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SUSPENSION DES LOTISSEMENTS : Attention à l’effet boomerang !

Publié le mardi 8 mai 2012 à 01h27min

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C’était le 18 mai 2011. Dans dix jours, cela fera un an. Les lotissements étaient suspendus. Pourtant, on avait donné un délai d’un an pour les reprendre. Pourquoi cela tarde-t-il ? On a répondu que c’est à cause de la campagne électorale qui approche à grands pas. Peut-être. Mais est-ce que cela tiendra longtemps la route ? En tout cas, c’est le signe qui montre l’instrumentalisation politique qu’on fait des lotissements. Et ce n’est pas bien. Se loger est le premier droit de tout citoyen. Qu’à cela ne tienne ! Les campagnes ne finiront jamais. Car on fera toujours des lotissements avant ou après des élections. A part cela, je reconnais qu’il peut y avoir d’autres raisons ou problèmes qui empêchent la reprise des lotissements.

Le Burkinabè est depuis peu un fervent partisan de l’incivisme. Il faut dire que ce n’est pas sans raison. Mais c’est une parenthèse déjà fermée. On pourrait comprendre que ces messieurs du gouvernement jouent la prudence, attendant que le mercure du thermomètre social devienne moins chaud. Eh oui, personne n’ignore qu’un litige né d’un lotissement peut créer une nouvelle déflagration. C’est bien. Cependant, qui sait quand cet incivisme prendra fin quand on sait que c’est justement l’éradication de ses germes qui occupe les jours des gouvernants ? Comme quoi, si on veut attendre que cet incivisme meure, ce n’est pas demain l’avant-veille de la levée de la suspension des lotissements.

Pourtant, il y a urgence. Des gens avaient pris des numéros, certains avaient payé et d’autres étaient prêts pour construire quand la mesure est venue tout arrêter. Les gens, impatients, sont assis maintenant sur leurs futures parcelles, véritables vigiles qui attendent qu’un quidam déambule sur leurs lopins de terre pour lancer une véritable chasse à l’homme. En plus de cela, il y a une véritable spéculation qui s’est organisée autour des portions de terre burkinabè et rendent ces dernières de plus en plus inaccessibles. Alors que les logements dits sociaux n’ont rien de social car dépassant parfois la capacité des porte-monnaies. La mesure de suspension avait été saluée sitôt qu’elle avait été prise. On pensait ainsi régler une bonne fois pour toutes, tous les problèmes liés aux lotissements. Mais apparemment, la suspension, si elle n’est pas levée dans de meilleurs délais, risque d’entraîner elle aussi un autre cortège de problèmes.

Il faut donc la lever. Mais comment ? Il y a trop de casseroles très crasseuses à laver. Sont-ce toujours les mêmes commissions d’attribution qui reprendront les lotissements ? Que deviendront les lotissements faits dans des lieux maintenant partagés entre deux ou trois arrondissements différents avec le nouveau découpage de Ouaga ? La continuité de l’administration, avec l’arrivée de nouveaux conseillers municipaux à l’issue des élections prochaines, pourra-t-elle venir à bout des motifs plus ou moins avouables, cupides et égoïstes qui ont conduit à ces lotissements ? Sinon, il faudrait alors songer à reprendre les lotissements afin d’aplanir ces difficultés avant le 2 décembre 2012. Cependant, peut-on s’aventurer dans des lotissements pendant la saison pluvieuse ? Ce n’est jusqu’à présent pas conseillé. Mais la saison pluvieuse est dangereuse pour ces nombreux Burkinabè qui squattent les non-lotis. Et si les preneurs de décisions ne le savent pas, il n’y a pas que les cireurs de chaussures qui habitent ces quartiers.

Les non-lotis sont truffés de fonctionnaires. Preuve une fois de plus que la politique de l’habitat est pleine de failles. Pourtant, c’est un droit constitutionnel. C’est aussi une poudrière. Pour éviter d’y mettre une étincelle, la reprise des lotissements doit se faire sur de nouvelles bases. L’audit qu’on a promis doit se montrer objectif et tout révéler afin de proposer des solutions courageuses. Aussi faut-il qu’on communique. Et comme je sais que la direction de la communication est souvent, pour ne pas dire toujours, le parent pauvre des ministères, donnez les moyens pour communiquer. Informez les Burkinabè sur là où on en est. Sucer un caillou peut tromper la soif jusqu’à l’arrivée d’une calebasse d’eau fraîche. A condition que la calebasse ne traîne pas en route.

