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POLITIQUE NATIONALE : Quel avenir pour le CDP ?

Publié le jeudi 31 mai 2012 à 02h11min

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L’auteur de l’analyse ci-dessous donne sa lecture sur le dernier congrès tenu par le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), qui a donné lieu au renouvellement des instances. Selon lui, contrairement à ce que d’aucuns pensent, il n’y a pas péril en la demeure.
Depuis la tenue du Ve Congrès ordinaire du Congrès pour la Démocratie et le Progrès (CDP), l’intérêt des observateurs de la scène politique pour la situation interne du parti s’est accru. Mais quoi de plus normal pour celui qui sait que le CDP étant présentement le parti majoritaire au pouvoir dans notre pays, ses militants et ses dirigeants ont entre leurs mains les destinées du Burkina Faso.

C’est dire que la bonne ou mauvaise santé de ce parti influe notablement sur la dynamique politique dans le pays. Aussi, l’ambiance politique créée autour de la question par les analystes et suffisamment médiatisée est de nature à rendre la situation interne du CDP trouble et complexe, pour parler comme le mouvement étudiant des années 70 / 80. A travers le présent propos, j’envisage de recourir à la théorie des contradictions afin de dégager des divers commentaires, analyses et appréciations des observateurs, la ligne de conduite la plus appropriée pour les responsables, militants et sympathisants du CDP.

Dans cette théorie, on distingue la contradiction principale des contradictions secondaires. La contradiction principale est celle dont la résolution ouvre la voie qui permet de résoudre les autres contradictions. En appliquant cette théorie à l’analyse de la situation (interne et externe) du CDP, on peut dégager deux contradictions :
l’une est la contradiction qui oppose le CDP aux autres partis et formations politiques dans la conquête et la gestion du pouvoir ;
l’autre, celle qui oppose les militants, les structures à l’intérieur du parti dans la gestion partisane. Alors, des deux contradictions, laquelle est principale ? Manifestement, au regard de la proximité des élections couplées, c’est la contradiction qui oppose le CDP aux partis et formations politiques toutes tendances confondues. C’est dire donc que la résolution de cette contradiction est prioritaire par rapport aux contradictions au sein du parti. La hiérarchie des contradictions ne signifie pas que la résolution de la contradiction secondaire est abandonnée.

Loin de là, car elle doit être nécessairement résolue sinon le parti en souffrirait. C’est dire, pour être simple, que sa résolution est mise en instance jusqu’au lendemain des élections au moins. Evidemment, la résolution ultérieure ne se fera pas automatiquement. Il s’impose que les responsables et les militants du parti posent clairement les problèmes générateurs de la contradiction afin d’envisager les mesures pertinentes à prendre. Pour ma part, il me semble que nonobstant les ambitions explicites ou implicites des uns et des autres, les principales causes qui ont engendré les problèmes sont :

le rajeunissement des structures ;

la participation des femmes ;

l’ouverture du parti à d’autres membres de la famille politique du CDP, à savoir les organisations de masse telle la FEDAP/BC qui soutiennent la politique du Président COMPAORE. Ces objectifs qui ont été ceux du Ve Congrès n’ont pas été contestés, du moins pas officiellement. Cependant, la procédure pour y parvenir a donné la nette impression que la structure dirigeante du parti issue du Congrès a été faite contre les anciens du parti. Il s’en est suivi des frustrations légitimes amplifiées par les analyses tendancieuses de certains observateurs de la scène politique. Qu’à cela ne tienne ! Dans la perspective du renouvellement des structures de base qui interviendra très probablement après les élections, des procédures claires doivent être dégagées par la direction pour la mise en œuvre des objectifs pertinents du Ve Congrès. En attendant, les pistes de réflexion suivantes peuvent être dégagées :

