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LONGS REGNES EN AFRIQUE : Les dinosaures face aux mutations démocratiques

Publié le vendredi 11 mai 2012 à 01h21min

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Tant bien que mal, l’Afrique arpente, jour après jour, le dur chemin de la liberté, de la démocratie et des droits humains. Mais les mutations démocratiques qui y ont cours semblent ne pas avoir tellement d’effets sur certains dirigeants. Ils sont de moins en moins nombreux, mais on en trouve qui demeurent bien scotchés au fauteuil présidentiel. A l’évidence, ces dinosaures n’ont pas vraiment une même compréhension du pouvoir et donc de la durée de règne que le commun des citoyens. Mais, d’où peut-il donc leur venir cette farouche volonté de s’accrocher au pouvoir, à un moment où la logique recommande de céder le siège à d’autres ?
L’alternance démocratique fait désormais partie du vocabulaire du jeune citoyen africain. Désabusée après des promesses jamais tenues, la jeune génération se montre chaque jour plus résolue à aller à l’assaut de pouvoirs dont bien souvent, la durée de vie excède de loin la leur. Incomprise, elle en est finalement arrivée à la conclusion que les élites au pouvoir sur ce continent, n’ont d’yeux que pour elles-mêmes et pour leurs proches.

Or, démocratie ne rime ni avec régionalisme, ni avec clientélisme, encore moins avec cupidité, marginalisation et impunité. Mais pourquoi donc l’alternance démocratique peut-elle paraître à ce point un vœu pieux ? Si toute voie vers l’alternance semble bouchée, c’est tout d’abord parce que les pouvoirs en place sont constitués de démagogues, lesquels prolifèrent surtout sous des régimes de type liberticide. Parmi ces démagogues, se recrutent des proches et d’anciens compagnons du prince régnant.

L’entourage joue un grand rôle dans la gestion du pouvoir d’Etat. Il exerce même une certaine pression pour que les choses demeurent en l’état. C’est pourquoi, on reproche généralement aux proches des chefs d’Etat africains d’être, pour une grande part, responsables du fait qu’ils s’éternisent au pouvoir. Cela est compréhensible, d’autant qu’ils ont le privilège de pouvoir s’enrichir, et même de bénéficier d’une certaine impunité. L’entourage profite des largesses du moment, ne se prive de rien, et mène une vie de pacha. C’est encore lui qui noue et dénoue les intrigues, pour ensuite chercher à se dédouaner le jour où tombe le couperet. La fameuse phrase tendant à le disculper est alors : « on le lui avait pourtant dit ; mais il n’écoutait personne ». Certes, l’entourage exerce une certaine influence sur le chef de l’Etat. Toutefois, cela n’exonère en rien la responsabilité de ce dernier.

C’est à lui, et à lui seul, que des prérogatives ont été confiées par la Constitution. En attendant, comment donc peuvent se sentir les dinosaures africains, face à d’autres dirigeants africains que le jeu de l’alternance fait défiler lors des rencontres au sommet du continent et d’ailleurs ? Comment se voient-ils eux-mêmes, face à des homologues de l’Elysée ou de la Maison blanche qui changent ? Comment ne pas en avoir sur sa conscience, face aux critiques parfois acerbes déversées quotidiennement par des opposants, des défenseurs des droits humains et même des partenaires ?

Certes, avec la lutte des peuples en Afrique, la tendance à vivre accroché au pouvoir comme un dinosaure diminue. Il est vrai que certains persistent. Mais pour combien de temps encore ? Car, les générations montantes, longtemps laissées sur le banc de touche, ne veulent plus attendre. C’est le siècle de la vitesse, de l’échange et du changement. On ne veut plus de ces beaux discours, de ces vieilles recettes qui embaument et endorment. On veut du concret. Et, surtout, on tient à se valoriser. Ils sont peu nombreux, ces dirigeants africains qui perçoivent cette métamorphose, et comprennent ce nouveau discours. Parmi ceux qui croient comprendre ces mutations, combien en tirent-ils des leçons ? Très peu, à en croire le défilé des générations lors des rencontres au sommet.

Or, les quolibets, les allusions mesquines, se cachent de moins en moins aujourd’hui. Inévitablement, les « anciens » travaillent à reproduire l’espèce. La boulimie du pouvoir le veut ainsi. Celui qui dure au pouvoir alourdit sa charge, et d’autant, celle de son entourage. Par conséquent, il faut toujours éviter de traîner les mêmes contentieux, au risque de démériter de l’Etat. En revanche, les hommes neufs ont l’avantage d’amener de nouvelles visions, et donc d’insuffler du changement à tous les niveaux. C’est le gain de l’alternance démocratique, un rêve que caressent de nombreux Africains.

« Le Pays »

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