pour que triomphe la Nation

    Force est de reconnaitre la mal gouvernance de nos autorités qui ont mis certaines valeurs culturelles-sociales de cote et se focalisent sur l’individualisme.or ,si nous nous apprendrons que nous formons un tout indivisible la paix sera à la porté de tous.’’QUE DIEU SAUVE Le FASO’’.GOD BLESS US !

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Le Dioula : Langue et ethnie ?
Sénégal / Diomaye Faye président ! : La nouvelle espérance
Burkina : De la maîtrise des dépenses énergétiques des Etats
Burkina Faso : Combien y a-t-il de langues ?