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Un an déjà !

Publié le jeudi 26 avril 2012 à 00h51min

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En effet, le 20 mars il réunissait à notre ambassade à Paris des dizaines de délégués de nos ressortissants, des militants d’associations, d’organisation de défense de l’homme, etc sur la crise que vivait le pays. En fait un Burkina Faso en miniature qui a accouché de propositions pertinentes en vue de sauver la nation qui était en péril. (In L’Opinion n°700 du 23 au 29 mars 2011).

Il y a un an déjà, le Burkina Faso sortait tout doucement d’une terrible crise sociopolitique, qui, 4 mois durant l’avait totalement défiguré au point que très peu de personnes étaient prêtes à parier un kopeck sur son avenir. En tout cas, pour bon nombre d’observateurs c’en était fait « du régime de Blaise COMPAORE » tandis que d’autres craignaient toujours le pire en dépit des signes avant-coureurs d’un retour progressif à la normale, le Président du Faso ayant repris le gouvernail et indiqué clairement qu’il était temps de passer à autre chose étant entendu que le mal était bien diagnostiqué et la thérapeutie identifiée.
C’est sur ces faits qu’il nommait, à la surprise générale, Luc Adolphe TIAO, journaliste de profession et ambassadeur de notre pays en France, Premier ministre.

Les gens avertis avaient été unanimes à saluer la vista du Président du Faso en ce qu’il était apparu, au fil de la multitude de ses rencontres avec les différentes composantes du corps social et principalement des semeurs de troubles, qu’il se posait dans le pays un grave problème de communication à la fois verticale et horizontale. Pas pour dire qu’il s’agissait d’un simple malentendu qu’un plan de communication pouvait résoudre, mais bien plus, d’un problème structurel comme si les esprits et les énergies libérés par le processus démocratique sont en avance sur les structures chargées de porter ledit processus provoquant ainsi, et tout naturellement, de profonds dysfonctionnements.

C’est donc dire qu’il ne s’agissait pas d’être tout simplement un bon communicant, mais aussi et surtout d’avoir une stature d’homme d’Etat à même de s’élever à la hauteur des défis qui se profilaient à l’horizon et de se mettre ainsi dans la perspective de pouvoir anticiper sur les évènements pour se projeter dans l’avenir par une activité soutenue et harmonieusement coordonnée. Il faut dire que même loin du pays, Luc Adolphe TIAO n’était pas moins au parfum de l’évolution de la situation nationale. En effet, le 20 mars il réunissait à notre ambassade à Paris des dizaines de délégués de nos ressortissants, des militants d’associations, d’organisation de défense de l’homme, etc sur la crise que vivait le pays. En fait un Burkina Faso en miniature qui a accouché de propositions pertinentes en vue de sauver la nation qui était en péril. (In L’Opinion n°700 du 23 au 29 mars 2011).

C’est ainsi que sans s’accorder ou demander le moindre état de grâce devant les urgences qui s’imposaient, Luc Adolphe TIAO, dès sa prise de fonction, a pris le taureau par les cornes annonçant de nombreuses mesures dont certaines étaient jusque-là inimaginables qui ont renforcé le retour à la paix sociale et donné du contenu et de l’espace aux propositions et mesures structurelles adoptées pour résorber la crise.En occupant en permanence l’espace public national par des actes et des discours tant dans le concret que dans le symbolique, Luc Adolphe TIAO a réussi très rapidement le plus difficile, celui de se poser en interlocuteur crédible et en inter-face efficace entre les populations qu’on disait en révolte et l’Etat incarné par un pouvoir que certains voyaient à terre pour ne pas dire dans la rue.

