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Route de Pissy : Les poids-lourds ont dicté leur loi

Publié le mardi 24 avril 2012 à 03h07min

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Impossibilité totale de quitter Ouagadougou par la Route nationale N°1 (route de Pissy) ni d’y rentrer par la même issue de 22h jeudi 19 à 10h du matin le vendredi 20 avril 2012. En effet, les chauffeurs de camions avaient barricadé la route, au niveau du barrage de Boulmiougou, à la suite d’une altercation entre un des leurs et des agents de la Police municipale. Les frondeurs ont d’ailleurs saisi l’occasion pour exprimer leur ras-le-bol total des incessants contrôles des flics en centre-ville.

7h du matin le vendredi 20 avril 2012 sur la RN1, à l’entrée ouest de Ouagadougou. Une longue file de camions poids-lourds et de cars de transport en commun immobilisés va de la station Total de Boulmiougou jusqu’au siège de l’ONEA. Les travailleurs des quartiers Zagtouli et environnants se rendant au service sont obligés de passer par Sondogo ou par Zongo pour rallier le centre-ville. Idem pour ceux qui font le trajet inverse. A quelque cent mètres du pont du barrage de Boulmiougou, juste au niveau du restaurant Yampoutin Plus, une marée humaine parlote dans une atmosphère surchauffée. Des cordes reliant les deux poteaux du feu tricolores barrent le passage.

Notre premier interlocuteur nous fait savoir que l’issue est ainsi bloquée depuis la nuit passée (jeudi) en raison d’une altercation survenue entre un chauffeur et des policiers qui tentaient de stopper son véhicule. L’apprenti chauffeur du camion en question, Seydou Simporé, nous apprend qu’ils étaient de retour du centre-ville après y avoir déchargé du ciment, aux environs de 20h le jeudi. Juste au niveau du Camp Sangoulé-Lamizana, indique-t-il, un véhicule 4x4 à bord duquel se trouvaient deux agents de la police municipale qui les suivait depuis les rails, s’est approché d’eux.

Tout en tentant un dépassement, les policiers leur ont intimé l’ordre de s’arrêter par un geste du bras. Son patron refusa d’obtempérer, étant donné qu’il n’y avait pas de panneau de contrôle ni de stop. Les deux véhicules se sont ainsi suivis jusqu’à la sortie de la ville. Là-bas, témoigne l’apprenti, à l’approche du feu tricolore qui était au rouge, le chauffeur commença à ralentir. Les policiers en profitèrent pour s’approcher davantage avant de descendre de leur voiture et de venir monter dans la cabine du camion, des deux côtés.

A l’intérieur, toujours selon Seydou Simporé, l’un s’est saisi des documents du camion et l’autre a échangé des coups de poing avec le conducteur avant de sortir sa bouteille de gaz lacrymogène et de pulvériser le visage du conducteur. Voyant la scène, le voisinage et les autres passants se sont approchés et ont commencé à s’insurger contre les policiers en raison du fait que le camion était au beau milieu de la chaussée. Les transporteurs, surtout de ciment, qui arrivaient et qui stationnaient, déjà écœurés par les contrôles intempestifs des flics, ont décidé sur-le-champ de barrer la route et, c’est ainsi que naquit ce mouvement d’humeur. Selon Hamadé Ouédraogo, un des révoltés, c’est l’expression de leur ras-le-bol des contrôles des forces de l’ordre devenus intempestifs. « Du centre-ville jusqu’à la sortie, il y a entre 3 et 4 contrôles. Tu arrives, on te demande d’abord le permis de conduire, la carte grise, ensuite l’assurance… si tout est OK on te parle d’extincteur. Et il y a toujours des brebis galeuses pour te racketter », a-t-il ajouté.

A la Direction générale de police municipale, où nous nous sommes rendu pour avoir la version des faits des incriminés, le Directeur adjoint, Sylvestre N’Do, qui était dans son bureau, a préféré nous joindre au téléphone, par le biais de sa secrétaire, pour nous dire qu’en l’absence du directeur général, il ne pouvait rien pour nous. Ce dernier, le commandant Clément Wango, à qui nous avons passé un coup de fil samedi 21 avril, a promis de nous rappeler pour nous livrer leur version des faits. Jusqu’à ce que nous bouclions l’article, hier dimanche dans la soirée, il ne nous a pas contacté.

C’est aux environs de 10h, vendredi, que les frondeurs ont libéré la voie à la suite d’échanges avec les autorités municipales de Boulmiougou. Selon le maire Johanny Ouédraogo, les chauffeurs ont exposé leurs préoccupations et un procès-verbal a été établi et transmis à qui de droit. Durant tout le temps qu’a duré la manif, le chauffeur infortuné est resté introuvable et aux dernières nouvelles, il aurait été reçu au CMA de Pissy et serait hors de danger.

Jaunasse Yaro (Stagiaire)

L’Observateur Paalga

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