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COMMENTAIRE : Ces partis politiques à la traîne

Publié le jeudi 26 avril 2012 à 00h50min

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Au Burkina Faso, les partis politiques ne sont pas logés à la même enseigne, et c’est sans équivoque. Certains sont bien structurés avec de nombreux militants, relativement riches et rationnellement présents sur le territoire national. Ce qui n’est pas le cas chez d’autres. Ces autres, parlons-en. Loin de remettre en cause l’idéologie, ni l’engagement politique des fondateurs de ces partis, il y a lieu de se pencher sur la sérénité avec laquelle les intéressés animent, à leur façon, la vie politique nationale. Ils sont volontaristes, mais tirent le diable par la queue, faute de sous. Pourtant, la politique, dit-on, et on ne cessera jamais de le répéter, est une affaire d’argent.

Sans moyens financiers, il est difficile pour un politicien d’afficher une image sereine, à la face des autres. C’est pourquoi, certains fondateurs de partis politiques peinent ou n’arrivent pas à avoir des sièges de conseiller municipal ou de député, au moment des élections. Aussi peuvent-ils briguer avec succès la magistrature suprême dans ces conditions ? Ce n’est pas vraiment envisageable. Pourtant conscients de leur situation, ces responsables politiques voient leur destin en rose, ce que la réalité des choses leur interdit. Les moyens faisant défaut, ils se voient obligés de compter sur les « maigres » cotisations de leurs militants, les subventions ou leurs fonds propres pour exister.

Quelle galère ! Faute d’avoir des moyens à la hauteur de leurs ambitions politiques, ils transforment leurs domiciles en bureaux. Alors que la logique voudrait qu’un parti politique digne de ce nom, dispose d’un siège autonome. Le siège, soulignons-le, est la vitrine du parti, son image, sa carte d’identité, etc. A défaut d’en construire, l’on peut au moins louer un local pour les besoins de la cause ! Et c’est ce que ces politiciens peu organisés doivent faire en toute humilité, au lieu de se contenter du peu. Il faut éviter de verser dans le fatalisme. Il faut surtout rassurer les électeurs sur ses capacités à gérer un parti, quitte à ce qu’ils vous confient leur destinée par la suite. Excepté la question du siège, lesdits politiciens ne disposent pas de moyens logistiques (matériel roulant, équipements de sonorisation…). Ce qui porte un coup « sérieux » à l’organisation des cérémonies et meetings de leurs partis.

En cas de besoin, il faut louer des véhicules, des appareils de sonorisation et autres matériels, et vu le manque de moyens financiers, la qualité n’a pas toujours été au rendez-vous. Ce qui peut évidemment nuire à l’action ! En termes de présence, ces politiciens ne cachent pas leur volonté de tisser leur toile dans le pays. Seulement, il y a un écart parfois abyssal entre les paroles et les actes sur le terrain. Les partis de ces responsables politiques, note-t-on, sont invisibles sur le territoire national. A peine si certaines formations politiques sont invidibles ou implantées au niveau local, comme elles le clament. « Il y a des partis dont la renommée ne dépasse pas Ouagadougou et ses environs », disait un citoyen, un brin rigolo.

Outre la question de la représentativité également entravée par le manque de moyens financiers, il y a la « faiblesse » du nombre de militants de ces partis en difficulté. Ils se comptent au bout des doigts. Et le constat peut être fait à l’occasion des rencontres. A ces occasions, la mobilisation du « peu » de militants ne paraît pas toujours spontanée, de sorte qu’on a l’impression d’assister à une mise en scène. Pourtant un parti politique ne vaut que par le nombre de ses adhérents, pas de simples figurants mais des militants convaincus, ce qui fait sa force. Les ressources humaines, dit-on, sont à la base de tout, et cela vaut aussi son pesant d’or en politique. Et que dire de la tenue des rencontres ayant trait à la vie de ces partis ? Elles se tiennent rarement à cause de l’absence d’espèces sonnantes et trébuchantes, et la preuve est qu’il a fallu que le ministère de l’Administration territoriale nettoie le fichier des partis politiques, pour que certaines formations s’efforcent à tenir des congrès. Dommage !

Avec ces écueils et insuffisances constatés çà et là, les dirigeants de partis politiques à la traîne devraient trouver des stratégies pour chercher l’argent, le nerf de la guerre ! De l’argent, il en faut pour garantir une durée pérenne à un parti politique et ils doivent en tirer les conséquences !

Kader Patrick KARANTAO (stkaderonline@yahoo.fr)

Sidwaya

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