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Commission de la CEDEAO : La métamorphose du président Kadré

Publié le vendredi 4 mai 2012 à 01h28min

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La situation reste des plus confuses à Bamako où des tirs nourris ont encore été entendus et des ratissages opérés mercredi dernier dans le quartier Djikoroni para qui abritait jusqu’alors le quartier général des bérets rouges.

Après le rejet par le capitaine Amadou Aya Sanogo des dispositions prévues par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) dans l’accord cadre signé le 26 avril 2012, des affrontements ont eu lieu entre deux entités de l’armée malienne, les bérets verts favorables au chef de l’ex-junte, et les bérets rouges fidèles à Amadou Toumani Touré (ATT). La remise en cause le 28 avril dernier par le capitaine frondeur de la fixation de la période de transition à 12 mois et l’envoi de soldats au Mali a, en effet, suffi à exacerber la violence de part et d’autre, provoquant une panique générale au sein de la population et une paralysie de l’administration.

Le jeudi 3 avril courant, lors d’un mini-sommet extraordinaire à Dakar au Sénégal, initialement prévu pour se pencher sur la Guinée-Bissau, les chefs d’Etat de la CEDEAO n’ont pas manqué de mettre sur le tapis la situation dégradante au pays de Modibo Keïta. Les conclusions de la rencontre à laquelle ont pris part le président Dioncounda Traoré, le Premier ministre Cheik Modibo Diarra, et le ministre des Affaires étrangères Sadio Lamine Sow, jusqu’au moment où nous bouclions la présente édition, étaient toujours attendues.

La question qui était sur toutes les lèvres était bien de savoir si le gotha des présidents ouest-africains, pour satisfaire les militaires, allaient accepter de faire des compromis, ou s’ils préféreraient conforter leur position par des décisions encore plus dures. C’est la dernière mesure qui, jusqu’en fin de journée, était envisagée. Le président en exercice de la CEDEAO, le chef de l’Etat ivoirien, Alassane Dramane Ouattara (ADO), a proposé à ses pairs d’aller vers le renforcement des décisions à prendre à l’encontre des deux Etats, tout en tenant compte des intérêts des populations.

Avant de s’envoler pour la capitale sénégalaise, le médiateur Blaise Compaoré a reçu la veille à Ouagadougou une délégation de l’ex-junte avec laquelle il a discuté des points de blocage. Ce fut alors l’occasion pour le chef de la diplomatie burkinabè, Djibril Bassolet, de rappeler que « les décisions des chefs d’Etat n’avaient pour seul but que de stabiliser les institutions militaires au Mali, de les rendre aptes à coopérer efficacement avec la communauté internationale ».

Comme son compatriote, au four et au moulin depuis le début des troubles au Mali, le président de la Commission de la CEDEAO, Kadré Désiré Ouédraogo (KDO), est vite allé au charbon après son élection à la tête de l’organisation sous-régionale. Il se démène comme un beau diable pour trouver un remède à la crise au Mali et en Guinée-Bissau. C’est vrai que le dernier mot revient aux chefs d’Etat de la Communauté, mais on ne saurait occulter l’action très déterminante, malgré tout, de KDO. Dans son adresse aux présidents à l’ouverture des travaux, il a préconisé comme ADO, qu’ils soient fermes avec les juntes malienne et bissau-guinéenne.

De même, il a exigé des « mesures additionnelles et spécifiques » pour permettre de sécuriser davantage les processus de transition dans les deux pays. Le Premier ministre burkinabè et l’ambassadeur pondéré qu’il a été jadis tranchent présentement d’avec l’homme au caractère affirmé au sommet de la Commission de la CEDEAO qu’il a d’ailleurs bataillé ferme avec la bénédiction de son maître pour occuper. C’est sûr, avec une pire entrée en matière (c’est selon) servie par les deux pays en vedette, Kadré va laisser des plumes mais il en ressortira certainement aussi avec des galons. Cela lui sera sans doute très utile pour ses ambitions futures…s’il en avait.

A Dakar, il s’est peut-être agi d’un sommet de plus. Mais la CEDEAO, gestionnaire de putschs, peut-elle rester les bras croisés ? La situation au Mali et en Guinée-Bissau, c’est de bonne guerre, préoccupe et commande qu’on s’en soucie véritablement afin de trouver une panacée convenable.

D. Evariste Ouédraogo

L’Observateur Paalga

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