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Autant le dire… : Nos forces de sécurité et leurs vieilles bâtisses

Publié le mardi 29 mai 2012 à 01h20min

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C’est une tradition chez nous d’abriter les commissariats de police et les brigades de gendarmerie dans de vieilles constructions coloniales. Heureusement que la tendance tend à s’inverser depuis maintenant quelques années.

La première brigade de gendarmerie que j’ai connue à mon enfance est toujours abritée dans une maison sous forme de coupole, entre de grands caïlcédrats dans la ville de Houndé. On m’a appris après qu’il s’agit d’un bâtiment colonial dont très peu de Houndelais se rappellent encore exactement la date et le contexte de construction. A Bobo-Dioulasso, deuxième ville du pays, la quasi-totalité des brigades de gendarmerie sont logées dans de vieilles constructions dont la jeune génération ne connaît pas l’histoire. La brigade de recherche est dans un vieux bâtiment ; idem pour la brigade routière, la brigade territoriale, le poste de compagnie. Donnant l’impression que les brigades de gendarmerie ne se portent mieux que lorsqu’elles sont dans des bâtiments coloniaux. Est-ce un mythe pour nos gendarmeries ? On aurait bien voulu le savoir !

Les commissariats de police, dans bien des cas, ne sont pas mieux logés. A commencer par le commissariat central de la ville qui est depuis longtemps dans un bâtiment dont le nombre d’années concurrence l’histoire de Bobo-Dioulasso. Le nouvel édifice en étages construit, il y a quelques années pour offrir de meilleures commodités de travail est toujours sans clôture. En tout et pour tout, ce sont de vieilles tôles rouillées par les intempéries qui servent de clôture. C’est à croire que le plan de construction de ce nouveau bâtiment, qui cache difficilement l’ancien n’a pas prévu de mur de clôture dans sa phase étude. C’est à ne rien comprendre, car la situation dure depuis quelques deux à trois ans. Le commissariat de police de l’arrondissement de Dô n’est pas des mieux lotis.

Locaux bien exigus dont la date de construction remonte de très loin. On l’appelle « commissariat sans lois » car dit-on à l’époque, on y sanctionnait avant de chercher à savoir le motif. Quant au commissariat de Konsa, ses occupants ont la phobie de la saison des pluies. A chaque saison des pluies, comme des fournis, ils ont été toujours été délogés par les eaux qui remplissent cour et bureaux. La section de la police administrative et la section Carte nationale d’identité ne sont pas non plus dans de meilleures conditions. La section des accidents qui partage les mêmes locaux avec la police municipale est dépourvue de véhicules (une seule bâchée pour toute la ville) pour constater en cas d’accident.

Seuls le Service régional de la police judiciaire et le commissariat de l’arrondissement de Dafra sont dans des locaux assez récents. Tout comme à la gendarmerie, on est tenté de se poser la question de savoir pourquoi une telle situation. Y a-t-il là aussi un mythe ? On aurait bien voulu le savoir.
Passons le matériel de travail dans les deux cas. Car, dans certains commissariats, on y trouve encore des « Gutenbergs » ou des Olympia, ces vieilles machines à dactylographier très mécaniques qui ailleurs se trouvent dans des musées.

Qu’est-ce qui explique que ceux qui doivent nous sécuriser manquent autant de matériel et sont dans de mauvaises conditions de travail ? Et pourtant, tout le monde est unanime que la sécurité des biens et des personnes est intimement liée au développement. Il est indéniable que tout est prioritaire dans nos pays. Mais, il y a des priorités dans les priorités. Aussi, au lieu donc que nous passons le temps à critiquer souvent inutilement les actions de nos forces de défense et de sécurité, il est utile de chercher à comprendre les conditions dans lesquelles elles travaillent. Ça nous permettra de mieux apprécier. Avant de les condamner.

Dabaoué Audrianne KANI

L’Express du Faso

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Vos commentaires

  • Le 29 mai 2012 à 09:54 En réponse à : Autant le dire… : Nos forces de sécurité et leurs vieilles bâtisses

    Si vous devez rentrer dans le debat des moyens de la securite, vous allez, a coup sure vous embourber !
    Ce que vous voyez n’est que la partie visible de l’iceberg.
    Il existe tellement de problemes internes que les forces de securite ne peuvent en parler, c’est meme l’omerta.