pour le rajeunissement et le renouvellement des structures dirigeantes : compléter le quota par la fixation d’un nombre d’années de séjour à la direction de chaque structure ; utiliser une méthode démocratique (élection directe ou indirecte) en lieu et place de la cooptation pour sélectionner les candidats ;
pour la participation des femmes : compléter le quota par l’utilisation d’une méthode démocratique (élection directe ou indirecte) pour sélectionner les candidates ;
pour l’ouverture, recourir à ce que l’on pourrait appeler le partage proportionnel des responsabilités. Une charte entre les membres de la famille politique arrêterait à l’issue de débats les aspects de ce partage. Certes, la méthode démocratique dans la gestion partisane est susceptible de conduire à quelques dérives, mais elle permet de « fabriquer » de véritables hommes politiques ne devant leur position qu’à leur représentativité, leur compétence et non à la bonne volonté d’un cacique du parti. En revanche, la cooptation découlant du pouvoir discrétionnaire d’un dirigeant est plus appropriée pour la gestion administrative. Pour conclure ce propos que certains pourraient qualifier de provocateur, j’affirme avec conviction que les objectifs du Ve congrès sont pertinents.

C’est un défi pour le CDP de les réaliser en son sein. S’il échoue, il administrerait la preuve qu’il a épuisé sa capacité historique à gérer le pouvoir car, même vainqueur aux prochaines consultations électorales, il ne pourra pas rassembler le maximum de Burkinabè et fédérer les énergies, les compétences et les expériences pour la bonne gestion du pays. En effet, un parti qui est incapable de se rajeunir, d’assurer la participation des femmes et de s’ouvrir à d’autres forces politiques est purement et simplement disqualifié pour exercer convenablement le pouvoir d’Etat dans le contexte actuel caractérisé par de profondes mutations sociales, économiques et politiques.

Mahama SAWADOGO Député

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 31 mai 2012 à 07:00 En réponse à : POLITIQUE NATIONALE : Quel avenir pour le CDP ?

    Honorable deputé vous avez creusé la cervelle mais c’est peine perdue l’avenir du CDP est sombre et lugubre. le CDP augure maintenant la fin d’un regne, la decadence d’un regime ;
    la fin du laisser faire et du laisser, sauf ne touche à mon fauteuil

    l’espoir d’une nouvelle génération

  • Le 31 mai 2012 à 10:05, par SYLLA En réponse à : POLITIQUE NATIONALE : Quel avenir pour le CDP ?

    On sent que M. le député a eu du mal à rédiger son analyse. Pour ma part, elle pourrait être la moins réussie de toutes ses analyses politiques jusque là faites dans la presse écrite.
    Et pourtant, le sujet du jour intéresse plus d’un BURKINABE, qu’il soit CDP ou non.

  • Le 31 mai 2012 à 11:06, par bil En réponse à : POLITIQUE NATIONALE : Quel avenir pour le CDP ?

    Monsieur le deputé.

    selon le moi ; il faut enlever d’abord le ver dans le fruit avant de la manger. Tu as plus peur de ceux de l’exterieur que l’interieur. As tu confiance à la capacité de moblisation des gens de l’interieur pour les consultations electorales. Si reellement les contestateurs forment un parti il est evident que le CPD sera cuit.

  • Le 31 mai 2012 à 11:39 En réponse à : POLITIQUE NATIONALE : Quel avenir pour le CDP ?

    Tiens, il est ressuscité celui-là, excusez mais je lis rarement ces écrits : rien de bon souvent.

  • Le 31 mai 2012 à 11:52 En réponse à : POLITIQUE NATIONALE : Quel avenir pour le CDP ?

    tu as interêt à laisser la place aux jeunes à l’assemblée nationale pour qu’on prenne au serieux tes analyses

  • Le 31 mai 2012 à 12:41, par La Sagesse En réponse à : POLITIQUE NATIONALE : Quel avenir pour le CDP ?

    Mais Monsieur SAWADOGO, depuis que le CDP est né est-ce que vous pensez qu’il a appliqué ces beaux principes que vous avez indiqués ? Vous ne répondez pas sérieusement à cette question.Depuis plus de 10 ans je clame haut et fort que le CDP doit nécessairement s’ouvrir même aux compétences sans opinion partisane cdpiste.

