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Démocratie en Afrique : S’est–on trompé ?

Publié le jeudi 26 avril 2012 à 00h50min

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L’actualité africaine, ces derniers temps, ne donne-t-elle pas raison à l’ancien président français, Jacques Chirac, quand il disait, en 1990, que « L’Afrique n’est pas mûre pour la démocratie » ? Des coups d’Etat par-ci, des conflits larvés suite à des élections mal organisées par là, des processus électoraux en panne, des résultats d’élections contestées, etc. Tel est le triste spectacle présenté par des pays africains au grand dam des chantres de la démocratie. Justifiés ou pas, les coups de force sont légion dans le berceau de l’humanité. Le Mali (avec un pouvoir à trois, voire quatre têtes), la Guinée-Bissau (où le pouvoir est pris en otage), la Côte d’Ivoire qui se stabilise petit-à-petit, le Niger (qui vient de sortir d’un coup d’état), la République démocratique du Congo (avec deux présidents)…

Que de tatonnements dans beaucoup de pays africains. Au regard de ce tableau, disons tout de go que les faits et le temps sont en train de donner raison au président Chirac. Il est vrai que la déclaration de Jacques Chirac avait été perçue, à l’époque, comme une injure aux Etats africains. Certains estimant qu’il les infantilisait. Comme d’habitude, l’on n’a pas pris du recul pour analyser, avant de lui envoyer des « flèches », des réponses cinglantes. Alors que c’est probablement, après analyse, que Chirac a estimé qu’il fallait aller progressivement, vers la démocratie en Afrique. Mais, comme on ne donne pas souvent le choix aux pays sous-développés, surtout africains, supposant la plupart du temps, qu’on sait ce qui est bon pour eux, depuis des bureaux climatisés à mille lieux, on leur a imposé, de façon unilatérale, la démocratie (système qui se veut pourtant de consensus et participatif). Mais, entre nous, Chirac n’avait-il pas vraiment raison ?

Fallait-il croire qu’il sera facile, juste à travers une déclaration ou une volonté des bailleurs de fonds, de changer la façon de gouverner en Afrique tout d’un coup, comme avec une baguette magique ? Et cela, sans un travail préalable ?

Avec cette vision, disons que l’échec de la démocratie sera à l’image de celle de tous ces politiques et programmes imposés aux pays pauvres en général et à l’Afrique en particulier, sans se préoccuper de leur consentement, ni de leur culture…, croyant que cela suffira pour leur développement et l’épanouissement de leur population. En tous les cas, Mélégué Traoré, ancien président de l’Assemblée nationale burkinabè et spécialiste des questions internationales, pense qu’il faut relativiser, car il est bien vrai que : « La démocratie peut créer les conditions pour le bonheur des populations, leur prospérité, leur bien-être, etc. J’entends quelquefois dire que, et on le lit souvent, la démocratie assure le développement.

C’est de la rigolade. Il y a plein d’exemples historiques qui contredisent cette assertion. L’Espagne s’est industrialisée sous Franco, le Brésil, sous les généraux. La Corée du Sud s’est développée sous une dictature féroce, Taïwan l’a été avec un régime autocratique, de parti unique, c’est pareil aujourd’hui pour la Chine populaire. Il n’y a pas de relation automatique. J’ai été au Vietnam ces derniers temps : c’est le régime du parti unique. Le représentant du Fonds monétaire international (FMI) à Hanoï m’expliquait qu’ils sont, eux-mêmes, surpris du dynamisme d’un pays qui est sorti de la guerre et devenu aujourd’hui un grand exportateur mondial du riz. Le revenu par tête d’habitant est passé, en une décennie, de 100 dollars à 1100 dollars. Comme quoi, il faut que les analystes soient plus lucides et qu’on ne prête pas à la démocratie libérale, des vertus qu’elle n’a pas toujours ». Que faire donc pour l’Afrique ? Faut-il revoir l’option de la démocratie en Afrique ? S’est-on précipité ? S’est-on trompé ? Qui a trompé qui ?

En tant qu’intellectuel africain, Mélégué Traoré pense que « la finalité pour nous Africains, ce n’est pas la démocratie. La démocratie n’est qu’un moyen, une étape. Ce que nous visons, c’est que les pays africains se développent, que les Africains soient heureux, qu’ils vivent bien. C’est ça l’objectif. La démocratie, c’est l’un des moyens et non la finalité ». Comme on le voit, il faut revoir le concept de la démocratie, en fonction de l’histoire des peuples, de leurs aspirations, etc. Il est aberrant et les "intégristes" de la démocratie devraient le savoir, sauf hypocrisie, que l’on ne peut pas parler et pratiquer la démocratie dans des Etats qui n’ont que 60 ans « d’indépendance », quand on sait que l’Europe, par exemple, a pris des siècles pour façonner son système politique et économique. Et rien que dans les années 40, l’Europe a connu les pires dictatures de la planète avec le nazisme et le fascisme.

Sans oublier que les femmes n’ont eu le droit de vote sur le vieux continent qu’après la seconde guerre mondiale. Comme quoi, la démocratie est le résultat des choix et des expériences de chaque peuple. C’est une longue quête qui ne saurait être imposée par qui que ce soit, à un peuple.

Ali TRAORE (traore_ali2005@yahoo.fr)

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 26 avril 2012 à 06:19 En réponse à : Démocratie en Afrique : S’est–on trompé ?

    Poirkoi avoir represente un oei ou vous etes des ulliminaty ou des franc macon aussi

  • Le 26 avril 2012 à 08:18, par verite En réponse à : Démocratie en Afrique : S’est–on trompé ?

    On vous voit venir:le pouvoir à vie pour BC. Mais ca ne passera pas ici.

    • Le 26 avril 2012 à 16:38 En réponse à : Démocratie en Afrique : S’est–on trompé ?

      comme si tu lisais dans mes pensées parceque c’est ce que je voulais écrire aussi.
      on voit ce que la pravda burkinabè veut insinuer mais on ne veut plus de blaise compaoré après 2015.
      y en a marre de lui et son clan de mafieux,trop c’est trop

  • Le 26 avril 2012 à 10:55 En réponse à : Démocratie en Afrique : S’est–on trompé ?

    Attention ! L’œil des « Frères de lumière et défenseurs de la veuve » ou profiteur de la veuve, comme on veut, l’œil des frères dis-je est moins oblique que ça.
    Démocratie, démocratie, démocratie ! On peut se gargariser de mots vides de tout contenu social réel et émancipateur ; mais des mots qui recouvrent les intérêts réels d’élites frelatées qui ont fait le choix d’accaparer l’État à leurs seuls profits en lien avec des bourgeoisies compradores. Toutes deux étant bien décidées à garder la haute main sur la perpétuation de l’option néocoloniale ou néocapitaliste prédatrice.
    Dans ces conditions, il ne faut pas rêver sur les finalités de choix dits démocratiques en Afrique, à moins de se payer de mots.
    Imposée par la bancocratie mondiale (FMI-BM-BCE) et les puissances occidentales à coups d’urnes bourrées ou au bazooka et au profit de couches sociales prédatrices ou des multinationales, la démocratie ici n’est qu’un paravent commode pour cacher le pillage des ressources nationales et accentuer la domination néocoloniale. Présentés comme démocratiques, de tels processus politiques trouvent, par intérêts calculés mesquins, au sein de nos sociétés, des défendus et porte-voix attitrés ainsi que des idiots utiles qui relayent des slogans vides !

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