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Burkina Faso : Pourquoi la victoire de François Hollande irait dans le sens des intérêts de Blaise Compaoré ?

Publié le mardi 24 avril 2012 à 03h08min

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Faisons un peu de politique fiction. Imaginons ( quoiqu’en la circonstance, l’utopie semble en passe de se réaliser ) François Hollande passant allègrement la première haie de la présidentielle pour, en fin de course, rafler la mise. Si le rêve devenait réalité ? quelles en seraient les retombées au Burkina Faso ? Vaste question qui, en réalité, mijote depuis longtemps dans bien de cercles et d’esprits. Faisons un état des lieux, d’abord avec le bilan de la politique burkinabé de Sarkozy, avant de voir quelle pourrait être celle, éventuellement, de Hollande. Cela permettra de bien planter le décor.

Sarkozy a hérité d’une politique africaine et burkinabé fortement imprégnée du volontarisme et du copinage de Jacques Chirac. Cet enfant blanc de Félix Houphouet Boigny avait (comme jamais avant lui un président français ) intégré l’âme des dirigeants africains. Pour permettre à la France déclinante de continuer à se sustenter des richesses et prébendes africaines, il amène la « France à fric » à son stade de raffinement maximum.

Il se fait, l’ami, le frère de dictateurs et leur propose un contrat qu’on pourrait résumer comme tel : je vous soutiens en France, en Europe , aux Nations Unies ( vous assurant la pérennité au pouvoir ) et vous, en retour, vous vous alignez sur la politique de la France et, surtout, derrière mes prises de position et instructions. Voilà qui explique la profusion de déclarations du genre : l’Afrique a moins besoin de démocratie que de nourriture, d’écoles, de dispensaires….. Mais qui explique aussi le tapis rouge déroulé aux rebellions, aux multiples coups de force ici et là, et à des révélations comme celles d’ un Bourgi !

Sarkozy, tenté un moment par la rupture, mieux instruit sur les avantages de cette politique, y revient à 190 degrés. Avec le « french doctor » il va même la renforcer. Puis arrive Alain Juppé, homme de caractère, ancien premier ministre ( le meilleur d’entre-nous, en a dit Chirac ). Et alors, voilà que les choses changèrent du tout au tout.

Les élections à venir, l’ami Sarko, plus que n’importe qui, sait qu’il ne pourra pas se prévaloir de son bilan, surtout en matière de politique intérieure, pour se faire réélire. Alors il faut gagner des points en politique extérieure, montrer son incontournabilité en Europe, sa brillance aux Nations Unies et devenir le dispensateur de démocratie en Afrique. Le preux chevalier y courre, au secours de peuples opprimés !. Résultats : la Côte d’Ivoire, la Libye, la Syrie …….

La France, par la voix tonitruante de Juppé, est contre ceux qui veulent se pérenniser au pouvoir en triturant, tailladant les constitutions. Le langage et le style changent. Les tutoiements concédés par Chirac pour donner l’illusion d’une égalité, d’une fraternité, ne trompent plus personne.
Les biens mal acquis sont l’objet de procédures. Jusqu’à Blaise Compaoré, Juppé fait la leçon, admoneste même .

Un monde s’écroule. L’article 37 est remisé par la force des choses au placard. Des amitiés de substitutions sont valorisées, directement ou indirectement. Beaucoup veulent en voir une illustration dans zéphirin diabré. Le plan semblait bien tracé. Gicler ( Après le sort fait à Gbagbo et Kadhafi ) Blaise Compaoré, coupable présumé de fratricide envers son frère Thomas Sankara . Voilà une autre réparation historique qui aurait servit et l’image de la France et la campagne du président sortant !! Ce dernier se serait ainsi drapé d’une sature internationale qui viendrait compenser ses faiblesses nationales.

Avec donc un Sarkozy gagnant, les dividendes iraient à ceux qui ont un rôle dans la nouvelle distribution . Des partis comme l’UNDD seraient perdants. Mais le plus grand perdant dans l’opération resterait Blaise Compaoré. Lequel, n’en doutons point, savait pertinemment qu’il ne ferait pas de vieux os au pouvoir avec un Sarkozy confirmé à l’Élysée. Pour sûr il n’y a pas qu’en France où on croise « grave », les doigts en ce moment.

Victory Toussaint

San Finna

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