LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Vous n’empêcherez pas les oiseaux de malheur de survoler votre têtе, mаis vοus рοuvеz lеs еmрêсhеz dе niсhеr dаns vοs сhеvеux.” Proverbe chinois

CENI : Trop d’argent "gâte" les élections

Publié le vendredi 1er juin 2012 à 01h28min

PARTAGER :                          

Le processus d’organisation des élections couplées de 2012 est-il dans l’impasse ? Il y a de sérieuses raisons de s’en inquiéter avec ces querelles autour de la tenue desdites consultations. Mais de façon plus générale, depuis un certain temps maintenant, élection au Burkina Faso rime avec querelles à répétition. S’il ne s’agissait que des politiques qui se livrent des passes d’armes autour de la sincérité des scrutins, on aurait trouvé cela comme un complément à la démocratie, donc quelque chose de tout à fait normal. Mais ce qui est l’objet de crainte, c’est cette sorte de prise en otage du processus par les techniciens qui offrent leurs services à la Commission électorale nationale indépendante.

Pour 2012, le bras de fer entre les informaticiens et la Commission a contraint cette dernière à modifier son calendrier, repoussant de quelques jours le début du processus d’enrôlement biométrique.
C’est qu’à force de parler de milliards pour la tenue de chacune de nos consultations, on a fini par faire croire aux uns et aux autres que l’organisation des élections est une mine d’or dans laquelle chacun doit puiser le maximum. C’est certainement pour cette raison qu’on assiste à une bagarre rangée entre les enseignants notamment pour occuper des postes au sein des structures décentralisée de la CENI.

On se bouscule à la porte des CECI et autres CEPI juste pour être servis. Il semble ainsi que quelques veinards ont déjà été servis au taux de 1 500 F/jour en février et mars alors que la densité de l’activité ne justifiait pas une telle dépense. On comprend alors que tous ceux qui ne sont pas élus membres ressentent cela comme un manque à gagner, alors qu’on était en droit d’attendre des Burkinabè, hommes intègres qu’ils sont, d’être animés d’une légitime fierté d’être au service de leur peuple sans contrepartie.

En fait, quel honneur que d’être de ceux qui organisent le vote qui permet aux citoyens de désigner par les urnes, de façon transparente, les dirigeants de la république, gage de paix et de développement de la patrie ! En principe donc, le seul fait d’être membre d’une commission tant au niveau national que local devrait être une source de satisfaction. Mais faut-il jeter la pierre au pauvre fonctionnaire dont la situation financière est connue de tous ?

En effet, il y a belle lurette qu’ils tirent perpétuellement le diable par la queue. La tentation est donc grande d’exprimer quelques exigences pécuniaires pour peu qu’on lui demande ses services, aussi minimes soient-ils. N’a-t-on pas coutume d’entendre que « le temps du travail à la CDR est révolu » ? C’est-à-dire que de nos jours, tout travail se monnaie.

On en arrive à se demander si la déconnexion de l’organisation des élections d’avec l’Etat et notamment le ministère en charge de l’Administration territoriale répond à la recherche de transparence des scrutins ou plutôt à celle de se remplir les poches. Les colossaux budgets de la CENI sont en effet, pour l’essentiel, consacrés aux émoluments payés à ses membres. L’affaire est si juteuse pour tous que personne ne se presse pour rétablir la confiance entre les citoyens et l’administration territoriale afin que, de façon normale, ce département ministériel prenne en charge l’organisation des scrutins.
En un mot, le Burkina, comme du reste l’ensemble des Etats africains, doit arriver à une situation comme en France où le ministère dirigé par Claude Guéant, l’un des plus fidèles soutiens de Sarkozy, a quand même accepté de proclamer sa défaite.

Rien, vraiment rien ne justifie que les élections soient toujours des gouffres financiers pour nos maigres ressources financières. Le comble, c’est que toutes ces sommes sont mobilisées en tendant la sébile aux partenaires techniques et financiers.

Adam Igor

Journal du Jeudi

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 1er juin 2012 à 06:46 En réponse à : CENI : Trop d’argent "gâte" les élections

    bien parlé monsieur igor et aussi,que dire de cette biométrie qui ne sert a rien,et d’une lourdeur,pas possible.
    franchement sommes tombés trop bas juste parceque chacun cherche le pouvoir pour piller les ressources du pays avec la complicité de son clan sinon pourquoi se battre jusqu’a s’entretuer pour des élections ?

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Burkina Faso : Justice militaire et droits de l’homme
Burkina Faso : La politique sans les mots de la politique
Le Dioula : Langue et ethnie ?