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Fait de chez nous : La vengeance extrême

Publié le vendredi 18 mai 2012 à 02h28min

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« Tu sais mon petit, ma prière quotidienne est de ne plus tuer une mouche, à plus forte raison mon semblable ». Cette phrase prononcée, Salam s’est levé de sa chaise, pour rejoindre un autre groupe venu boire le « tchapalo » (bière locale). Amadou, son interlocuteur, édifié et attristé par ce qu’il venait d’entendre, lui a glissé une pièce de 100 FCFA dans la main avant de continuer sa route. Tête baissée, le jeune collégien qu’est Amadou, continuait de reconstituer les faits que venait de lui conter Salam. « Peut-être que Salam allait être Directeur général, ou patron d’un service s’il n’avait pas été victime de la sorcellerie de Dibi », a déduit Amadou en monologuant. En effet, Salam comme les dizaines d’enfants du village, a été à l’école du Blanc.

Malgré son intelligence, il n’a pas pu franchir la classe de 6ème une fois au collège. Des camarades d’autres villages qui bénéficiaient de ses explications, sont bien placés dans des services aujourd’hui. Pendant ce temps, Salam est entre les cabarets et le chemin de son champ. Après son échec scolaire, Salam est donc retourné au village pour travailler la terre. Dibi, accusé à tort ou à raison d’être le sorcier du village, se promenait partout pour dire qu’il était à la base de l’échec scolaire de Salam. Pire, il racontait à qui veut l’entendre qu’il était à l’origine du décès de plusieurs personnes dans le village dont le frère aîné de Salam. Si les autres lui ont pardonné pour ses actes avérés et non-avérés, Salam s’est vengé de façon extrême : « comme pour obéir à la « loi du Talion » qui prône la vengeance « Œil pour œil, dent pour dent », Salam, s’est confié à un ami pour tuer Dibi.

Mais le faire physiquement, pouvait lui coûter tous les malheurs du monde. C’est ainsi qu’il a consulté un féticheur qui lui a offert une poudre maléfique. Cette poudre, mélangée dans de la pâte préparée à base du mil, et consommée dans une nouvelle calebasse en citant le nom de Dibi, suffisait pour le tuer. Salam, décidé à en finir avec « Dibi le sorcier », n’a pas reculé, malgré le fait que le féticheur lui ait confié le fait que sa poudre contenait une partition humaine. Trois jours après avoir consommé le mélange, Salam a eu un ballonnement qui lui a fait regretter son acte. Il passa deux « nuits blanches », la troisième nuit, il est allé voir le propriétaire du produit. Ce dernier lui a offert une autre poudre qu’il a bue sur place. Et c’est ce qui lui a permis d’évacuer le contenu de son ventre.

Au bout d’un mois après « le travail » de Salam, Dibi était effectivement malade. Ses enfants décident de le soigner au CSPS du village. Il refuse et se met à préparer des décoctions. Dibi va tout faire, mais sa situation empire. Avant même de rendre l’âme, il a pourri d’un côté. Connu pour sa sorcellerie, tout le village, sa famille exceptée, faisait peu cas de ses souffrances. Un soir, des pleurs ont annoncé sa mort. Salam est allé informer son féticheur qui lui a donné un autre produit pour qu’il soit à l’abri de toute menace possible par l’âme de Dibi.

Depuis sa mort, les élèves ressortissants du village ont commencé à réussir à des concours de la Fonction publique. C’est donc cette mésaventure que Salam a contée à Amadou, un jeune collégien du village qui le consulte toujours pour sa maîtrise de la langue de Molière. Un acte que Salam regrette aujourd’hui. C’est pourquoi, il prie toujours pour ne plus refaire un acte pareil.

Souro DAO (daosouro@yahoo.fr)

L’Express du Faso

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