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IL FAUT LE DIRE : Le marigot Houet, un véritable dépotoir

Publié le jeudi 10 mai 2012 à 01h54min

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C’est une vérité de La palissade. Le marigot Houet, qui traverse la ville de Bobo-Dioulasso du Sud au Nord, est devenu aujourd’hui une décharge publique de déchets de diverses natures. Il suffit seulement de s’arrêter quelques minutes sur l’un des ponts enjambant ce cours d’eau pour être témoin du spectacle désolant. En l’absence de système de collecte par la voirie, on peut observer en effet, en plusieurs endroits, diverses sortes d’ordures, domestiques comme chimiques, qui cohabitent avec les populations riveraines. Que ce soit des résidus de produits de nettoyage, des détergents et désinfectants, ou d’autres matières comme des insecticides domestiques, les pesticides et engrais des cultures maraîchères, il n’y a que l’embarras du choix  ! Sans oublier les huiles de vidange, les acides et les rejets de la teinturerie artisanale, installée aux abords du marigot.

Il arrive même que des vidangeurs de fosses septiques, à la faveur des ténèbres, déversent le contenu nauséabond de leurs véhicules en ces lieux. Une étude sur la pollution du marigot Houet a été réalisée en novembre 2011 par l’Association écocentre de Bobo-Dioulasso, créée pour « contribuer à une évolution de la prise de conscience écologique au Burkina Faso ». En deux décennies à peine, selon le document, les silures sacrés qui vivent dans ce marigot ont disparu en aval du pont de chemin de fer, c’est-à-dire juste après les quartiers Dioulassoba et Farakan traversés par le cours d’eau.

Quant aux poissons qui arrivent à survivre à hauteur du vieux quartier (Dioulassoba), ils forcent l’admiration par leur capacité à évoluer entre déchets, sachets plastiques, huile, matières grasses et soude, obligés qu’ils sont de s’adapter à ce changement dû au comportement de l’homme, qui les avait protégés jusqu’ici. Et pourtant, les berges du Houet offrent tout ce que les arbres peuvent apporter à un milieu : ombre, fraîcheur, sous-sol tissé de racines, feuillages verdoyants, humus, abris pour les oiseaux, reptiles et petits mammifères, fruits comestibles…L’eau qui y coule toute l’année sans tarir, est d’une importance capitale pour les jardiniers qui produisent des légumes et des fruits, des pépiniéristes et des lavandières. Le marigot permet par ailleurs l’installation d’une vie permanente pour les poissons et pour toute la chaîne de vie aquatique locale.

Malheureusement, l’accroissement démographique et surtout, l’apparition des produits de l’industrie, leur usage dans la vie domestique et dans l’artisanat, l’arrivée massive de nouveaux types de déchets liés à la consommation mondialisée, ont rompu l’équilibre écologique du cours d’eau. Dans ce contexte, l’étude de l’Association écocentre, présentée le jeudi 3 mai dernier aux chefs de familles des quartiers riverains, est tombée à pic, car elle fait des propositions concrètes, pour débarrasser le marigot Houet de ses ordures. En effet, ses initiateurs souhaitent mettre en place, avec l’aide des partenaires et de la commune de Bobo-Dioulasso, « un système de collecte efficace autofinancée, avec un système de tri des déchets, de tri sélectif et de recyclage ». Au-delà de la santé des populations, de l’hygiène dans les quartiers traversés par le cours d’eau et du rétablissement de l’équilibre écologique urbain, le projet permettra également la création de nombreux emplois pour les jeunes.

Cependant, cette volonté de l’Association écocentre de recréer un cadre sain dans le lit du Houet sera vouée à l’échec si les principaux acteurs, c’est-à-dire les populations riveraines, n’y adhèrent pas. Il est donc temps que les habitants des quartiers Dioulassoba, Farakan, Kombougou et Bolomakoté qui côtoient quotidiennement le marigot, soutiennent leur « bienfaiteur », ne serait-ce qu’en jetant désormais leurs ordures dans des lieux appropriés. En effet, le projet envisage placer des bacs à ordures en différents endroits, et les riverains du Houet gagneraient à y jeter leurs ordures plutôt que dans le lit du marigot. Ils rendraient ainsi un grand service aux générations futures.

Moustapha SYLLA

Sidwaya

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