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Situation au Mali : Les militaires toujours en embuscade

Publié le lundi 30 avril 2012 à 00h13min

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Ainsi, le chef de l’ex-junte militaire qui a pris le pouvoir le 22 mars dernier au Mali puis s’est ravisé de le rendre a rejeté samedi les décisions prises jeudi à Abidjan par les chefs d’Etat ouest-africains. Justifiant l’attitude de ses compagnons d’armes et lui, le capitaine Amadou Haya Sanogo a déclaré à la presse au camp militaire de Kati près de Bamako que "toutes les décisions prises à Abidjan l’ont été sans concertation avec nous" avant d’ajouter : "Je ne suis pas d’accord avec l’arrivée des soldats de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).

Aucun soldat étranger ne foulera le sol du Mali sans une demande du gouvernement malien" ; parce que la force militaire ouest-africaine aura pour mission non pas de se rendre dans le Nord, en tout cas pas dans un premier temps, pour combattre les rebelles mais de sécuriser les organes de la transition et le gouvernement intérimaire, c’est-à-dire de surveiller l’ex-junte, voire de la mettre sous tutelle ?

La décision de la CEDEAO fixant la durée de la transition à 12 mois n’a pas non plus trouvé grâce aux yeux du capitaine : "Le président intérimaire ne fera que 40 jours. Au-delà, je prendrai mes responsabilités", a-t-il dit.

Si effectivement ils n’ont pas été associés aux décisions prises, le moins qu’on puisse en dire est que la CEDEAO a manqué de tact diplomatique, car il ne lui suffit pas de jouer au donneur d’ordres pour voir les autres se plier à son fait accompli, à son fait du prince, à son diktat. La preuve. Ne reproche-t-elle pas d’ailleurs à l’ex-junte les décisions unilatérales ?

A l’entendre, "la CEDEAO a violé l’accord-cadre" signé le 6 avril à Ouaga, qui a permis d’amorcer un retour à un semblant d’ordre constitutionnel.

A l’évidence, les militaires n’ont pas abdiqué, ils se tiennent plutôt en embuscade pour récupérer un pouvoir qu’ils ont semblé lâcher de mauvaise grâce. On se demande bien qui a dribblé qui, car, en signant l’accord-cadre de Bamako, puis l’arrangement politique de Ouaga, toutes les parties savaient pertinemment que l’intérim constitutionnel de 40 jours n’était pas tenable. Tout se passe donc comme si chacun voulait ruser en profitant des failles des textes : la CEDEAO et son médiateur espéraient sans doute faire avaler la couleuvre d’une longue transition à la junte alors que celle-ci attendait le moment venu pour revendiquer l’application des clauses de l’accord-cadre. Ici donc comme ailleurs dans toute négociation, le tout n’aura pas été de s’entendre sur le cadre dans lequel résoudre le ou les problèmes posés ; il consistera à se mettre d’accord sur les moindres modalités pratiques d’application du consensus, le Diable, on ne le sait que trop, étant dans les détails.

Le capitaine Amadou Haya Sanogo ne veut donc vraisemblablement pas retourner au camp ainsi qu’il l’a promis, mais, en empêchant les forces de la CEDEAO de mettre pied sur le sol malien, les putschistes pourraient se tirer une balle au pied. En effet, une chose est certaine : quand bien même elle reprendrait le pouvoir au 40e jour +1, la junte ne pourrait pas régler seule l’équation à plusieurs inconnues du septentrion malien, elle aura forcément besoin du soutien de l’organisation sous-régionale et de la communauté internationale ; cela, d’autant plus que leur avènement a précipité la chute de Kidal, de Gao, de Tombouctou et de Mopti dans la gibecière des rebelles et que, rien que vendredi, des rebelles armés du nouveau Front national de libération de l’Azawad (FNLA), formé d’Arabes du Mali, sont entrés dans la ville de Tombouctou à bord d’environ cent véhicules. On n’est donc pas sorti de l’auberge, et tout semble indiquer qu’on a crié trop vite victoire, car il faudra s’y reprendre plus d’une fois pour trouver, et le bon modus vivendi, et le bon modus operandi pour sortir de la crise.

La rédaction

L’Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 30 avril 2012 à 04:01, par Point2vue En réponse à : Situation au Mali : Les militaires toujours en embuscade

