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AFFRONTEMENTS INTERCOMMUNAUTAIRES A SARI : Les conséquences du délitement de l’Etat malien

Publié le lundi 28 mai 2012 à 01h46min

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Il règne une atmosphère funèbre à Sari, ce village frontalier entre le Mali et le Burkina. En effet, les démons de la haine ont distillé leur venin dans les veines des communautés sœurs, Peulhs et Dogons, qui ont toujours cohabité tant bien que mal. Une trentaine de morts : c’est le triste bilan de ce conflit intercommunautaire qui a endeuillé les deux pays amis et frères, le Mali et le Burkina. Car, bien que la plupart des victimes de cette hécatombe soient des Burkinabè, les deux communautés aujourd’hui en rupture de ban, sont affectées à des degrés divers, elles qui, comme la langue et les dents, ont toujours partagé la même sphère. On a souvent assisté à des conflits intercommunautaires, généralement entre éleveurs et agriculteurs, mais on a rarement vu leurs conséquences atteindre la proportion du drame de Sari.

A la vérité, le délitement de l’Etat malien a favorisé l’explosion d’une bombe peut-être longtemps retardée par les autorités maliennes, aujourd’hui absentes de la zone. L’autorité politique étant absente à Sari, les deux parties belligérantes se sont donné à cœur joie à des massacres. Les disparus de ce conflit meurtrier et leur famille ne sont rien moins que des victimes collatérales de la guerre de sécession que le MNLA et compagnies livrent à l’Etat malien en mal de cohésion. Une preuve supplémentaire, pour ceux qui en ont encore besoin pour se convaincre, que cette crise n’est pas une affaire qui concerne le seul Mali. Toutefois, il faut se garder d’imputer seulement ce drame au délitement de l’Etat malien.

Certes, l’unité du pays aurait permis aux autorités locales de vite contenir les passions dont le déchaînement a produit les résultats dramatiques que l’on connaît. Mais il reste entendu que les conflits meurtriers intercommunautaires restent encore une peste à laquelle beaucoup d’Etats africains peinent à trouver un remède adéquat. Car il ne se passe pas une seule saison pluvieuse sans que l’on assiste à ce type de conflits quelque part dans nos pays, avec le plus souvent son lot de pertes en vies humaines.

Quand trouvera-t-on finalement une formule qui puisse contenter les acteurs des deux secteurs d’activités, agriculture et élevage, afin d’éviter les tragédies ? En attendant, il faut souhaiter, pour le cas spécifique de Sari, qu’il n’y ait pas de représailles de la part des victimes. A l’heure où nous tracions ces lignes, il était annoncé la tenue d’une rencontre pour régler définitivement ce conflit foncier. On croise les doigts.

Boulkindi COULDIATI

Le pays

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