  • Le 31 mai 2012 à 13:41 En réponse à : POLITIQUE NATIONALE : Quel avenir pour le CDP ?

    Cet article me suscite deux remarques :
    1) Quand une structure fonctionne bien on n’a pas besoin d’en faire la publicité, les choses se constatent d’elles mêmes !
    2) Ce député scribe du CDP, où se situe t-il ? de la nouvelle génération, avec ses trois mandats de député ou de la "vieille" classe politique du CDP....?
    Pour bien négocier un virage il vaut mieux l’amorcer à temps !!!

  • Le 31 mai 2012 à 16:23, par omar En réponse à : POLITIQUE NATIONALE : Quel avenir pour le CDP ?

    "Un parti politique qui est incapable de se rajeunir, d’assurer la participation des femmes et de s’ouvrir à d’autres forces politiques est purement et simplement disqualifié..." Belle analyse honorable député votre parti a depuis sa création refusé l’ouverture réelle preferant le principe du divisé pour mieux regner,l’unpunité,l’intrumentisation de l’administration et de la chefferie traditionnelle.Votre analyse ne nous surprend pas encore à vos camarades,vous confirmez ce qu’on savait devait à savoir qu’il n ya pas de démocratie au sein du parti majoritaire.Le peuple vous a observé pendant plus de deux decennies conduire imprudemment le pays,depuis plus de 20 ans les mêmes se sont enrichi pendant que le peuple croupi dans sa même misère.Non mr sawadogo le vent du changement souffle deja,le faux rajeunissement de votre parti ne pourra pas arreter ce vent qui souffle,laissez donc la place avant car c’est un vent qui ravagera toute idée retrougrade sur son passge

  • Le 31 mai 2012 à 17:42 En réponse à : POLITIQUE NATIONALE : Quel avenir pour le CDP ?

    Aucun !
    Implosion tout simplement....Wait and see

  • Le 31 mai 2012 à 19:16, par Nidale En réponse à : POLITIQUE NATIONALE : Quel avenir pour le CDP ?

    j’ai un niveau classe maternelle en politique, aussi je voudrais être sûr de comprendre la théorie des contradictions : la contradiction principale est que si le parti ne gagne pas les élections, aucune lutte de positionnement n’a de valeur (contradiction secondaire).
    Mais ça c’est à la dimension macro. sur le plan micro (individuel), si vous vous reféré à la théorie de la marmite bouillante de laquelle aucun Burkinabé n’a pu survivre (c’est à dire la théorie du c’est moi ou le chao), il est possible d’envisager que certains acteurs politiques du CDP préfère voir des opposants prendre leur place de député que de devoir céder cette place à quelqu’un de leur propre parti.
    Analyse naïve de quelqu’un qui n’a jamais possédé la carte d’un parti politique et qui se fait néanmoins le devoir de voter à chaque élection. merci de bien vouloir m’éclairer.

  • Le 31 mai 2012 à 20:53, par Paligwende En réponse à : POLITIQUE NATIONALE : Quel avenir pour le CDP ?

