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LETTRE OUVERTE AU DREBA DE LA BOUCLE DU MOUHOUN : « Peut-on promouvoir l’enseignement en n’accordant pas de considération à l’enseignant ? »

Publié le mercredi 9 mai 2012 à 01h51min

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La lettre ouverte ci-dessus adressée au directeur régional de l’enseignement de base de la Boucle du Mouhoun est presqu’un coup de gueule. Son rédacteur souhaite qu’il y ait plus d’égards envers les enseignants.
M. le Directeur, par la présente, je vous prie de bien vouloir secourir l’enseignement de base et l’alphabétisation dans la province des Banwa en rassurant les enseignants de cette province aujourd’hui, sans repères. M. le Directeur, Carlyle disait : « Un grand homme montre sa grandeur dans la manière dont il traite les petites gens ».

M. le Directeur, peut-on promouvoir l’enseignement dans une zone en n’accordant aucune considération à un enseignant et pire à la dépouille mortelle d’un enseignant tombé les armes à la main ? M. le Directeur, c’est le triste constat qu’a connu la province des Banwa.

En effet, Monsieur le Directeur, Monsieur Sira Sanou était enseignant à l’école primaire publique de Kie dans la CEB de Solenzo. Titulaire de la classe du CM2, il lui arrivait de donner les cours durant une partie des congés, les jeudis, les samedis soirs et même certains dimanches. Le lundi, 2 avril, il était dans sa classe et le mardi, 3 avril au matin, il s’est rendu au C.M.A de Solenzo avec sa fille malade. Lui-même est reparti aux environs de midi suite à des malaises. Il est reparti chez lui pour être à nouveau admis dans le même centre après 15 heures. Et à 16 heures, il n’était plus du monde des vivants ! La nouvelle comme une traînée de poudre abattait sur son passage tous ceux qu’elle atteignait.

Monsieur l’inspecteur, Chef de la Circonscription informa M. le DPEBA de la province et celui-ci, après avoir constaté le fait, a tenu à informer M. le Haut-Commissaire de la province. M. l’Inspecteur a alors réuni ses proches collaborateurs pour discuter de la conduite à tenir. Il est ressorti qu’un cercueil devait être commandé à partir de la caisse de la mutuelle des enseignants de la CEB. Ensuite, M. l’inspecteur devait rester en contact avec la famille du défunt qui habite Borodougou (localité située à une quinzaine de kilomètres de Bobo-Dioulasso). Pendant ce temps, les collègues du défunt se sont rendus à la morgue dans l’attente d’éventuelles instructions. Les ressortissants de la localité du défunt résidant à Solenzo, après concertation, sont allés rencontrer le CCEB de Solenzo pour l’informer du souhait de la famille à savoir le transfert des restes mortuaires. C’est ainsi que M. l’inspecteur de Solenzo, accompagné du C.C.E.B de Kouka (qui était à Solenzo dans le cadre d’une rencontre), de son Conseiller pédagogique itinérant, du Gestionnaire de la CEB de Solenzo et des représentants de la famille, a rencontré M. le DPEBA. Après lui avoir dit que la famille souhaite le transfert du corps et que les enseignants ont pu, à travers leur mutuelle, commander le cercueil, M. le DPEBA a dit à la famille éplorée qu’en pareille circonstance, il n’y a pas de fonds destinés à la gestion du dossier.

Il a notifié à la famille que la poire sera scindée en deux parties. Il a dit que l’administration prendra en charge le cercueil et quant à la famille, elle doit s’occuper du transport, c’est-à-dire le véhicule et le carburant. Après cela, il a pris le véhicule et est parti on ne sait où. La famille abandonnée a elle-même s’est rendue à la gare routière de Solenzo pour la location d’un véhicule. Les transporteurs ont exigé deux cent mille (200 000) F CFA.

Après des tournées infructueuses, M. l’Inspecteur de Solenzo a été informé aux environs de 21 heures que la famille n’a pas pu obtenir le véhicule. Il a alors appelé M. le DPEBA pour l’informer et lui demander si son véhicule de service ne pouvait pas être utilisé pour la cause. Après une pause, il a répondu qu’il allait voir M. le Haut-Commissaire si cela était possible. C’est alors que personnellement, j’ai demandé aux autres collègues de venir afin qu’on aille solliciter auprès de M. le Haut-Commissaire qui est le premier responsable de la province son aide pour l’obtention d’un véhicule. Heureusement que nous avons trouvé un vrai responsable qui sait que tout repose sur le social et en fin psychologue, il a réussi là où pour moi, M. le DPEBA des Banwa a déserté. Je précise que la morgue de Solenzo ne dispose pas de chambre froide et qu’il n’y avait pas de glace à Solenzo ce jour à cause d’un problème d’électricité.

Il y avait de fortes chances que le corps se décompose s’il devait rester dans cet état jusqu’au matin. Sachez M. le Directeur, que M. le DPEBA a essayé de passer par certains de ses amis pour empêcher la tenue d’une rencontre des enseignants. Après la rencontre qui a quand même eu lieu, il a été recommandé la mise en place de délégués d’enseignants. Là encore, ses protecteurs ont profité d’une rencontre des directeurs d’écoles et des maîtres de CM1 pour mettre en place ce qu’ils appellent une cellule sociale ! Aux dernières nouvelles, il aurait demandé à cette cellule de vous écrire pour vous dire que la crise a été résolue. Pendant ce temps, les enseignants sont inquiets. Nombreux sont ceux qui trouvent qu’il est préférable de partir de cette province afin qu’au cas où ils viendraient à rendre l’âme dans les Banwa que leur dépouille ne soit pas abandonnée. M. le Directeur régional, je sais qu’en écrivant, je m’expose ! Seulement, quel que soit ce qu’ils feront contre moi, que plus jamais cela ne se reproduise. Car comme on nous l’a appris, le corps est sacré et mérite respect.