    Savez vous que gendarmes et policiers sont obligés d’amener les delinquants avec leur propre moyen de deplacement au parquet ?, que la justice ne contribue en rien pour les fournitures ou tout autre besoins ?
    Renseignez vous aupres des mairies, des hauts commissariats et autres structures de l’Etat, on vous dira qu’il n’ya pas plus mendiants que les forces de securité ! On a besoin et en meme temps on est en manque de tout (papier craft, feuille de premiere et deuxieme frappe, gomme, crayon, stylos, ruban pou machine a ecrire, serpilleres,...Bref.
    Si vous disposez de l’un de ces produits, faites en don au commissariat ou a la brigade la plus proche.

    Figurez vous que depuis Decembre 2011, la securité n’a percu aucune dotation en carburant, elle se debrouille malgré tout pour fonctionner !!!

    Courage chers amis de la securite, Dieu vous le rendra au centuple

  • Le 29 mai 2012 à 11:55, par Fatotè En réponse à : Autant le dire… : Nos forces de sécurité et leurs vieilles bâtisses

    Priorité et encore priorité ! On ne sait plus ou donner de la tête ! Quand l’Etat dit que l’éducation est prioritaire et que l’on gratte un peu le fonctionnement des établissements scolaires, on se demande bien ou se trouve cette priorité ? Comme beaucoup de burkinabè, je croyais que la sécurité était aussi une priorité... Par l’acquisition récente d’avions de guerre dernière génération (information relayée par RFI et non démentie)
    Car il faut le dire, on préfère ériger Ouagadougou et des bâtiments ou ouvrages de prestiges qui ne sont en rien liés avec l’état réel de notre économie. Faut-il aussi ajouter que celle-ci est elle-même extravertie car reposant sur un budget structurellement ou mécaniquement déficitaire en attenant que les "Pays amis" viennent le combler avec les aides publiques au développement. Et l’on se complaît là-dedans depuis un demi-siècle.

    Cependant mon intervention se veut être à un autre niveau. Les anciennes bâtisses et leur utilisation contre lesquelles l’auteur de l’article semble s’insurger. Il me semble qu’au regard de ce qui se passe dans l’environnement architectural de notre pays, ce soit une pensée collectivement partagée : raser tout le patrimoine pour construire du neuf. Et s’il le faut sur le site même de ces "vieux bâtiments".
    Psychanalytiquement se ressemble à une volonté farouche de nous débarrasser de ce qui nous rattache au passé, ou de nier ce passé aussi récent soit-il (Pour mémoire la colonisation à moins de 200 ans au Burkina). L’auteur évoque même la méconnaissance de l’âge de ces bâtissent que les autorités ont maintenu le fonctionnement en y installant des services de l’Etat.
    S’il faut doter notre administration de moyens modernes, il n’y a pas matière à discussion ou à polémique. Mais s’il faut détruire ces "vieilles bâtisses coloniales" pour les effacer de notre mémoire, je dirais que ce ne sera pas loin d’une bêtise comme on en connu dans ce pays. La gare ferroviaire, l’hôtel de ville de Ouaga... Et on cherche l’histoire architectural du pays on ne sait où la trouver, ni la voir pour la présenter fièrement à la jeunesse aujourd’hui et aux générations futures. Se moderniser oui, mais sans se renier, c’est la force des peuples intelligents !
    Préservons ces bâtisses, donnons leur une autre fonction, une autre destination si on veut mais prière ne les détruisons pas.

  • Le 29 mai 2012 à 22:20 En réponse à : Autant le dire… : Nos forces de sécurité et leurs vieilles bâtisses

    Il serait temps de comprendre dans ce pays que de "vieilles bâtisses" s’entretiennent. Cela fait partie du patrimoine burkinabè. L’Europe les entretient et font le charme de beaucoup de villes qui draine aujourd’hui de nombreux touristes et font tourner l’économie locale. Mais, comme,ici, on préfère dealer sur les constructions que d’entretenir, on ne progressera jamais (sans compter le complexe du blanc qui dit béton égale modernité). Cela s’appelle de la malgouvernance.

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