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Editorial de Sidwaya : Hollande, président de France

Publié le lundi 7 mai 2012 à 01h20min

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"Je suis candidat à la fonction la plus éminente du pays. Si les Français m’accordent leur confiance, je serai le septième président de la Ve République.
Je n’ai pas pris cette décision à la légère. Elle n’est pas seulement l’aboutissement d’un combat politique mené depuis trente ans, au service de mon parti et de mes concitoyens. Non, je suis candidat pour changer le destin de la France".
En écrivant ces lignes dans son ouvrage intitulé "Changer de destin", paru en février 2012, François Hollande, le candidat devenu président de la République française, n’était certainement pas dans la peau du plaisantin.

Celui qui a côtoyé les icônes du Parti socialiste en France tels que Mitterrand, Lionel Jospin… a choisi, il y a trois ans de cela, seul, sans soutien, sans appui, sans fonction nationale, de briguer la présidence. Sans être un extraterrestre, le nouveau président français est certainement un homme hors du commun. François Hollande est de ceux qui ont compris qu’en politique, il est nécessaire qu’une forme d’utopie existe pour pouvoir mener une action.

Le duel entre le leader de la droite française, Nicolas Sarkozy, et le candidat de la gauche, François Hollande, a tenu en haleine, la France entière et même au-delà, durant ces derniers mois. Entre le renouvellement du mandat et l’alternance politique, les français ont voté pour l’avènement d’une autre idée de la France. La France autrement ! Au pouvoir depuis 1995, la droite française a fini par donner des signes de lassitude. Les nombreuses dérives, la gouvernance à la Q.C.M, (question à choix multiples), le star-system... ont fini par exaspérer un grand nombre de Français. Et la crise économique et financière débutée en 2008 donna le coup de grâce.
Nicolas Sarkozy vient ainsi grossir le rang des chefs d’Etat ou de gouvernement dont les ambitions ont été revues à la baisse par la crise. Ils sont nombreux ceux qui sont passés à la trappe : en Espagne, José Luis Zapatero (socialiste) a été battu en novembre 2011 par Mariano Rajoy (droite).

En Grande-Bretagne, le travailliste Gordon Brown a perdu les législatives de juin 2010. David Cameron du parti conservateur occupe désormais son fauteuil. En Grèce, Georges Papandréon (socialiste) a démissionné sous l’emprise de la crise. Il a été remplacé par Lucas Papademos (socialiste-droite) qui, lui, est toujours dans la tourmente. Aux Etats-Unis d’Amérique, la présidentielle de novembre 2008 a débouché sur la défaite du parti républicain et le retour aux affaires du parti démocrate avec l’élection de Barack Obama.
La crise économique et financière a refait la carte politique des grandes démocraties. La France, patrie des droits de l’homme, terre de nos "ancêtres gaulois", ne pouvait pas se payer le luxe de s’offrir un destin singulier dans une Europe devenue un gros village.

L’élection de François Hollande symbolise aussi un désaveu de Nicolas Sarkozy. Ce dernier, par ses travers, a contribué à dérouler le tapis rouge à son successeur. Le bilan de la présidence Sarkozy peut se résumer de la manière suivante : les projets sont plus nombreux que les œuvres terminées. Bilan déficitaire. Espoir fané. La sanction est donc tombée : Hollande président.

C’est donc une nouvelle page de l’histoire de France qui se tourne. Avec l’élection de François Hollande, ses partisans ont explosé de joie et laissé entrevoir un sentiment de délivrance, de soulagement. « C’est un immense bonheur », a dit Martine Aubry. Le nouveau président français a du pain sur la planche. Il hérite d’un pays où la désespérance est si grande au sein de certaines couches sociales que celles-ci éprouvent la tentation de se tourner vers l’extrémisme. François Hollande ne devra pas perdre du temps avant de porter son costume de président de la république. Il devra tirer les leçons de l’échec de son prédécesseur pour ne pas, à son tour, échouer. « Il est dur d’échouer, mais il est pire de n’avoir jamais tenté de réussir », a dit Franklin Roosevelt.

A lui de mettre en place et en marche les bases de son succès. Il est beaucoup plus facile d’échouer que de réussir. Ce n’est pas parce que les choses sont difficiles que nous n’osons pas. C’est parce que nous n’osons pas qu’elles sont difficiles.

Le président de la république, ce n’est pas le président du Parti socialiste. C’est le président de toute la France. F. Hollande devra toujours avoir à l’esprit ce qu’il a, lui-même, écrit dans son ouvrage de campagne : « Je n’accable pas le président sortant. Il n’est pas responsable de tout. Ni du passé ni des contraintes extérieures. Mais il doit acquitter la note des promesses qu’il a faites et dont il savait qu’elles ne seraient pas tenues : laisser croire au retour du plein-emploi, laisser espérer des gains substantiels de pouvoir d’achat pour ceux qui travailleraient davantage, laisser penser à une éradication prochaine de la violence, annoncer des projets qu’il ne voulait pas atteindre : l’Etat impartial, l’indépendance de la justice, la protection des plus humbles… » Pour avoir si bien décrit la raison de l’échec de Sarkozy, Hollande n’aura aucune excuse de reproduire les mêmes erreurs.

« On apprend peu par la victoire, mais beaucoup par la défaite ». Sachons donc tirer leçons de la défaite d’autrui pour ne pas échouer à notre tour. « Si tu te crois battu, tu le seras. Si tu n’oses rien, tu n’obtiendras rien. Si tu veux gagner, mais que tu t’en crois incapable, sois assuré que tu n’y arriveras point. Si tu crois que tu vas perdre, tu as déjà perdu » (Proverbe chinois)

Rabankhi Abou-Bâkr ZIDA (rabankhi@yahoo.fr)

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 7 mai 2012 à 11:00 En réponse à : Editorial de Sidwaya : Hollande, président de France

    Bien dit et assez argumenté ! Mais quelles leçons nos pays peuvent tirer de ces expériences ? réussies et qui font plaisir à voir.
    Dans nos pays pourtant c’est simple, il faut instaurer une justice sociale et tout le reste est gagné selon moi.

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