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Autant le dire… : « Nous voulons du pain, de l’eau, de la santé,… moins chers »

Publié le lundi 28 mai 2012 à 01h43min

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Les Burkinabè sont sortis ce 26 mai 2012 pour demander plus d’eau, de nourriture, de santé, d’éducation, en un mot comme en mille, plus de bien-être pour tous, et à des coûts accessibles. De Ouagadougou à Bobo-Dioulasso, en passant par d’autres villes secondaires comme Ouahigouya, Koudougou et Banfora, ils sont sortis : hommes et femmes, jeunes et moins jeunes, pour dire « haut et fort » que la vie est chère au Faso. Et ce n’est pas faux. Les prix du riz, du maïs, du sorgho et du mil, principales céréales de base alimentaire ne sont pas accessibles. La ménagère qui va au marché, ne s’y rend plus avec un panier, mais un sachet noir. Pour que les voisines ne voient pas le contenu : quelques tomates, de la potasse, du sel et un peu de feuilles vertes quand c’est le moment pour faire la sauce, qui va accompagner le traditionnel tô (pâte de farine) à base de maïs ou de sorgho que beaucoup de ménagères n’apportent plus au moulin pour y enlever le son.

Pour plusieurs raisons dont deux principales : ça ne diminue pas la quantité, et ça ne coûte pas de l’argent en plus. L’huile dans le repas, c’est quand on peut. Le poisson et la viande, ce n’est pas tous les jours. Ou du moins ce seraient les dimanches ou les jours de fête. Les productions nationales telles que les pommes de terre, l’igname, le haricot et même la patate ne sont pas accessibles à la bourse du Burkinabè moyen. Si bien qu’il n’en fait même plus un problème. D’ailleurs, il n’en pas l’habitude alimentaire. Les trois repas quotidiens ne font pas non plus partie des habitudes de certains ménages qui les ont abandonnés depuis longtemps.

Dans certaines familles, on ne se déplace plus au hasard. Autant que c’est possible, on fait le « co-motorage » pour minimiser les dépenses en carburant. Parce que l’essence est chère. Pendant que c’est la fin de l’année scolaire, des parents ont déjà l’esprit à la prochaine rentrée des classes. On comprend pourquoi, le Burkinabè ne peut plus avoir la tête au quotidien. En d’autres termes, on ne peut pas demander à quelqu’un de se concentrer sur un travail donné alors que l’esprit est ailleurs. Voilà, une des sources de notre sous-production. Autrement dit, peut-on exiger d’un employé une rentabilité optimale alors qu’il n’est pas dans toutes les conditions sociales nécessaires à cet effet ?
Quand on va dans un centre de santé, ne fusse qu’un CSPS ou un hôpital national ou régional, on a « la peur au ventre ». La première condition d’accès aux soins, c’est de payer d’abord. Les médicaments, mais aussi les actes médicaux. Ce qui n’est pas accessible au Burkinabè moyen. Que faire ? Certains optent pour les médicaments de la rue (l’automédication) ou la pharmacopée. Mais depuis que les radiothérapeutes ont compris qu’ils peuvent se faire de l’argent à travers les racines et les écorces des arbres, ils ont eux aussi renchéri les prix.

Face à un tel contexte, qui malheureusement va de mal en pis, il semble important, voire urgent de « prendre le taureau par les cornes ». Le gouvernement, vers qui tout le monde a le regard tourné, doit multiplier les actions concrètes en faveur de l’amélioration des conditions de vie des Burkinabè. Sans démagogie ou calcul politicien quelconque. C’est une question essentielle qui conditionne même la paix sociale, l’avenir du pays et des générations futures.

Dans ce combat, il me semble que le peuple est prêt à soutenir le gouvernement dans sa croisade contre les spéculateurs. La balle est bien dans son camp, s’il veut l’adhésion de son peuple. Pour mémoire, retenons la masse des mobilisations chaque fois que les organisations de lutte contre la vie chère et les syndicats sortent. Le message est clair « comme de l’eau de roche » : « nous voulons du pain, de l’eau, de la santé…moins chers » ; ou du moins à « prix juste ».

Dabaoué Audrianne KANI

L’Express du Faso

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Vos commentaires

  • Le 28 mai 2012 à 11:34, par paspanga En réponse à : Autant le dire… : « Nous voulons du pain, de l’eau, de la santé,… moins chers »

    Mon ami ce n’est surement pas "radiothérapeute" le terme approprié.
    Article intéressant, cette situation est due à la Kleptocratie érigée en principe fondamental au BF !
    Redonner du pouvoir d’achat aux populations, baisser le prix des denrées alimentaires. Si sur le pétrole on n’a que peu de marges de manœuvre, arriver à l’autosuffisance alimentaire au Burkina est une question de volonté politique et de stratégie d’investissement.

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