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EDITORIAL : Sale temps pour les putschistes

Publié le lundi 30 avril 2012 à 00h39min

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Dis moi qui tu hais et je te dirai qui tu es. Cela est d’autant plus vrai qu’aujourd’hui, les putschistes occupent un rang très honorable dans le lot de ceux qui éprouvent une haine viscérale ou du dégoût à l’égard de cette institution sous-régionale, la CEDEAO. Les putschistes en effet, n’ont jamais été autant acculés, sur le chemin de leurs ambitions de destinée singulière.

Après avoir longtemps hésité, tergiversé, balbutié, la CEDEAO a fini par s’imposer. L’institution a grandi, a vécu son adolescence et est mature. Elle est devenue incontournable dans la sous-région ouest-africaine. La CEDEAO a acquis une grande notoriété ces derniers temps et cela lui vaut sa crédibilité. Entre la fuite en avant dans les excès et le redressement dans la justice, il y a un choix à faire. Et la CEDEAO a choisi la légalité, la justice. Le message qu’elle adresse à tous, est le suivant : "Si vous optez pour la discrimination, la xénophobie, le putsch, ne comptez pas sur moi". Les putschistes maliens et bissau-guinéens en savent quelque chose.

N’ayant pas compris que les temps ont changé, ceux-ci se sont retrouvés à ball vu, obliger de battre en retraite, de faire profil bas. La CEDEAO en réagissant avec promptitude, célébrité et fermeté a déjoué le plan des putschistes. Ceux-ci n’ont pas eu le temps de célébrer leur "victoire" que déjà la CEDEAO s’est invitée dans les débats.
L’ère des putschs est révolue, avait fait comprendre l’institution sous-régionale depuis la crise ivoirienne. Et comme certaines choses ne peuvent être apprises que par l’expérience, ceux qui ne l’avaient pas perçu, l’ont appris à leur dépend. A la différence de Cicéron, pour qui, "Les lois se taisent parmi les armes", la CEDEAO est d’avis que ce sont les lois qui doivent triompher des armes et leur faire taire. Une des armes les plus puissantes qu’elle utilise pour parvenir à cette fin est le dialogue.

C’est grâce au dialogue et à la fermeté que la soldatesque malienne et bissau-guinéenne a revu ses ambitions à la baisse. Il était temps, car la recrudescence des coups d’Etat allait finir par impacter négativement l’image du continent qui n’est déjà pas au mieux de sa forme.
Les putschs créent un climat d’insécurité, provoquent une période de flottement. La peur et la terreur qui s’en suivent ne sont pas favorables au travail dans la quiétude. Ne demandez surtout pas à un investisseur de risquer son argent dans un tel climat d’incertitude. Le putsch est une formule pour un groupe ou un groupuscule d’accéder au pouvoir par la courte échelle. Même s’il fait l’affaire d’une clique, ou d’une bande, il ne conviendrait pas d’institutionnaliser cette pratique, de cautionner ce genre de forfait. Que ceux qui se prennent pour des messies en treillis aillent se faire voir ailleurs, semble être le message. L’existence n’a jamais été autant difficile pour les putschistes de notre sous-région. Certains d’entre eux qui rêvaient de grandeur, d’honneur et de privilège ont compris in fine que la maigreur n’est pas aussi difficile à porter que l’obésité.

Désillusionnés, d’autres se sont rendus à l’évidence que lorsque l’ombre d’un pigmée grandit, c’est que le soleil est sur le point de se coucher. Il est des moments où l’apogée et le déclin se confondent sans se toucher. Et qui ne sait pas lire les signes du temps ne peut savoir que le malheur en politique est qu’on peut avoir l’esprit faux, sans avoir l’âme basse. Cela trompe bien de gens

Rabankhi Abou-Bâkr ZIDA (rabankhi@yahoo.fr)

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 30 avril 2012 à 09:33, par Bako En réponse à : EDITORIAL : Sale temps pour les putschistes

    OK, BRAVO à la CEDEAO pour sa vigilance, se fermeté contre les putschistes. Effectivement un putsch n’est pas la bonne manière de poser ou de résoudre les problèmes de Gouvernance de nos pays. Ce que nous attendons de la CEDEAO, c’est qu’elle soit juste, équitable envers les administrés (ici populations/ militaires) et les administrateurs (là les chefs d’État) !
    Que fait cette institution quand un chef d’État réprime des revendications justes de son peuple par les armes, dans le sang ? Quelle est sa réaction quand un chef d’État décide de tripatouiller la constitution de son pays pour rester au pouvoir ? Si elle veut être crédible, elle se doit elle-même d’éviter le "deux poids, deux mesures", sinon on va la considérer comme un "instrument au service d’un syndicat de chefs d’Etat".
    Pour le cas du Mali, où était-elle, qu’a t-elle dit à ATT, quand on égorgeait des dizaines de militaires sans armes et d’innocentes populations laissées à elles-mêmes armes ??

  • Le 30 avril 2012 à 10:32, par soribo En réponse à : EDITORIAL : Sale temps pour les putschistes

    c’est à saluer mais il y a un mais. il faudrait que cette même cedeao trouve un cadre pour évaluer la bonne gouvernance dans la gestion des dirigeants de ses membres. il est aussi inacceptable que sous son parapluie, des gouvernants se mettent à piller impunément les ressources de leurs pays.

  • Le 30 avril 2012 à 10:58, par isidore En réponse à : EDITORIAL : Sale temps pour les putschistes

    Bel article Mr ZIDA !

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