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MALI : Dioncounda, l’agneau du sacrifice

Publié le mercredi 6 juin 2012 à 00h56min

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C’est un vrai miracle ! Plus de chassés-croisés diplomatiques, d’invectives ni de menaces, plus de manifestations, encore moins de désordres à propos du président par intérim et de la légalité de sa présence à la tête de l’Etat malien après les 40 jours de son intérim. Et pour cause. L’objet de tant de passion et de controverse n’est plus là. En effet, comme par enchantement, le départ du président de la transition malienne pour la France, a, du coup, eu le don de ramener la paix à Bamako. Comme quoi, Dioncounda était malgré lui le tison qui mettait le feu à Bamako. Le capitaine Amadou Haya Sanogo, par le biais d’associations et de partis politiques qu’il manipulait, a rendu Bamako ingouvernable pour Dioncounda. Jusqu’au jour fatidique où des hooligans ont agressé le président, sous le regard passif des forces de l’ordre.

Ces mêmes forces de l’ordre avaient pourtant su résister face à l’assaut des bérets rouges. Mais pour protéger le chef de l’Etat, ils se montrent subitement incompétents. Le président a-t-il compris à cet instant qu’il devait s’en aller pour non seulement préserver sa vie mais aussi faire revenir l’accalmie à Bamako ? En tout cas, son séjour sanitaire à Paris ressemble de plus en plus à un exil. Un gentlemen’s agreement semble avoir été trouvé entre la CEDEAO, l’ex-junte et certains acteurs politiques maliens, y compris le camp du président, pour tenir Dioncounda éloigné des affaires, le temps que l’apaisement revienne dans les coeurs et les esprits à Bamako. Visiblement, le président Dioncounda a accepté d’être sacrifié sur l’autel de la paix.

Son séjour français pourrait donc être aussi long que le nécessitera la situation politique sur les bords du fleuve Djoliba. Et pour faire foi à cette hypothèse, il est question du départ de la famille de Dioncounda en France, pour l’y rejoindre. Pendant ce temps, le Premier ministre a résolument revêtu ses nouveaux habits de patron du pays. Il prend des initiatives, s’émancipe. Bien entendu, tout cela sous la surveillance très étroite du désormais supposé ex-président, le capitaine Sanogo. On imagine mal le chef du gouvernement placer un seul mot, poser un seul acte, sans l’aval de ses protecteurs, les militaires. Le scénario en cours au Mali fait l’affaire du capitaine Sanogo, qui avait juré qu’il aurait la tête de Dioncounda après son intérim de 40 jours.

De fait, il l’a eue, cette tête. Certes, il ne prendra peut-être pas la tête de la transition, mais il a réussi à imposer une sorte d’impeachment à son ennemi juré. Le problème, c’est que les Maliens ne semblent pas mettre à profit cet exil du président et l’accalmie retrouvée, pour se mettre rapidement à la tâche. L’horizon est toujours aussi bouché qu’au premier jour de la crise. Faut-il négocier avec les rebelles et islamistes du nord et si oui quand ? Le cas échéant, des opérations militaires seront-elles engagées ? Dans quel délai les autorités comptent-elles restaurer l’intégrité du Mali et organiser les élections ?

Bref, c’est le flou total. Les nouveaux enjeux se déroulent plutôt au Nord, où Ançar Dine et le MNLA continuent de s’affronter idéologiquement à fleurets mouchetés, tandis que les Arabes touaregs du FNLA affichent clairement leur anti-islamisme. S’il faut accuser Dioncounda de tous les maux, mettre sa vie en péril et l’envoyer en exil, sans pour autant pouvoir avancer, ce serait un vrai gâchis pour le Mali. Et dans ce cas, la responsabilité incomberait au Premier ministre et à l’ex-junte, qui ont décidé d’être les seuls maîtres à bord.

Mahorou KANAZOE

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 6 juin 2012 à 09:20 En réponse à : MALI : Dioncounda, l’agneau du sacrifice

    Je crois plutot que les hooligans se sont rendu compte de l’ignominie de leur acte brutal et se sont rangés.

  • Le 6 juin 2012 à 09:41 En réponse à : MALI : Dioncounda, l’agneau du sacrifice

    Monsieur TRAORE mérite tout notre respect,le peuple malien en premier d’abord pour son age et ensuite pour la fonction qu’il incarne.Vivement que les maliens se ressaisissent car il ya péril en la demeure.

