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RECRUDESCENCE DES REBELLIONS EN RD CONGO : La rançon de la mal gouvernance

Publié le mercredi 9 mai 2012 à 01h48min

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Au M23 sénégalais, qui a ferraillé contre la candidature de Abdoulaye Wade à la dernière élection présidentielle, il faudra désormais ajouter le M23 de la République démocratique du Congo (RDC). Si le premier mouvement fait référence à la date du 23 juin, le second renvoie à un 23 mars, date de signature de l’accord de paix avec le gouvernement de Kinshasa. Le M23 congolais, dont la création a été annoncée cette semaine, est un creuset d’officiers dissidents des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) ayant la particularité de provenir de l’ex-rébellion du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP) d’un certain Laurent Nkunda en résidence surveillée au Rwanda.

En l’absence de ce dernier, les officiers dissidents obéissent au n°2 de l’ex-CNDP, le général Jean-Bosco Ntanganda qui a maille à partir avec les FARDC qui veulent lui mettre le grappin dessus, depuis la fin du mois d’avril. « Terminator », c’est son surnom, est traqué comme un animal sauvage et il a dû prendre le maquis pour sauver momentanément sa peau. Ironie du sort, c’est au moment où l’armée congolaise a suspendu ses opérations et donné un ultimatum de cinq jours à compter du 5 mai dernier aux dissidents pour revenir dans les rangs, que les officiers fidèles au fugitif ont lancé le M23 pour dénoncer l’accord de paix signé avec le gouvernement.

Lequel accord avait abouti, entre autres, à l’inexécution du mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) lancé en 2006 contre leur chef et à leur intégration dans l’armée régulière congolaise en 2009. C’est désormais la guerre ouverte entre les loyalistes, d’un côté, et Terminator et ses partisans, de l’autre. Une confrontation et une tragédie de plus pour les provinces instables du Nord et du Sud Kivu. Et en pareille situation, ce sont les populations civiles qui paient le lourd tribut en termes d’exactions, de tueries, de pillages, de viols, etc. L’entrée en rébellion des ex-combattants du CNDP, qui s’ajoute à d’autres contestations armées qui secouent régulièrement le pays depuis la chute du « président-fondateur » Mobutu, intervient au lendemain de la réélection, dans des conditions hautement contestables, du jeune chef d’Etat Joseph Kabila Kabengué. Il est difficile de ne pas voir une relation de cause à effet dans cette réélection contestée et la dissidence des ex-CNDPistes même si, a priori, Jean-Bosco Ntaganda soupçonne les autorités de Kinshasa de vouloir carrément l’extrader à la CPI, contrairement à l’accord de paix.

Tout se passe comme si le pouvoir a cédé, sans prendre beaucoup de précautions, face aux pressions internationales qui ont fait jour pour l’extradition du général Ntaganda au lendemain de la confirmation des charges, par la CPI, contre Thomas Lubanga, un autre seigneur de guerre qui a sévi dans l’Iturie (nord-est de la RDC). Certes, on peut bien comprendre son souci de justice, mais il s’est fait un ennemi de plus qu’il va devoir combattre tout seul. C’est à peine si des adversaires du régime ne rient pas sous cape. Or, en temps normal, ils devraient se liguer pour faire face à la menace contre la stabilité et l’intégrité territoriale, qui se profile. Le pouvoir ne peut que s’en prendre à lui-même, en ne favorisant pas le règne de la justice, de l’équité, de la transparence. En somme, la bonne gouvernance. Dans ce domaine aussi, on récolte ce que l’on a semé.

Séni DABO

Le Pays

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