    La position du capitaine Yaya SONOGO me pousse à faire une reflexion en deux poin :
    1) Sa réaction vis à vis des décisions de la CEDEAO est compréhensible. Je pense que celle-ci entend resoudre le problème malien à SA MANIERE. Dans cet élan, elle piétine ceux qu’elle juge "illégitimes" comme la junte sans se demander si le sens de sa démarche est réaliste. En effet on ne peut vouloir aider quelqu’un sans au moins lui demander comment le faire ? La CEDEAO semble oublier que cette junte jouït tjrs d’un capital de sympathie et de soutien (pour l’instant) au sein d’une partie de la population malienne. A force de voir les choses de manière unilatérale entre membres du "syndicat des présidents", elle court le risque de se faire vomir par les maliens. Sur ce fait certaines voix discordantes d’intellectuels maliens avaient commencé à se faire entendre. Alors il faut que la CEDEAO évite le risque de se rendre impopulaire au Mali. Surtout que c’est le PF qui est le médiateur choisi, lui dont le pays a un passé houleux avec ce pays en crise, et au moment où il était aux affaires politiques. Il risque d’être traité de Judas en voulant faire les choses pour son propre bénéfice (ajouter une autre feuille de laurier sur sa couronne). Les maliens sont un peuple assez fier de leur culture et de leur histoire. Il faut en tenir compte dans tout futur projet de résolution de la crise. Les recettes qui ont marché ailleurs ne réussiront pas forcément partout. C’est aussi simple.
    2) Le capitaine SANOGO a prouvé qu’il demeure encore l’homme fort du Mali et donc n’est pas n’importe qui : un vulguaire militaire qu’on peut manipuler. Que Blaise se rappelle qu’il est lui-même capitaine et doit comprendre qu’un militaire reste tjrs un militaire. Et puis, ce SANOGO sait que d’une certaine façon la CEDEAO est contrainte de l’aider car la menace dans son pays concerne aussi tous ses voisins immédiats au regard de l’identité même des ennemis. Par conséquent la simple sagesse exige qu’il y ait une concertation (en coulisses par exemple pour sauver les apparences) entre TOUS LES ACTEURS (surtout ceux qui sont sur le terrain comme SANOGO et ses camarades) avant une prise de décision.
    Bref ! Si je peux me permettre un conseil : mon capitaine, surveilles bien tes arrières parce qu’"on connait pas la jamais" (d’après un soldat). L’histoire risque de se repéter à force de titiller certains môgô puissants dans la sous-région et hors de l’Afrique". Suivez mon regard.

  • Le 30 avril 2012 à 13:35, par Moustafbarry En réponse à : Situation au Mali : Les militaires toujours en embuscade

    Les mots commencent à me manquer pour la qualifier la situation au Mali avec sa junte qui ne sait toujours pas quelle direction prendre ! alors je crois que la bonne direction, c’est le nord du Mali où les attentent Aqmi, Ançardine, MNLA et FNLA,où les attentent aussi des populations qui souffrent ! la junte a pris le pouvoir en disant qu’il vont liberer le Nord mais j’ai l’impression que leur influence ne depasse guère Bamako ! je suis même prêt à parier que si la rumeur fait Etat de la présence du MNLA a Bamako, le camp de Kati se viderait ! alors capitaine Sanogo, soyez raisonnable au risque de perdre le peu de credit qu’on vous accorde jusqu’à present ! A l’heure actuelle, le Mali ne peut s’en sortir sans la CEDEAO et la communauté internationale, donc balle à terre ! tout se negocie et tout à un prix mais le plus important est l’honneur de la patrie surtout pour un militaire ! wait and see

  • Le 30 avril 2012 à 13:39, par Gouverneur En réponse à : Situation au Mali : Les militaires toujours en embuscade

    Que veut au juste le capitaine Sanogo ? A moins qu’il ait perdu la raison et ce doit être le cas,il sait bien lui-même que l’élction présidentielle ne peut se tenir dans un délai de quarante jours ! L’urgence c’est plutôt la situation dans le Nord. Franchement comment tenir une élection sans la moitié des habitants du pays ? C’est quand même pas sérieux M. Sanogo !! De toute façon vous n’avez pas fait mieux que ATT que vous avez accusé d’incompétence ! C’est d’ailleurs sous votre brève mandat que la situation s’est empirée ! Honte à vous ! Sachez que le Mali n’est pas votre propriété ! Un peu de sagesse s’il vous plaît !!!!

  • Le 30 avril 2012 à 21:00, par Sebgo En réponse à : Situation au Mali : Les militaires toujours en embuscade

    personnellement, je commence a ne pas comprendre les vraies raisons du capitaine Sanogo, et surtout ces priorités ; pour un pays rongé par des scissionnistes je crois que l’objectif premier c’est la garantie de l’intégrité territoriale ensuite vient tout autre intérêt quelconque. Il est vrai que la CEDEAO a manquée de justesse dans l’élaboration de son agenda, mais, les rejeter en bloc de la sorte aussi n’arrange rien dans la situation actuelle du Mali.
    j’exhorte, la CEDEAO a donner plus de considération au capitaine, car, même s’il est un seul homme, pour l’heure il est claire qu’il détient presque tout les pions de l’échiquier politique de son country, et pour l’intérêt général du peuple malien et de toute la sous-région, la CEDEAO ne perd rien en lui faisant quelque concession pour assouvir son ego et épargner tout un peuple du désarroi de la séparation septentrionale.

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