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SANCTIONS CONTRE LA GUINEE-BISSAU : La junte va-t-elle plier ?

Publié le mercredi 2 mai 2012 à 02h03min

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La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) est en train de se rattraper par rapport à son manque de fermeté face à la junte qui a perpétré un coup d’Etat contre la démocratie le 12 avril dernier en Guinée-Bissau. En effet, elle n’a pas hésité à mettre en application les sanctions diplomatiques, économiques et financières après l’expiration de l’ultimatum de 72 heures donné au Conseil national de transition (appellation de la junte bissau-guinéenne) pour un retour rapide à l’ordre constitutionnel. Voilà donc les membres de la junte frappés d’interdiction de voyager dans les pays membres de la CEDEAO et de gel des avoirs.

La Guinée-Bissau n’a pas été non plus épargnée avec l’interdiction d’exportation de la noix de cajou, le principal produit procurant des devises à l’ancienne colonie portugaise. Cette dernière mesure risque de porter un coup dur à l’économie d’un pays qui est parmi les plus pauvres de l’Afrique et du monde. La CEDEAO entend donc, par cette fermeté, montrer qu’elle ne tient pas à se faire tourner en bourrique par une junte qui donne l’impression de faire des concessions alors qu’elle ne cède rien dans le fond. Car, contre toute attente, la junte qui a accepté sans broncher de libérer Raimando Pereira et Carlos Gomes Junior, s’est rebiffée le 29 avril dernier à Banjul en Gambie lors des négociations avec les sept pays membres du groupe de contact sur la Guinée-Bissau lorsqu’il a été question du rétablissement des institutions et du retour des hommes qui les incarnaient.

La junte bissau-guinéenne a refusé ce que celle du Mali a accepté tout en restant en embuscade. Au lieu de négocier pour faire revenir les putschistes à de meilleurs sentiments, la CEDEAO a préféré bander les muscles, histoire de montrer de quel bois elle se chauffe. D’où le couperet des sanctions qui est immédiatement tombé. La principale question qui reste posée est de savoir si le bâton qui est brandi fera plier la junte. D’autant qu’en matière de sanctions, il est un fait établi que ce sont les populations qui en souffrent le plus. C’est le peuple qui ressent toujours durement les effets des embargos, des fermetures de frontières imposées souvent à certains pays pour punir leurs dirigeants qui ne se comportent pas convenablement. Il y a de fortes chances qu’il en soit de même avec les sanctions de la CEDEAO contre la Guinée-Bissau.

Certes, la junte a accepté de se soumettre à toutes les exigences de la CEDEAO, sauf le retour du président par intérim Raimando Pereira. Mais n’est-ce pas une nouvelle enfarinade pour gagner du temps ? Faut-il s’attendre à ce que la junte jette l’éponge au regard des difficultés consécutives aux sanctions ? La réunion du groupe de contact le 3 mai à Banjul devrait apporter des réponses à ces questions et à bien d’autres. En attendant, on peut relever qu’il se pose un véritable problème de choix de mesures efficaces qui dissuaderaient tout putschiste potentiel de prendre en otage l’avenir et le développement de son pays par une interruption brutale du processus démocratique. Mais, jusque-là, qu’il s’agisse de la CEDEAO ou de l’Union africaine, on n’a pas encore trouvé la potion magique.

Séni DABO

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 2 mai 2012 à 14:51, par nino-tagme-helder-baciro En réponse à : SANCTIONS CONTRE LA GUINEE-BISSAU : La junte va-t-elle plier ?

    Bonjour de Bissau

    Je viens de parcourir avec attention votre article et suis un peu etonne du manque de profondeur quant a la situation qui prevault a Bissau.

    Les militaires ont en effet fait preuve a la fois de bonne foi et de responsabilite. D une part ils ont acceptes les conditions edictees par la cedeao pour la sortie de crise, d autre part ils ont a la demande des presidents en exercice de la cedeao, elargis Raimundo Pereira et carlos gomes junior.

    cependant comment permettre a un President interimaire de reprendre une fonction alors que la constitution dispose que son mandat intermaire est fixe pour une duree de 60 jours avec pour charge principale de veiller aux affaires courantes et d organiser les elections.

    faut il rappeller que feu le President malam bacai sanha est decede a paris le 9 Janvier 2012. Depuis le 9 mars Raimundo est un president illegal voir inconstitutionnel.

    nonobstant, peut on laisser une personne qui a ete a l origine su soulevement militaire en signant une demande d invasion de la guinne bissau par les forces angolaises.

    S agissant de carlos gomes junior, dans la mesure ou il a demissionne pour etre candidat a l election presidentielle anticipee, il serait de bon ton d admettre que ce dernier n est de fait et de droit plus depositaire de l executif.

    En fin comment comprendre que les pays qui representent le front contre la guinee bissau soient la guinne conakry , dont je rappelle les conditions controversees d accession a la presidnce par alpha conde, Yahia Jammeh maintes fois classe parmi les plus grands dictateurs africains, et enfin le cap vert dont on connait l allegence au portugal et de fait a l angola.

    S agissant de la gambie et de l angola, leurs presidents respectifs seraient bien avisses de s occuper des situations politiques et sociales qui sevissent dans leurs pays respectifs.
    quand on a ete President de la Republique sans discontinuer et sans opposition pendant plus de 20 ans, il devient une gageure de s eriger en defenseur de la democrati, et particuliereement quand de surcroit on a pas les mains propres

    je rappelle cependant aux lecteurs a toutes fins utiles que la Guinee Bissau est certes pays membre de la cedeao, mais cela ne fait d elle une region de la cedeao ayant perdu sa souveraite nationale conquis aux termes d une heroique lutte armee contre le colon portugais.

    Les problemes de la Guinee Bissau doivent et ne peuvent etre resolus que par les bissau-guineens, certes avec l aide de leur partenaires. souvenez vous chers freres de la cedeao que c est dans la resolution d une crise que se trouvent la prochaine crises....

    Ce qui se passe actuellement au Mali chantre de la democratie africaine doit etre un revelateur de la posible deflagration qui pourrait embraser toute notre bien aimee sous region.

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