M. le Directeur, vous me permettrez pour le respect que j’ai pour le titre que vous portez ainsi que le respect dû à votre rang que je taise le nom du lieu où il se trouvait et ce qu’il faisait quand le monde des Banwa pleurait Sira et se cassait la tête pour lui trouver un véhicule afin de l’emmener pour qu’il repose chez lui. M. le Directeur, je précise que ce n’est pas la première fois que cette négligence est constatée. Au décès de la femme de M. le CCEB de Balavé au Sud-Ouest, aucune délégation des encadreurs n’a effectué le déplacement au motif que le lieu est distant de Solenzo et que le véhicule consomme ! Je me permettrai d’inviter à méditer sur cette citation de Ménandre : « Si tu veux savoir ce que tu es, regarde les cimetières quand tu passes le chemin. Là se trouve la poussière légère de ceux qui se croyaient grands par leur naissance, leur richesse et leur dignité. Et à tous ces gens, le temps a manqué. Le lieu souterrain est la rencontre de tous les mortels. Vois et comprends le peu que tu es ».

Sira Sanou, que la terre de ton très cher Faso te soit légère et repose en paix !

Issoumaïla Zongho Instituteur certifié en service dans la CEB de Solenzo

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 9 mai 2012 à 10:31, par Pepe En réponse à : LETTRE OUVERTE AU DREBA DE LA BOUCLE DU MOUHOUN : « Peut-on promouvoir l’enseignement en n’accordant pas de considération à l’enseignant ? »

    Bonjour
    J’espère que le DPEBA va répondre parce que ce qu’il a fait est pathétique. Même si l’administration n’a rien prévu pour ça faut avoir des initiatives comme l’a dit LAT a Dori au Directeur Régional de la Sante. Aussi l’argent n’arrange pas tout. Si il avait compatit avec les enseignants cela ne se serait pas produit.

    Que l’on le mette au garage pour méditer de ce qu’il a fait et bon courage aux enseignants.

  • Le 9 mai 2012 à 18:44, par Karatziri En réponse à : LETTRE OUVERTE AU DREBA DE LA BOUCLE DU MOUHOUN : « Peut-on promouvoir l’enseignement en n’accordant pas de considération à l’enseignant ? »

    J’ai les larmes aux yeux en lisant ce article. Moi même je suis malade présentement. Mon CCEB informé n’a même pas daigné s’enquerir de mes nouvelles. De toute façon il n’est pas Dieu. Je ne mourai que lorsque le tout puissant aura décidé. REPOSE EN PAIX COLLEGUE SIRA.

  • Le 9 mai 2012 à 19:46 En réponse à : LETTRE OUVERTE AU DREBA DE LA BOUCLE DU MOUHOUN : « Peut-on promouvoir l’enseignement en n’accordant pas de considération à l’enseignant ? »

    Je suis sur que cet enseignant anti- enseignant etait avec une bonne , delaissant ses collegues pleurer seuls leur collegue. Quelle mechancete. Moi je l’ ai toujours dit. Si vous voulez bailloner les policiers, nommer un policier comme ministre, si vous voulez couillonner les enseignants, nommer un enseignant comme ministre. Ces deux especes de corps sont les plus mechnats entre eux dans ce pays. Je ne citerai pas de nom. Vous aussi vous avez vecu dans ce pays et vous savez les ministres qu’ on nomme chaque annee. Vous n’ allez pas manger votre piment dans ma gueule.

  • Le 11 mai 2012 à 18:22, par noaga En réponse à : LETTRE OUVERTE AU DREBA DE LA BOUCLE DU MOUHOUN : « Peut-on promouvoir l’enseignement en n’accordant pas de considération à l’enseignant ? »

    ils sont ainsi les responsables du MENA. felicitations à toi zongo. à koudougou ces cas sont nombeux ou des ensignants sont morts et les autorités locales ont laisser la famille louer les vehicules pourries de la gare. un ladji qui a remarqué ces attitudes anormales a fait la morale aux autorités locales du MENA juste aprés l’enterrement au cimetiere. le dpeba et tous les autres sont repartis tetes baissées. mais ils n’ont tiré aucune leçon. ce sera quand les enseignants vont demander leur demission qu’ils vont prendre conscience. le mena doit voir cette situation et le resoudre. il y a eu un bon exemple celui du DPEBA DU NAYALA qui a conduit le corps de son enseignant decédé à koudougou pour qu’il soit enterré parmi les siens.

    • Le 3 juin 2012 à 23:39, par Tuensi En réponse à : LETTRE OUVERTE AU DREBA DE LA BOUCLE DU MOUHOUN : « Peut-on promouvoir l’enseignement en n’accordant pas de considération à l’enseignant ? »

      dommage que les choses se soient passées ainsi. ce que je ne comprends pas, c’est que l’on semble ignorer les réalités. ou l’on ferme les yeux. que chacun se mette à la^place des responsables : comment faire face aux cas malheureux ? le ministère, qui peine à doter les ceb en carburant, ne prevoit rien. les enseignats sont souvent réticents dans les ceb pour la création de mutuelles. parce qu’elles sont souvent mal gérées aussi. dans l’espace d’un mois les Banwa ont connu trois décès d’enseignnts et celui de la femme d’un cceb. le dpeba seul ne peut y faire face, même si on le dépouille de tous les défaux dont il est affublé. réfléchissons ensemble pour trouver la bonne solution facà ces cas.Nul n’est à l’abri. pour rappel, le 15 septembre 2009, l’ex- dpeba des Banwa a rendu l’âme. se rappelle-t-on qui a fait quoi ? que dieu nous aide tous.
      Tuensi

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