MALI : Cheick Modibo Diarra face à son destin
Désormais, il va falloir que l’un des astrophysiciens les plus célèbres au monde, ait à la fois les pieds et la tête au Mali. Tant les défis sont nombreux et complexes. Cet homme qui est doté, de façon convenue, de pleins pouvoirs, doit non seulement résoudre définitivement l’équation institutionnelle, créer les conditions de la paix des cœurs, mais aussi guerroyer avec succès contre les occupants et séparatistes du Nord. Son premier défi est, on s’en doute, la formation d’un gouvernement qui aille tout de suite au charbon. Ce gouvernement qui doit refléter à sa manière le consensus politique malien, devrait déjà témoigner de l’intelligence et de la sagesse politique du nouveau Premier ministre qui jouit de préjugés pour le moins favorables.
L’estime des Maliens à son égard est sans aucun doute due à ses valeurs intrinsèques d’homme de science mais aussi à sa virginité politique. Il s’est déjà couvert de gloire sans avoir eu à recourir à la politique. C’est donc un personnage de grande valeur par la probité et l’intellect. Mais on s’en doute bien, cela ne suffit pas en politique. Le cas malien est bien plus que particulier et il lui faut plus que des vœux et des incantations pour réussir sa mission de rassemblement, de pacification et d’unification. En cela, sa virginité politique peut être à la fois sa force et sa faiblesse.
En tous les cas, c’est à lui de savoir jouer. Lui qui est appelé de façon inattendue, à faire ses premières classes dans ce contexte de brouillard et de cris. Saura-t-il tirer ses marrons du feu ? Il a tout intérêt à le réussir car la suite de sa carrière politique pourrait bien en dépendre. C’est vrai, en Afrique, les grands technocrates et les grands intellectuels ne sont pas forcément les hommes politiques les plus doués. La faune politique malienne reste en embuscade et n’hésitera pas parfois à lui poser des chausse-trappes. C’est la règle en politique, particulièrement en Afrique où la réussite d’un homme politique ne fait pas forcément le bonheur des autres, fussent-ils des patriotes. Face à tous ces périls réels ou virtuels, Cheick Modibo Diarra doit savoir se transformer en animal politique pétri de clairvoyance et de doigté et pourvu d’une forte capacité d’anticipation. Cet oiseau rare qui ne vole pas souvent dans les cieux africains, est peut-être un heureux signe de la providence pour le Mali et les Maliens.
« Le Pays »
Vos commentaires
1. Le 20 avril 2012 à 19:50 En réponse à : MALI : Cheick Modibo Diarra face à son destin
On reprend les mêmes et on recommence. Astrophysicien ou pas, ce qui intéresse les Maliens, c’est de voir concrètement de quoi est capable cet homme en politique, dans la situation qui est aujourd’hui celle du Mali.
Il n’y a pas longtemps, avant le coup d’Etat de la junte, cet homme, gendre du triste satrape Moussa Traoré, était sur un plateau de télévision française ! Et on lui demandait si aux USA, les talents africains étaient mieux reconnus ? En gros comment opère l’alchimie réactionnaire de la « discrimination positive » qui consiste à capter des élites de collaboration réactionnaire ou neutre au système de domination et d’exploitation interne et externe des peuples par l’impérialisme et l’ordre néolibéral à travers le monde. Ce genre de dispositif dit de « discrimination positive », ne marche pas vis à vis des révolutionnaires aux USA. Et de toutes les façons, il est bien curieux qu’un astrophysicien, s’il n’est pas en bout de course (parce qu’ils ont fini de presser le citron), termine dans un fauteuil politique à Bamako, par parachutage depuis les USA ? A suivre celui-là, dans les orientations politiques et sociales qu’il mettra en place au Mali où toute initiative de trahison néocoloniale sera dénoncée comme telle.