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GESTION DES CANTINES SCOLAIRES À TOMA : Irrégularités et incompréhension à la livraison des vivres

Publié le mercredi 30 mai 2012 à 02h40min

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Les vivres destinés aux écoles pour alimenter les cantines scolaires sont arrivés tardivement dans la province du Nayala. Outre ce retard, les bordereaux de livraison ont été surchargés et les quantités de vivres n’ont pas été respectées. Dans le souci de mieux comprendre, une équipe de Sidwaya a rencontré des enseignants de Toma, ainsi que leurs supérieurs au niveau provincial et régional.

Dans le souci de rendre plus performantes et perpétuer les cantines scolaires dans les écoles primaires du Burkina Faso, le gouvernement et ses partenaires ont lancé un projet sur deux (02) ans. Selon le bulletin trimestriel d’information du ministère de l’Education nationale et de l’Alphabétisation, n°001 de juin 2010, environ 25 milliards de F CFA ont été mobilisés sur ladite période (2010-2011 et 2011 -2012), soit 12, 5 milliards de F CFA par an. L’objectif est d’acquérir par an, 30 000 tonnes de vivres pour assurer un repas chaud tous les jours de classe à plus de 1 760 000 élèves.

Cependant, certains directeurs de la circonscription d’enseignement de base (CEB) de Toma dans la province du Nayala, du fait qu’ils recevaient les vivres tardivement avec en plus des bordereaux de livraison non conformes, ont cherché à comprendre d’une part, les raisons du retard et d’autre part, les surcharges sur ces bordereaux.

Des irrégularités sur les bordereaux de livraison

De l’avis du directeur de Zouma A, de la CEB de Toma, Hugues Yanogo, les bordereaux reçus le 4 mai 2012 contiennent de nombreuses anomalies. Il s’agit par exemple de la mention « 3 mois » barrée puis réécrite « 2 mois », ou bien des chiffres indiquant le poids unitaire des vivres qui sont modifiés sans aucune incidence sur le poids total, et enfin, la destination des vivres qui se trouve être la Direction provinciale de l’enseignement de base (DPEBA) du Nayala au lieu des écoles. En plus, il n’y a aucune mention des signataires que sont les directeurs d’école et les responsables de l’Association des parents d’élèves (APE), sur les bordereaux de livraison. En effet, c’est le contrôleur des cantines scolaires à la CEB de Toma, Apolinaire Paré qui a signé en lieu et place des véritables signataires, en prenant le soin de marquer dans la partie observations de l’école : « Rien à signaler » (RAS).

Il dit avoir été informé par le camionneur de la part du gestionnaire du magasin régional des cantines scolaires de la Boucle du Mouhoun, Bassima Yaro qu’il faut signer les bordereaux de livraison, parce que cela a été fait ainsi dans les autres CEB de la province. Par ailleurs, M. Paré a indiqué que les vivres ont été déposés à la CEB de Toma à cause de la quantité infime et de la non accessibilité des zones. Pourtant, l’inspecteur de la CEB, le DPEBA et le contrôleur provincial des cantines scolaires ont affirmé qu’Apollinaire Paré a mal agi, en signant les bordereaux de livraison. « L’année passée, le même cas s’est posé, mais j’ai fait des décharges au lieu de signer les bordereaux de livraison. Une fois que les directeurs d’école et les responsables des APE sont venus prendre les vivres, ils ont signé et marqué les observations qu’il fallait. C’est ce que M. Paré devait faire », a expliqué le contrôleur provincial des cantines scolaires, Jean-Marc Toé.

« Au regard des irrégularités que nous avons constatées sur les bordereaux de livraison, nous nous sommes dit que les choses ne doivent pas se passer ainsi. Le bordereau de livraison est une pièce comptable. Il n’est pas question qu’il contienne des surcharges et des ratures. Alors nous avons entrepris des démarches pour découvrir la vérité », a déclaré le directeur de Nyon-Sawa, de la CEB de Toma, Emmanuel Ouédraogo. C’est ainsi que M. Ouédraogo et ses collègues ont rencontré leur supérieur hiérarchique, l’inspecteur de la CEB de Toma, Patrice I. Tengueri. Celui-ci déclare qu’il a effectivement rencontré, le 7 mai 2012, les directeurs qui cherchaient à comprendre le pourquoi des irrégularités sur les bordereaux de livraison, mais dit avoir été impuissant face à la situation. A son tour, M. Tengueri rend compte à son supérieur, le Directeur provincial de l’enseignement de base et de l’alphabétisation (DPEBA) du Nayala, Hamidou Pafadnam.

Celui-ci informe le Directeur régional de l’enseignement de base et de l’alphabétisation de la Boucle du Mouhoun (DREBA), Missa Soara. En ce qui concerne la dotation de vivres des 27 écoles que compte la CEB de Toma pour l’année scolaire en cours, M. Tengueri a fait le point de la situation. Il ressort que le 21 mars 2012, 14 écoles ont reçu la dotation complète, à savoir l’huile, le haricot et le riz pour une période de 3 mois, mais qu’une seule école a reçu la même dotation pour 2 mois. Ensuite, le 4 mai 2012, 10 écoles ont été dotées de haricot et d’huile, et le 12 du même mois, 3 écoles ont reçu la même dotation.