  • Le 6 juin 2012 à 12:26, par Worokran En réponse à : MALI : Dioncounda, l’agneau du sacrifice

    Imputé l’impasse actuelle dans laquelle le Mali se trouve à la responsabilité du premier ministre et du capitaine sanogo me semble injuste. C’est oublié que c’est ATT qui a ouvert grand les portes du pays à la rébellion touareg.comment comprendre qu’on puisse dérouler le tapis rouge à des rebelles lourdement armés pénétrant dans le territoire ? Quand on sait la difficulté que l’on a à entrer au Burkina avec un simple pistolet automatique on reste vraiment perplexe quant à cette passivité d’ATT en son temps. ATT reste le premier fossoyeur de son pays et c’est bizarre son lourd silence depuis son exile dakarois pour un chef d’état contraint à partir et qui ne se repproche rien. Je pense que tout système lié à ce faux démocrate gagné par l’usure du pouvoir mérite d’être écarté pour une paix durable. Diocounda étant écarté maintenant vous vous attendiez à une solution miracle grâce à un coup de baguette magique ? Ce serait trop beau je trouve. C’est quand même une situation de guerre qui prévaut sur le territoire malien. Il plus facile de détruire comme l’a voulu ATT, Dieu seul sait avec quel plan machiavélique et quel soutien, mais la reconstruction prendra nécessairement du temps. Avec un appui de la communauté internationale et de la CEDAO, un positionnement de force en attente sur le sol et surtout en concertation avec les pays voisins, permettrait de ramener les rebelles sur la table des négociations de gré ou de force.

    • Le 6 juin 2012 à 15:10, par Malien En réponse à : MALI : Dioncounda, l’agneau du sacrifice

      Worokan,je suis d’avis avec toi ; ATT et sa suite dont TRAORE ont permis ou cautionné tout ce qui est arrivé au Mali...les maliens eux le savent et c’est pour cette raison, il refuse TRAORE...et c’est avec juste raison, et je suis surpris qu’il y ait toujours des aveugles qui jusqu’à l’heure ne s’en sont pas rendus compte : "ATT a permis aux touaregs de s’installer armés jusqu’au dent sur le sol malien avec 50.000.000 fr CFA, en prime...il a affaibli l’Etat malien et cautionné la corruption...il a démilitarisé le nord et affaibli l’armée malienne..." quel était son but ? le voici aujourd’hui !
      Ne vous laisser pas berner par les faux démocrates
      Même sans l’intervention de SANOGO, les élections présidentielles étaient biaisées car le Nord était déjà occupé par des touaregs armées, les élections allaient se faire sans ces derniers ?
      Prions pour les maliens et pour la sous-régions !

  • Le 6 juin 2012 à 14:06, par Wend Kuni En réponse à : MALI : Dioncounda, l’agneau du sacrifice

    "Faut-il négocier avec les rebelles et islamistes du nord et si oui quand ? Le cas échéant, des opérations militaires seront-elles engagées ?" Le journaliste a mal utilisé la locution ’cas échéant’. Il pense que la locution signifie ici ’cas contraire’.

    je formule pour lui : "Faut-il négocier avec les rebelles et islamistes du nord et si oui quand ? Dans le cas contraire , des opérations militaires seront-elles engagées ?"

    • Le 6 juin 2012 à 15:53, par fasom En réponse à : MALI : Dioncounda, l’agneau du sacrifice

      Cette situation calme au Mali après le départ de DIONCOUNDA doit interpeller fortement le médiateur et les chef d’Etats de la CEDEAO, à prendre acte et comprendre que la situation au MALI ne peut être résolue que par les Maliens. C’est à eux de choisir leur président par intérim, y compris même SANOGO étant Malien qui y est concerné. Il est vrai que les militaires ne doivent pas prendre le pouvoir par les armes ; mais il faut tenir compte dans une médiation et SEM Blaise COMPAORE le sait très bien, qu’en dehors des propositions de sortie de crise faites, le constat de la réalité sur le terrain est un aspect important à considérer et non s’affiler sur des principes démocratiques Européennes et Américaines qui ne font que diviser l’Afrique et ses fils. Le capitaine SANOGO est un incontournable pion important non seulement dans la sortie de la crise Malienne mais, aussi pour libérer le Nord du Mali.

      Écarter le Capitaine SANOGO ou vouloir l’éliminer va entrainer une guerre civile au Mali et aggraver la situation. La CEDEAO doit travailler avec ce Monsieur car il est avant tout un Malien.

  • Le 6 juin 2012 à 22:32, par dabouzo En réponse à : MALI : Dioncounda, l’agneau du sacrifice

    Mr Kanazoe (journaliste) si vous avez des accointances avec Mr Dioncounda Traoré épargnez-nous votre verve contre tout ce qui touche à sa personne, et surtout abstenez-vous de ressasser cette affaire de Dioncouda que les maliens ont classés. Les maliens dans leur ensemble ont déploré l’atteinte à sa personne mais le peuple (masse populaire et non la classe politique qui a fait la lune et le miel des régimes de Alpha et ATT) ne se plaint pas de l’absence d’un président imposé par la cedeao, et la communauté internationale. Vous voulez nous montrer que vous êtes donc à la solde de vos autorités du Burkina pour faire la complainte du sort de l’ami de Blaise Mr Traoré ?
    Vous ne manquez aucune occasion pour dénigrer notre armée, le capitaine Sanogo et son groupe comme s’ils étaient les ennemis de leur peuple, NON monsieur le journaliste on CONNAIT QUI EST QUI ICI AU MALI COMME JE LE SUPPOSE VOUS CONNAISSEZ VOS RESPONSABLES POLITIQUES ET ADMINISTRATIFS AU BURKINA.

  • Le 7 juin 2012 à 01:16, par l homme integre fache En réponse à : MALI : Dioncounda, l’agneau du sacrifice

    Pour Diacounda, le terme Mouton de sacrifice est le plus approprie

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