Sidzabda

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 8 mai 2012 à 09:18, par Lesly En réponse à : SUSPENSION DES LOTISSEMENTS : Attention à l’effet boomerang !

    Moi je suis contre la reprise des lotissements. En effet, rien a ete fait pour ameliorer la situation et aucun bilan objectif n a ete presenté au peuple. Dans ce flou, une reprise des lotissement signifierait l’entichissement illicite des memes dignitaires au niveau des communes, surtout à l’orée des elections.

  • Le 8 mai 2012 à 09:22, par Sidnaba En réponse à : SUSPENSION DES LOTISSEMENTS : Attention à l’effet boomerang !

    Il n y aucune raison de reprendre les lotissements à ce stade. Il y a beaucoup de parcelles non mises en valeur et le gouvernement doit veiller à cela. Beaucoup d’habiotants des non lotis dont vous mentionnez sont des speculateurs. c est ca auissi la verité !.

  • Le 8 mai 2012 à 09:25, par Mona En réponse à : SUSPENSION DES LOTISSEMENTS : Attention à l’effet boomerang !

    Moi je ne comprends pas pourquoi tout le monde veut vivre à Ouaga. le Burkina ce n est pas seulement Ouaga et Bobo. Nos campagnes ont besoin de bras valides pour la production agricole. Ceux qui n’ont pas de parcelles n’ont qu à retourner aux villages. Le bonheur s’y trouve egalement. Ouaga n a pas besoin de lotissement supplementaire ; mais plutot de la mise en valeur des parcelles deja loties. Il faut voir la verité en face les gars !

  • Le 8 mai 2012 à 09:58, par Sambiga En réponse à : SUSPENSION DES LOTISSEMENTS : Attention à l’effet boomerang !

    bonjour je suis parmi ces demandeur de parcelle .Etant un fonctionnaire dans une province et désirant me baser à Ouaga,j’ai été dans une mairie payer en son temps une caution de 75000f. Somme demandé
    e pour les demandeurs de parcelles non résidents. Malheureusement, malgré mon réçu que je ne manque de montrer aux agents de la dite mairie pour ma situation . je n’ai jusqu’à présent pas de parcelle. Et je réitère mon idée sur la politique de l’habitat tant critiquée : pourquoi ne pas faire des lotissements et proposer au x fonctionnaires myennant un 3000005 à couper à tempérance sur les salaire des fonctionnaire ? je suis absolument sùr que beaucoup de travailleurs approuverons cette manière de faire,l’Etat gagne et tout le monde est quitte.

  • Le 8 mai 2012 à 10:35 En réponse à : SUSPENSION DES LOTISSEMENTS : Attention à l’effet boomerang !

    La supsension des lotissements avait été justifiée par le fait qu’il fallait engager une réflexion globale sur la question afin de lever toutes les difficultés et les problèmes qui émaillent ces opérations. Malheureusement, une année après nous attendons que Monsieur le PM et ses ministres concernés (Habitat et Administration territoriale) nous disent concrêtement les conclusions de cette réflexion visant à améliorer et assainir la situation. A t-elle vraiment eu lieu cette réflexion ?

  • Le 8 mai 2012 à 11:37 En réponse à : SUSPENSION DES LOTISSEMENTS : Attention à l’effet boomerang !

    Bonjour monsieur Sidzabda ! La reprise des opérations de lotissement est de la quinine ! Nous avons réellement des prédateurs qui attendent pour budgétiser leur campagne electorale. Pour cela ; permettez au premier ministre qui est un homme avertit de lever la mesure après les élections !!!

  • Le 8 mai 2012 à 12:04, par Koudka En réponse à : SUSPENSION DES LOTISSEMENTS : Attention à l’effet boomerang !