    Qu’on ne se méprenne pas ! Rien ne se passera au CDP ! Ce à quoi on assiste ces derniers temps est entretenu pour divertir les burkinabés, les préparer pour les manipuler. Voilà ce qui va se passer. Tout d’abord, tout le monde sait le 15 octobre 1997, le 13 décembre 98 resteront à jamais les points sombres et la crise de 2011 la cerise sur le gâteau de ce pouvoir sans partage du CDP. Aujourd’hui ce qu’on entend, ce qu’on dit, chaque évènement, chaque rumeur est savamment orchestré. La question est comment faire pour sauver 25 ans de règne sans partage ? Tous, se tiennent, tous sont conscients que il ya un danger à l’horizon 2015. Donc il faut essayer des scénarios, préparer l’esprit des burkinabés, les marquer psychologiquement pour faire passer une idée depuis longtemps préparer par les fins manipulateurs de ce pouvoir. L’idée de régime parlementaire n’est pas une idée d’un fou. Celui ci sait que l’autre sait et l’autre sait qu’il sait, donc il n’est pas fou de sortir balancer une idée qui vient de nulle part. La preuve est qu’il a été sanctionné bruyamment par ses camarades qui, quelques années après l’ont gracié ou amnistié. Aujourd’hui, ou est-ce qu’il est ? C’est un meilleur conseiller du CDP ou du patron. Sa proposition là, c’est celle là qui va sauver le régime. D’autres part la rumeur comme quoi, il ya des 3 bonzes du CDP qui font de la dissidence fait partie de la stratégie. Ce n’est plus une rumeur, c’est vrai ils vont créer un parti, mais c’est juste pour attirer les mécontents, et sauver le CDP d’une autre manière ou d’une autre et faire passer la l’idée d’un parlementarisme qui va permettre à l’autre de régner à vie sans être inquiété et continuer de diriger ce pays. Qu’on ne s’y méprenne pas rien ne va se passer, ou du moins quelque chose va se passer mais ce sera toujours les mêmes pour sauver celui qui les a fait, celui qui les tient là ou ça fait mal. Ils lui doivent ce qu’ils sont aujourd’hui, et toute leur vie ils lui resteront fidèles, qu’il pleuve ou qu’il neige.
    Les analyses de Monsieur le député sont des errements fastidieux qui ne nous émeut pas, surtout intellectuellement.

  • Le 1er juin 2012 à 21:08 En réponse à : POLITIQUE NATIONALE : Quel avenir pour le CDP ?

    Qu’on ne se méprenne pas ! Rien ne se passera au CDP ! Ce à quoi on assiste ces derniers temps est entretenu pour divertir les burkinabés, les préparer pour les manipuler. Voilà ce qui va se passer. Tout d’abord, tout le monde sait le 15 octobre 1997, le 13 décembre 98 resteront à jamais les points sombres et la crise de 2011 la cerise sur le gâteau de ce pouvoir sans partage du CDP. Aujourd’hui ce qu’on entend, ce qu’on dit, chaque évènement, chaque rumeur est savamment orchestré. La question est comment faire pour sauver 25 ans de règne sans partage ? Tous, se tiennent, tous sont conscients que il ya un danger à l’horizon 2015. Donc il faut essayer des scénarios, préparer l’esprit des burkinabés, les marquer psychologiquement pour faire passer une idée depuis longtemps préparer par les fins manipulateurs de ce pouvoir. L’idée de régime parlementaire n’est pas une idée d’un fou. Celui ci sait que l’autre sait et l’autre sait qu’il sait, donc il n’est pas fou de sortir balancer une idée qui vient de nulle part. La preuve est qu’il a été sanctionné bruyamment par ses camarades qui, quelques années après l’ont gracié ou amnistié. Aujourd’hui, ou est-ce qu’il est ? C’est un meilleur conseiller du CDP ou du patron. Sa proposition là, c’est celle là qui va sauver le régime. D’autres part la rumeur comme quoi, il ya des 3 bonzes du CDP qui font de la dissidence fait partie de la stratégie. Ce n’est plus une rumeur, c’est vrai ils vont créer un parti, mais c’est juste pour attirer les mécontents, et sauver le CDP d’une autre manière ou d’une autre et faire passer la l’idée d’un parlementarisme qui va permettre à l’autre de régner à vie sans être inquiété et continuer de diriger ce pays. Qu’on ne s’y méprenne pas rien ne va se passer, ou du moins quelque chose va se passer mais ce sera toujours les mêmes pour sauver celui qui les a fait, celui qui les tient là ou ça fait mal. Ils lui doivent ce qu’ils sont aujourd’hui, et toute leur vie ils lui resteront fidèles, qu’il pleuve ou qu’il neige.
    Les analyses de Monsieur le député sont des errements fastidieux qui ne nous émeut pas, surtout intellectuellement.

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