LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

Concours international d’entreprenariat social : Deux étudiants burkinabè récompensés à Berkeley

Publié le jeudi 26 avril 2012 à 00h57min

PARTAGER :                          

Kahitouo Hien et Christophe Douyiri Mandi, tous deux étudiants burkinabè à l’Institut International d’Ingénierie de l’Eau et de l’Environnement (2iE), viennent de réaliser une prouesse à Berkeley aux USA. Ils ont remporté le prix spécial du meilleur impact social lors la finale de la Global Social Venture Compétition (GSVC), une compétition internationale de business plan qui regroupe les plus grandes écoles du monde. Leur projet d’entreprise « FasoProt » vise à moderniser et valoriser l’utilisation de la chenille de karité. Ils offrent ainsi au continent africain sa première distinction à cette compétition. « Une distinction qui prouve que désormais nous pouvons jouer dans la cour des grands », se réjouit le directeur général par intérim du 2iE venus les accueillir à leur descente d’avion le 24 avril 2012.

Il est 18h00 à Ouagadougou ce mardi 24 avril 2012, lorsque Kahitouo Hien et Christophe Douyiri Mandi, les deux ambassadeurs du 2iE et de l’Afrique à la Global Social Venture Compétition (GSVC), accompagné de leur coach Elodie Hanff, Responsable Entrepreneuriat et Responsabilité Sociale et Environnementale à 2iE, foulent le sol de l’aéroport international de Ouagadougou. Ils sont accueillis en triomphe par un nombre important de leurs camarades ainsi que du directeur général par intérim de leur école, Madi Kouanda. Ils viennent de réaliser un exploit inédit. Après une semaine aux USA, pour participer à la finale de la plus prestigieuse compétition mondiale en matière d’entreprenariat social, les deux étudiants-ingénieurs burkinabè ne sont pas rentrés bredouilles.

Mieux que leurs aînés du 2iE (Abdelnasser Kinefour, Atteib Mahamat et Katie Friedman) qui ont amené l’Afrique en finale pour la première fois en 2011, ils reviennent avec une distinction : le prix spécial du meilleur impact social d’un montant de 10 000 dollars US. Une première pour une équipe africaine. « C’est vraiment un sentiment de fierté et de joie de participer à ce concours et surtout de revenir avec un prix », affirme Kahitouo Hien, l’air fatigué mais le visage rayonnant.

Pendant une semaine donc, ils se sont frottés aux meilleurs candidats issus des universités les plus prestigieuses du monde. Le parcours de ces étudiants burkinabè débute en décembre 2011 lorsqu’ils envoient leur projet d’entreprise, « FasoProt » à Paris. 200 postulants ont pris part à cette première étape. Le business plan de FasoProt est jugé intéressant et fait partie des 11 projets sélectionnés pour la demi-finale francophone à Paris, à l’issue de laquelle deux projets sont retenus pour la finale mondiale à Berkeley aux USA. Au même moment, la compétition se déroulait dans les autres régions (zone anglophone, zone asiatique). Au total, ce sont environ 600 projets d’entreprises qui étaient concernés.

Pour la finale mondiale, l’équipe du 2iE se retrouve avec 15 autres équipes à Berkeley. FasoProt franchit avec brio le premier round le 19 avril 2012 où six projets sont admis à la grande finale. Ces jeunes ingénieurs burkinabè jouaient gros le 20 avril pour le second round de la finale.

Comme à l’accoutumé, le premier prix d’une valeur de 25 000 dollars US revient à une équipe américaine. Les burkinabè, eux, déjouent tous les pronostics et s’adjugent le prix spécial du meilleur impact social. Ils offrent ainsi à l’espace francophone une première distinction à ce concours d’entreprenariat social réservée à des projets d’entreprises alliant viabilité économique et impact social et/ou environnemental. La GSVC a été créée en 1999 par la Hass School of business de Berkeley. Chaque année cette compétition récompense les entreprises sociales qui ont le plus de chance de réussir à atteindre leur mission financière et sociale.

FasoProt ou la valorisation du « chitoumou »

Le projet d’entreprise qui a permis à Kahitouo Hien et Christophe Douyiri Mandi de remporter l’un des quatre prix en jeu est dénommé « FasoProt », entendez Faso protéines. La chenille de karité (chitoumou en langue locale) étant l’aliment le plus protéiné du Burkina actuellement, FasoProt entend moderniser son exploitation afin de produire un certain nombre d’aliments pour enfants, femmes enceintes et vieilles personnes. L’intérêt est de lutter contre la malnutrition qui touche près de 55% d’enfants africains et 50% des décès des moins de cinq ans sont causés par ce problème de santé public.

FasoProt souhaite valoriser la chenille de karité à travers le développement d’un agro-business qui pourra générer des revenus additionnels aux femmes collectrices en zone rurale et lutter contre la malnutrition infantile. En misant sur son goût subtil et carné ainsi que sur les valeurs nutritionnelles de la chenille, FasoProt entend produire deux gammes de produits : des chenilles séchées pour les consommateurs habituels du Burkina et des pays frontaliers où la demande est forte ; ainsi que de la poudre de chenille enrichie en vitamines et minéraux essentiels pour les femmes enceintes et les enfants malnutris. Cette poudre est un complément alimentaire à incorporer dans les soupes, bouillies et autres.

Le résultat d’un travail d’encadrement

FasoProt est le 2e projet d’entreprise du 2iE à atteindre la finale de la GSVC après « Beti Halali » (ma propre maison) en 2011. « Ils ne sont pas arrivés là parce que c’est une chance mais, c’est plutôt le résultat d’un travail qui a été laborieusement effectué aussi bien par le corps enseignant, la direction générale que par les étudiants, eux-mêmes, qui croient et qui osent affronter les plus grands de ce monde », se réjouit Madi Koanda, le directeur général par intérim du 2iE, visiblement très heureux en accueillant ses étudiants à l’aéroport international de Ouagadougou. « La formation qu’ils ont reçue à 2IE, notamment en plus de leur formation technique d’ingénieur, la formation de management, la formation d’ingénieur entrepreneur est bel et bien une réalité. C’est de cela qu’aujourd’hui, l’Afrique a besoin », ajoute-t-il.

Moussa Diallo

Lefaso.net

PARTAGER :                              

Vos commentaires

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Ouagadougou : Des voleurs appréhendés au quartier Somgandé