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ENROLEMENT BIOMETRIQUE : Le difficile challenge de la CENI

Publié le mardi 5 juin 2012 à 00h10min

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L’enrôlement biométrique des électeurs pour les consultations électorales couplées (prévues en principe le 2 décembre 2012) vient de prendre son envol. Et déjà, on se rend compte que la tâche sera titanesque. Des problèmes se posent avec acuité dans les provinces de la zone où l’opération est prévue du 1er au 10 juin 2012 (régions des Cascades, de l’Est et du Sud). Faut-il pointer du doigt la CENI qui n’a pas vérifié la qualité de son matériel ou ne s’est pas assuré de la bonne formation des agents recenseurs ? Il faut seulement espérer à ce propos que les couacs et les difficultés techniques vont s’aplanir au fur et à mesure pour assurer le succès de l’opération. Justement, en matière de recensement, la matière première, ce sont les électeurs. Et on est en droit de se demander pourquoi toute la classe politique a accepté que le recensement se fasse pendant la période des pluies.

A cause de la mauvaise pluviométrie l’année dernière et de la famine qui en a résulté, peut-on compter sur les paysans pour qu’ils délaissent leurs semis pour se faire enrôler ? Dans un contexte où les élections ont perdu de leur saveur (à cause du mauvais fichier électoral) et manquent d’enjeux, peut-on espérer mobiliser les Burkinabè, plus que ce qui s’est vu lors de la présidentielle de 2010 ? Or, la biométrie était censée redonner de la crédibilité aux élections parce qu’elle devrait permettre de minimiser les fraudes et de construire un fichier électoral fiable. Aujourd’hui, si l’on veut relever ce pari, il faut que les électeurs se fassent massivement enrôler, ce qui est un véritable challenge au vu de ce contexte.

Alors, faut-il comprendre qu’un pacte souterrain unisse les acteurs politiques qui, sachant bien que les élections ne peuvent se tenir en 2012, engagent tout de même l’enrôlement biométrique en pleine saison pluvieuse ? Pour sûr, on s’achemine vers ce scénario et la prorogation du mandat des députés jusqu’en juin 2013 entre certainement dans ce cadre. En plus, et comme chaque élection, la CENI va porter toute la responsabilité du désintérêt des populations. En effet, les partis et formations politiques se soucient comme d’une guigne de leurs devoirs, définis à l’article 13 de la Constitution : « ils concourent à l’animation de la vie politique, à l’information et l’éducation du peuple ainsi qu’à l’expression du suffrage ». Comment obtenir les suffrages des électeurs si vous ne savez pas les mobiliser pour l’enrôlement biométrique ?

Ils feignent d’oublier que la CENI, bien qu’étant le bras armé de l’organisation des élections, ne profitera pas des suffrages exprimés. Dans ce rôle de sensibilisation des électeurs, la société civile a aussi un rôle important à jouer, pour peu qu’elle ait les moyens de faire entendre son message autour d’elle. L’évidence, c’est qu’en dépit de tout, la CENI supportera tous les péchés d’Israël. Il faut donc changer de fusil d’épaule et regarder les réalités de notre pays en face comme par exemple ces zones coupées du monde pendant la saison pluvieuse. Il faut se demander comment l’enrôlement biométrique peut prendre fin en août prochain et combien d’électeurs seront recensés. Le Burkina a-t-il encore besoin d’élections contestées ou peu crédibles du fait des conditions chaotiques de leur organisation ? C’est à toute la classe politique d’en décider, de prendre de vraies solutions et non de louvoyer.

SIDZABDA

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 5 juin 2012 à 11:31, par zoulli En réponse à : ENROLEMENT BIOMETRIQUE : Le difficile challenge de la CENI

    Le système est simple,il suffit d’atteindre 80% CDP et on arrête.tout est planifié.Nous sommes pas mûre pour l’enrolement et ils le savent bien...

  • Le 5 juin 2012 à 11:56 En réponse à : ENROLEMENT BIOMETRIQUE : Le difficile challenge de la CENI

    Une chose est sûr c’est que cette même CENI dans ses activités avait un programme de formation, des acteurs politiques,des OSC et des autorités coutumières, pour une mobilisation citoyenne massive. Mais est ce que ce programme a été respecté ? Allons savoir

  • Le 5 juin 2012 à 12:04 En réponse à : ENROLEMENT BIOMETRIQUE : Le difficile challenge de la CENI

    Une chose est sûr c’est que cette même CENI dans ses activités avait un programme de formation, des acteurs politiques,des OSC et des autorités coutumières, pour une mobilisation citoyenne massive. Mais est ce que ce programme a été respecté ? Allons savoir

  • Le 5 juin 2012 à 12:25, par setape En réponse à : ENROLEMENT BIOMETRIQUE : Le difficile challenge de la CENI

    L’enrôlement biométrique des électeurs est une bonne chose pour permettre un bon scrutin. Mais les agents recenseurs sur le terrain sont confrontés à beaucoup de problèmes : panne de groupe, blocage d’imprimante,mauvaise manipulation d’ordinateur... Les 10 jours ne seront pas suffisants pour enrôler tous les électeurs d’une province même si ces derniers se mobilisaient.

  • Le 5 juin 2012 à 12:53 En réponse à : ENROLEMENT BIOMETRIQUE : Le difficile challenge de la CENI

    Qu’on se dise la vérité.Une partie de la société civile a demandé les candidatures indépendantes pour créer une concurrence voire un enjeu plus accru et les politiciens ont invoquer la constitution pour refuser.Même le chef de file de l’opposition était d’accord avec un tel barrage. Que voulez vous alors qu’elle fasse ?

  • Le 5 juin 2012 à 19:18 En réponse à : ENROLEMENT BIOMETRIQUE : Le difficile challenge de la CENI

    Au secours ! appareil biométrique n’a pas pu fonctionner à Kokoligou

  • Le 5 juin 2012 à 22:44, par wendlasida En réponse à : ENROLEMENT BIOMETRIQUE : Le difficile challenge de la CENI

    Dites- moi, y a-t-il une carte d’électeur plus fiable que la CNIB ?

    Il suffisait de doter l’ONI de moyens conséquents pour qu’elle délivre à tous les burkinabè qui en ont l’âge des CNIB. Ensuite du fichier informatisé de l’ONI, on extrait la liste électorale et du même coup on règle deux problèmes:celui des CNIB et celui du fichier électoral.

    Mais nous préférons toujours ce qui est compliqué, sinon qu’on n’avait pas besoin de tant de milliards qui vont revenir en grande partie à GEMALTO.

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