Le manque de communication

Les deux dernières dotations ont conduit certains directeurs à vouloir comprendre les causes du manque de riz et en même temps, les anomalies sur les bordereaux de livraison. Joint au téléphone, le 23 mai 2012, l’ancien chef de projet des cantines scolaires au sein du MENA, Hamadé Ouédraogo, explique qu’il y a eu un déficit de communication, d’où une incompréhension au sein des enseignants. En effet, M. Ouédraogo précise qu’il y avait une insuffisance de vivres, notamment le haricot et l’huile et un manque de riz au niveau central. Selon lui, cela s’explique par l’insuffisance de stocks due à la faiblesse des moyens financiers et donc la livraison tardive par les fournisseurs. Avec ce retard, le gestionnaire du magasin régional des cantines scolaires de la Boucle du Mouhoun, Bassima Yaro demande conseil auprès de Hamadé Ouédraogo encore chef de projet, (ce dernier sera remplacer le 9 mai 2012). En reponse, M. Ouédraogo lui dit de toucher le DREBA afin qu’il informe les DPEBA des provinces dans la perspective de trouver ensemble une solution adéquate pour distribuer les vivres, parce que l’année scolaire tire vers sa fin.

Mais le DREBA étant en mission à Ouagadougou, et Hamadé Ouédraogo étant déjà avisé, il apporte des modifications sur les bordereaux de livraison pour que les vivres à sa disposition puissent couvrir 2 mois au lieu de 3. Informé des mouvements de manifestation dans la province du Nayala, précisément dans la CEB de Toma, le DREBA, Missa Soara dit avoir adressé une note de service aux six DPEBA sous son autorité, afin d’apaiser la tension. La note indique en substance qu’il y a une rupture de stock en riz et que les écoles pratiquant les cantines endogènes seront servies en huile et en haricot pour 2 mois. La note précise par ailleurs que les parents pourraient apporter des céréales pour améliorer les vivres reçus. Le directeur de l’école Zouma A, de la CEB de Toma, Hugues Yanogo et ses collègues estiment que la note devait être faite bien avant, afin de faciliter la communication jusqu’à la base et permettre aux parents d’élèves de se préparer à la situation.

« Vu que cette année est particulièrement difficile à cause de la crise alimentaire qui frappe notre pays, certains parents à Toma et dans les villages environnants achètent au jour le jour, les vivres au marché pour la nourriture familiale, parce que la situation est intenable », a souligné M. Yanogo.

Souaibou NOMBRE (snombre29@yahoo.fr)


Coïncidence ou hasard ?

Depuis le début de l’année scolaire 2011/2012, les écoles de Yaba 1, 2, 3 et Bonou « A » n’avaient pas été dotées de vivres. Quelques jours avant la célébration du cinquantenaire de Yaba 1, le 28 avril 2012, qui a connu la présence des premiers responsables du ministère de l’Education nationale et de l’Alphabétisation (MENA), toutes ces écoles ont reçu la totalité de leur dotation. En plus de cela, les directeurs ont commencé à se plaindre à partir du 7 mai 2012 et deux jours plus tard, le chef projet des cantines scolaires, Hamadé Ouédraogo, a été remplacé par Hamidou Pafadnam.


Des innovations à venir

Il existe des contrôleurs des cantines scolaires, au niveau de chaque CEB et d’autres, au plan provincial. Ils sont formés régulièrement pour mieux accomplir leur mission. Qu’à cela ne tienne, il y a toujours des failles, c’est pourquoi, des innovations sont prévues pour les années à venir. Il s’agit de la mise en place d’un manuel de procédure et d’un logiciel de gestion des cantines scolaires.


Le manque de riz a bloqué le fonctionnement des cantines

Pour le fonctionnement des cantines scolaires, il existe un barème soumis à toutes les écoles du Burkina Faso. De source bien informée, ce barème a été établi par les nutritionnistes. En effet, pour le riz, on multiplie l’effectif de l’école par 3 kg (quantité de riz que doit consommer un enfant en un mois), pour ensuite diviser par 18 qui correspond au nombre de jours ouvrés dans un mois. Pour le haricot, on prend l’effectif de l’école multiplié par 0, 7 kg (quantité de haricot que doit consommer un enfant en un mois), le tout divisé par 18. Enfin pour l’huile, on prend toujours l’effectif de l’école, on le multiplie par 0,3 kg (quantité d’huile que doit consommer un enfant en un mois), puis on le divise par 18 et le tout divisé par 0,92 (le poids d’un litre d’huile). Le manque de riz a perturbé le fonctionnement des cantines dans la mesure où il fallait trouver un nouveau barème.

Sidwaya

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