Il annonçait également un déficit de gestion de la SONABHY d’un montant de 50 à 60 milliards de francs CFA. Enfin, il ajoutait avoir discuté avec certaines couches socioprofessionnelles pour les convaincre de la nécessité de l’augmentation des prix du carburant. Quatre jours plus tard, soit le 2 avril, la probable augmentation devant intervenir au cours de l’année 2012 devenait une réalité aux conséquences incalculables et tragiques sur la vie chère aggravée par une situation de famine programmée.

Pourtant, le Syndicat des gérants des stations de distribution du carburant affirme n’avoir pas été associé auxdites concertations devant aboutir à l’augmentation des prix du carburant. Dans de telles conditions d’absence totale de transparence, de duperie et de manipulation du peuple, nous exigeons du Premier ministre qu’il précise les couches socio- professionnelles qui lui ont donné leur aval pour procéder à cette augmentation des prix des hydrocarbures. Mieux, le Syndicat des gérants de stations émet de sérieux doutes sur ce subit et si profond déficit d’une structure florissante et connue jusqu’alors pour être la vache à lait, pourvoyeuse de fonds au pouvoir de la 4e République qu’est la SONABHY. C’est pourquoi nous soutenons la demande d’audit de la SONABHY faite par la Ligue des consommateurs burkinabè et exigeons que les aspects de la gestion antérieure épinglés par la Cour des comptes soient clarifiés et des dispositions concertées mises en place pour une gestion désormais transparente de cette société à caractère stratégique pour notre pays.

La transparence dans la structure des prix, des marges et taxes des différents acteurs du secteur des hydrocarbures aiderait à une meilleure compréhension des consommateurs, tant souhaitée par le Premier ministre lors de son intervention à l’Assemblée nationale le 29 mars 2012 de même qu’elle aiderait les consommateurs à comprendre la situation réelle dans laquelle se trouve la SONABHY. Il est urgent que le Burkina Faso puisse disposer d’une politique énergétique réaliste qui tienne compte de sa situation spécifique de pays enclavé, non producteur de pétrole, mais disposant d’un potentiel solaire en quantité inépuisable et renouvelable toute l’année. Mais au demeurant, il est urgent et impérieux que des mesures soient envisagées pour réduire la facture pétrolière du pays ; notamment par la réduction du train de vie de l’Etat, une meilleure organisation du transport des citoyens et de leurs biens, en ville comme en campagne.

L’augmentation de 50 F CFA sur le prix du litre à la pompe, soit plus de 7 % a déjà entraîné une hausse de 33 % du coût du transport sur certaines lignes de desserte pour les voyageurs interurbains. L’Etat ayant déjà fait la preuve de son incapacité notoire à exercer un véritable contrôle des prix en dépit des effets d’annonce, tout le monde risque de se prévaloir de cette augmentation injustifiée et injustifiable du prix du carburant pour faire monter les prix des produits ; surtout ceux de première nécessité.

Et pourtant, lors de son adresse devant le Parlement le 29 mars, le Premier ministre avait annoncé des mesures d’accompagnement que l’on ne voit pas venir et dont nous doutons fortement. En effet, de nombreuses annonces similaires par le passé, principalement en 2008 et 2011, n’ont été suivies d’aucune application sur le terrain. Les fameuses augmentations salariales de 5 % concédées le 1er janvier 2012 aux travailleurs du public, celles de 4 % que vient de concéder le Patronat aux travailleurs du secteur privé se trouvent aujourd’hui totalement annihilées par la hausse de 7 % du prix des hydrocarbures et ses répercussions directes sur tous les autres secteurs socioéconomiques. Quand on pense que sur chaque litre de carburant acheté par le citoyen à la pompe, c’est 37 % du prix déboursé qui vont à l’Etat sous forme de taxes et impôts divers, on peut mieux se convaincre de la vénalité et de la déraison des augmentations qui nous sont imposées aujourd’hui.

L’opposition burkinabè exprime sa solidarité pleine et entière avec l’ensemble de notre peuple qui ploie déjà sous le poids de la misère et qui refuse cette augmentation injustifiée et qu’il ne comprend pas.

Elle réclame la mise sur pied d’une structure ad hoc de fixation des prix du carburant et de suivi des marges et taxes des différentes parties intervenant dans le domaine afin de permettre une meilleure compréhension des décisions prises autour des hydrocarbures.

Elle appelle tous les acteurs du secteur, les représentants des consommateurs à œuvrer à la mise en place de cette structure consensuelle qui mettrait tous les acteurs et consommateurs à l’abri des surprises désagréables face à il un pouvoir qui a toujours fait la démonstration de son indifférence face à la misère de son peuple.

Seule la lutte paie !

Ouagadougou, le 27 avril 2012 Pour les Partis Politiques

Le Pays