A un moment où nombre de caciques du pouvoir « rasaient les murs » comme on le dit communément et où le moindre incident accouchait une fronde sociale et une défiance vis-à-vis de tout ce qui peut incarner toute autorité, il faut avouer que ce n’était pas du donné et qu’il a fallu vraiment s’y mettre. Luc l’a fait. Cela lui a permis de jouer sur les autres tableaux notamment la restauration de l’autorité de l’Etat qui est un corollaire intrinsèque du retour à la paix sociale. C’est vrai que le processus à ce niveau est autrement plus délicat et long à mettre en place. Justement la capacité à savoir se hâter lentement sans jamais perdre le cap ni le fil est primordiale dans cette œuvre sur laquelle on entend de plus en plus de voix contraires.

Entre la fermeté utilisée contre les fonctionnaires de l’Etat (civils comme militaires et paramilitaires) lorsque ceux-ci sont en porte-à-faux avec les règlements et la tolérance appliquée aux manifestations spontanées et aux actes de vandalisme avec les conséquences parfois dramatiques qui les accompagnent, il y a comme du deux poids, deux mesures qui traduirait une absence d’autorité de l’Etat. En réalité, il s’agit des deux faces d’une même pièce. Mais devant ce qui apparaît de plus en plus comme une impression dominante, il va falloir trouver des réponses. C’est comme si le citoyen exigeait qu’on l’oblige à respecter les devoirs de ses droits garantis par la démocratie. Il ne faut pas s’y tromper ; il s’agit bien d’une impression car pour avoir réussi le toilettage qu’il y a eu dans l’armée, la police et l’administration, chaque fois que cela a été nécessaire, il faut une bonne dose d’autorité.

Sur le chapitre de la gouvernance politique on peut raisonnablement affirmer que du chemin a été parcouru. Du processus sur les réformes politiques à l’adoption de la biométrie pour les prochaines élections couplées législatives et municipales en passant par le ménage en cours au sein des partis politiques en les obligeant à se conformer aux textes les régissant, il semble que bien de lignes ont bougé. Il en est de même de la mise en œuvre du programme politique du Président du Faso, même si celui-ci a incontestablement souffert de la crise. Avec le retour de la paix sociale, le gouvernement a en effet pris hardiment en main ce volet réalisant des résultats largement au-delà des espérances. On pourrait dire que, à quelque chose malheur est bon, puisque les nombreuses récriminations des populations sur l’exécution de certains projets ont poussé Luc Adolphe TIAO à des visites sans complaisance des principaux chantiers avec à la clé des mises en garde qui ont eu des effets bénéfiques immédiats.

La résultante de toute cette activité est que rien ne sera jamais comme avant au Burkina Faso. Depuis la survenue de la crise, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts au grand bonheur des Burkinabè qui ont appris à se regarder dans la glace. C’est vrai qu’il y avait dans ce pays tant de certitudes que chacun avait fini par se croire sorti de la crise de Jupiter.

Le processus de remise en cause est toujours en cours et s’amplifie en ce sens qu’il porte maintenant sur les fondamentaux de la démocratie et concerne tous les acteurs de la vie nationale. Sur ce point le Président du Faso a été on ne peut plus clair sur les responsabilités des uns et des autres. Et ce propos est toujours d’actualité : « Les nouvelles pratiques de revendication qui consistent à s’attaquer aux symboles de l’Etat, à détruire systématiquement les biens publics et privés, constituent une dénégation de la tradition de lutte qui a traversé les générations passées. Elles sont en contradiction avec les valeurs qui fondent l’unité et la cohésion de notre société. J’en appelle à un sursaut de la part des forces politiques et sociales empreintes de patriotisme et de civisme, afin que le respect de la République et du patrimoine commun soit davantage enraciné ».

En d’autres termes il n’y a aucune fierté à brûler, saccager et détruire des biens publics pour manifester sa colère. Tout au contraire c’est faire preuve d’irresponsabilité et de peu de partriotisme. Les discours qui tendent à expliquer et a excuser ces actes sont tout autant inacceptables et relèvent des mêmes insuffisances morales.r

Cheick Ahmed (ilingani2000@yahoo.fr)

L’Opinion

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