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SECURITE ROUTIERE AU BURKINA : L’heure n’est plus aux palabres

Publié le vendredi 11 mai 2012 à 01h22min

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Un forum sur la sécurité routière. C’est bien. Je dirai même plus : c’est très bien. Mais pendant que ça palabre au frais dans de douillets fauteuils à Ouaga 2000, la route continue son macabre travail quotidien en endeuillant des familles et en handicapant parfois à vie des usagers. J’espère que ces palabres accoucheront de solutions et décisions courageuses et concrètes. Vous savez, les palabres sur la route, on en a déjà fait. Et les problèmes de la route, on les connaît déjà. A mon avis, on connaît aussi les solutions et on risque de ne pas réinventer la roue. Que chacun prenne ses responsabilités et la route mettra un frein au génocide des Burkinabè, qu’elle a entamé depuis bien longtemps.

Que l’Etat soit un peu plus courageux et rigoureux. Bon nombre de policiers sont prompts à siffler les grilleurs des feux tricolores et laissent faire devant des camions penchés comme des arbres maltraités, des ânes qui encombrent la chaussée, des motocyclistes qui jouent au rallye en pleine ville, des transporteurs en commun qui confondent commun et mixte et marient affreusement voyageurs, bagages, porcs et poules dans leurs véhicules bringuebalants. A part le truculent maire de Ouagadougou, Simon Compaoré (je lui souhaite d’ailleurs prompt rétablissement), qu’on a vu jouer çà et là les moralisateurs de transporteurs, combien de policiers ont verbalisé slaloms et autres dangers ambulants de la circulation ?

J’ai déjà vu un long camion surchargé et penché comme prêt à basculer sur le côté au moindre vent, traîner tranquillement sa carcasse devant et sous le regard presque contemplatif d’agents de l’ordre sur le Boulevard des Tansoaba. Bon, voilà : qu’on intègre d’autres réflexes à nos forces de l’ordre. Ensuite, je parlerai des visites techniques. Je ne sais pas ce qui se passe dans ce coin mais il y a des véhicules qui vont jouer aux messagers de la mort tout juste après être sortis d’une visite technique. Sont-ce les propriétaires qui jouent à cache-cache, du genre « j’emprunte la roue et le frein de mon voisin le temps de la visite, » ou est-ce qu’il y a quelque chose qui ne va pas là-bas ? En tout cas, il faut y braquer des projecteurs. Enfin, pour en finir avec le gouvernement, promouvons les transports en commun. Donnez autant de chances aux promoteurs de ce type de transport comme on l’a fait pour les vendeurs de motos. Je ne veux pas mettre du sable dans le benga de quelqu’un, mais je dis que ces transports ne prospéreront jamais si les marchands de deux-roues continuent de nous inonder de leurs produits.

Les gbakas font des merveilles dans des pays voisins. Ils résolvent pas mal de problèmes de déplacement en ce sens qu’ils sont des appuis sérieux aux bus et aux taxis. Ils peuvent constituer une alternative aux trop nombreux accidents urbains. En tout cas, à vous de voir. J’en ai fini avec l’Etat. Je passe maintenant aux propriétaires des camions et des cars qui massacrent chaque jour les gens sur les autoroutes. Vous aussi, pardonnez un jour ! Je sais que ce n’est pas facile et que la vie est dure. Mais quand même, est-ce que c’est bien de dribbler la visite technique, rafistoler vos véhicules et les lancer sur les routes pour tuer les gens comme ça ? Pensez-vous un seul instant aux familles qui seront endeuillées par votre négligence ? J’en appelle à votre sens de la responsabilité et de respect de la vie du prochain (soupir !). Je m’adresse ensuite aux Burkinabè lambda, surtout ceux qui empruntent les transports en commun interurbains. Quand vous voyez qu’un car est plein à craquer, est-ce que c’est forcé de rentrer dedans ?

Vous rentrez et puis vous criez que c’est coincé comme si on vous avait piqué le nez comme un bœuf pour vous tirer et vous mettre dedans. Après, c’est pour crier encore que c’est l’Etat qui ne fait pas son travail. Reconnaissez que vous ne facilitez pas le travail à l’Etat. Mais l’heure n’est plus à la palabre. Il faut agir. La charité bien ordonnée commençant par soi-même, je cesse à l’instant de parler et j’emprunte le plus sûr et tranquille moyen de transport (pas d’embouteillage, pas d’accident) : mes pieds. Gare à celui qui dira que je suis fou.

Le Fou

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