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Duel Morsi/Chafiq :"L’Egypte entre un cheikh et un général"

Publié le lundi 28 mai 2012 à 01h41min

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C’est ainsi que notre confrère le quotidien Al-Watan a résumé en une la situation du pays des pharaons à l’issue du premier tour de la présidentielle qui s’est tenu les 23 et 24 mai 2012, soit un an après le soulèvement populaire de la place Tahrir, qui a conduit à la chute du raïs Hosni Moubarak : en effet, selon les résultats préliminaires donnés par la confrérie des Frères musulmans et la presse, Mohamed Morsi, le candidat de ceux-ci, aurait obtenu environ 25% des voix et serait suivi de près par le général Ahmad Chafiq, dernier Premier ministre de Moubarak et ancien chef d’état-major de l’armée de l’air, vu par beaucoup comme le candidat de l’ancien régime et de l’armée, crédité de quelque 24% des suffrages ; viendraient ensuite le candidat de gauche Hamdeen Sabbahi, l’islamiste dit modéré Abdel Moneim Aboul Foutouh et enfin l’ancien secrétaire général de la Ligue arabe Amr Moussa.

Toutefois, Hamdeen Sabbahi ayant annoncé, samedi, qu’il porterait plainte auprès de la Commission électorale pour "irrégularités" qui pourraient avoir affecté l’issue du premier tour puis ajouté que : "Nous serons au second tour si Dieu le veut", attendons de voir.

Après le premier tour de cette présidentielle post-Moubarak, qui a eu un taux de participation de 50%, le second est prévu pour les 16 et 17 juin, et les attributions du futur président, élu pour quatre an, sont encore à préciser, l’ancienne Constitution ayant été suspendue, et la rédaction de la nouvelle n’ayant même pas commencé en raison de blocages politiques.

Confirmant les vues du journal Al-Watan, l’analyste indépendant Hicham Kassem a estimé que c’est là "l’une des situations politiques les plus difficiles que l’Egypte ait jamais connues ; "nous faisons face au risque de maintenir le régime de Moubarak ou d’islamiser le pays", a-t-il expliqué. Pour sa part, le militant Omar Kamel, un révolutionnaire, pose le dilemme en demandant s’ils vont livrer l’Egypte à un représentant de l’ancien régime, comme si la révolution n’avait pas eu lieu, ou aux Frères musulmans, lesquels contrôlent déjà le Parlement : officiellement interdits pendant plus de 50 ans et bête noire du régime Moubarak, ils étaient déjà arrivés en tête aux législatives, achevées en janvier.

Toujours est-il que, Morsi et Chafiq étant vus comme les présidentiables les moins consensuels des douze en lice, les observateurs craignent que leur confrontation au second tour divise gravement le pays : l’ex-Premier ministre est abhorré notamment par les partisans de la révolution, particulièrement par les jeunes soixante-huitards égyptiens de la place Tahrir, car son éventuelle victoire signifierait la mort de leurs idéaux, mais il est soutenu par une grande partie de la communauté chrétienne copte (près de 10% de la population), inquiète de la montée de l’islamisme, et il y a de quoi, vu l’ostracisme et les persécutions dont ils sont l’objet souvent de la part de fous d’Allah.

Quant à Morsi, ses contempteurs le trouvent soumis à la confrérie des Frères musulmans et l’accusent d’avoir une vision islamique très conservatrice de la société, aux dépens des intérêts de l’Egypte moderne. Etant donné que salafiste dérive d’un mot arabe signifiant "ancêtre" en raison de l’interprétation ancestrale, vue comme pure, originelle, donc authentique, que tout salafiste a des textes et enseignements de sa religion, le courant salafiste pourrait bien transformer l’Egypte en Etat islamique de Médine.

En attendant peut-être l’un ou l’autre scénario, "l’Egypte retient son souffle", a affiché à sa une le quotidien du parti libéral Al-Wafd.

Les politiciens aimant faire feu de tout bois, on a, comme ironie de l’élection, entendu les Frères musulmans, qui avaient quelque peu volé au secours de la victoire de la révolution, appeler les candidats éliminés au ralliement pour "sauver la révolution". De son côté, l’ex-cacique du régime Moubarak n’a-t-il pas dit aux jeunes : "La révolution que vous avez provoquée vous a été confisquée, je me suis engagé et je m’engage à vous en rendre les fruits" ?

N’est-ce pas là la demande du crocodile à la poule de lui confier la garde de ses œufs ?

Les Etats-Unis, qui ont félicité l’Egypte pour ce vote, qu’ils ont qualifié d’"historique", se sont dits prêts à collaborer avec tout gouvernement "démocratiquement élu". Ah ! bon, tout gouvernement "démocratiquement élu" y compris le Hamas palestinien ?

La Rédaction

L’Observateur Paalga

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