    SID SID ZABDAMÊ ! le problème des lotissements est plus que sérieux. Il faut trouver un compromis et afficher les listes déjà prêtes sinon il se pourrait que la date des élections soient reportées pour raison de crise sociale. Ceux qui attendent qui boudent et qui sont prêt à en découdre sont ceux qui votent en masse. De nos jours les gens ne se laissent plus acheter les consciences ni marchander leur voix. En parlant de compromis je pense à une proposition du genre : les non satisfaits seront recensés et auront des parcelles à superficie réduites dans une trame d’accueil désignée à l’avance. Les taxes de jouissance et autres seront payables pendant une durée de trois ans. De plus ceux qui sont attributaires depuis plus de 5 ans devront régulariser leur situation (solder les frais y relatifs). Par ailleurs un fichier fiable devra être créé en vu de :
    1-faire la situation exhaustive du nombre de parcelle attribué
    2-identifier les attributaires
    3-proposer un plan de ré-distribution pour les parcelles non à jour et appartenant à une même personne et ceux au-delà de 3 parcelles. cela réduira les inégalités. NB : prioriser la ré-attribution à d’autres membres de la famille du précédent propriétaire.
    Bien entendu il faut mettre en place une commission centrale d’arbitrage composée de 3 sensibilités : majorité actuelle+opposition actuelle+société civile et veiller à impliquer les hommes de lois (magistrats).
    En définitive ce que je sais et de ce que les gens disent il ne sera pas possible d’organiser les élections avant d’avoir élucider la question des lotissements. Tout le monde est à bout et la cocote ne va tarder à péter. Je le dis à contre-coeur car je ne veux pas de ça pour mon pays. Vivement que la sagesse et la clairvoyance animent nos gouvernants pour plus de quiétude pour nos populations et plus de stabilité pour le Burkina Faso !

    • Le 8 mai 2012 à 18:34 En réponse à : SUSPENSION DES LOTISSEMENTS : Attention à l’effet boomerang !

      Kouka je suis d’accord avec tes propositions à savoir réattribuer les parcelles non mis en valeur après 5 ans comme cela est indiqué dans la loi ; vérifier qu’un seul individu n’ai pas plus de 2 parcelles si c’est le cas les réattribuer à leurs enfants qui n’auront plus de parcelle. en somme, assainir ce milieu en appliquant la loi dans toute sa rigueur comme aime le dire LAT. On espère qu’il dit vrai quand il parle ainsi et on attend de voir. pour ce faire il faut une base de donnée pour maitriser les attributions. LAT on te suit de très près pour savoir si tu va faire appliquer la loi en la matière. A moins que tu n’es aussi des vingtaines de parcelles.

  • Le 8 mai 2012 à 12:50 En réponse à : SUSPENSION DES LOTISSEMENTS : Attention à l’effet boomerang !

    Bonjour,
    Je ne suis pas d’accord avec vous sur votre proposition.
    Le Burkina Faso ne se compose pas seulement de fonctionnaires. Et les autres, comment comptez-vous les trouver des parcelles d’habitation ? Si nous démarrons cette opération comme vous le dites, ce sont les mêmes fonctionnaires qui vont se retrouver avec 20 parcelles. On vous connaît. Si tu as besoin d’une parcelle et n’ayant pas les moyens de l’acquérir, va loger dans ton non-loti tout en espérant un lotissement. Et là aussi, il faudra croiser les bras. Tout est pourri dans ce pays.

  • Le 8 mai 2012 à 19:26 En réponse à : SUSPENSION DES LOTISSEMENTS : Attention à l’effet boomerang !

    Plutot interessante, l’idee de ne pas attribuer plus de deux parcelles a un seul individu. C’est une question d’equite envers tous.
    Par contre, si quelqu’un a les moyens de s’acheter plus de deux parcelles aupres de particuliers, je ne vois pas pourquoi l’Etat devrait lui en priver. Cela fait partie du droit a l’investissement.
    Bien entendu, celui ou celle qui vent sa parcelle ne pourra pas se prevaloir du fait qu’il ou qu’elle n’a plus de parcelle et par consequent, devrait en avoir. Cela ne tiendrait pas.

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